little boy with mother outside

Voici pourquoi je suis toujours en train de te photographier, mon enfant

little boy with mother outside

La minute où tu as commencé à avoir plus de vocabulaire, tu en as profité pour me dire d’arrêter de te mettre mon appareil photo à deux pouces du nez. Tu as voulu me faire comprendre que tu n’étais pas un top modèle et que cet excès de photographies te rendait fou. Ça, c’était vers trois ans, quand t’affirmer était aussi sérieux qu’un ordre donné par un caporal d’armée. Naïvement, tu as cru que c’était vers ce temps-là que j’avais commencé à te bombarder à grands coups de prises de vue.

La vérité est toute autre mon garçon; avant même que tu arrives, j’avais déjà commencé à immortaliser ce qui te servait de nid le temps que tu prennes quelques livres et que tu sois enfin prêt à sortir. Une photo par semaine pendant neuf mois qui me permettait de constater que tu prenais de plus en plus de place dans mon corps et dans ma vie.

On s’est aussi payé une séance professionnelle pendant une heure qui fut aussi l’heure la plus longue de la vie de ton père. Il a rapidement compris que ce n’était pas optionnel, que ce souvenir allait rester gravé dans mon cœur, dans ma tête et que ce trésor allait être exposé telle une galerie d’art sur le mur de ta chambre. Il l’a fait pour me faire plaisir même s’il n’en avait pas tant envie et c’est encore le plus beau souvenir de grossesse qu’il me reste. Ce moment qui passe si vite dans la vie d’une femme.

Et comme la première année de vie est probablement celle où l’enfant change le plus, je ne t’ai pas épargné. Chaque nouvel apprentissage était photographié, filmé et ensuite, envoyé à papa par texto. Je voulais qu’il puisse avoir l’impression de partager avec moi ces moments précieux et qu’il puisse voir ton évolution à partir de son lieu de travail. Il changeait même le fond d’écran de son ordinateur lorsque la photo faisait fondre son cœur. Ton père n’a pas eu la chance que j’ai eu de pouvoir voir tes sourires chaque matin, mais la technologie a permis qu’il se sente moins loin de nous.

Chacune des photos que j’ai prises de toi, je l’ai aussi prise pour me souvenir. J’ai cherché à arrêter le temps parce que tu changes trop et trop vite, mon fils. J’ai eu peur de ne pas être capable de me rappeler la petitesse de tes mains et la petite peau sèche sous tes pieds lorsque tu es né. J’ai eu besoin d’imager ce que sont six livres de bébé parce que Dieu sait que tu n’es pas resté à ce poids longtemps. J’ai eu besoin de savoir que je pourrais revoir mes yeux remplis d’amour quand je passais des heures à te regarder dormir.

Je veux me souvenir de chaque détail de ma vie de mère parce que tu es ce que j’ai de plus précieux. Je regarderai toujours les photos avec un petit sourire en coin, nostalgique d’un moment qui aura été magique. J’ai besoin de ces photos pour me rappeler que la vie file à toute allure, que les souvenirs que l’on crée aujourd’hui seront les trésors que je chérirai demain.

Laisse-moi prendre une dernière photo. Pour aujourd’hui. Promis.

CLICK.

Crédit : Valeriya Popova 22/Shutterstock.com

Roxanne Lavoie

Maman de jumeaux identiques de cinq ans, je ne fais jamais rien à moitié ! Je suis énergique, simple et passionnée. J’aime rire, mais encore plus faire rire les personnes qui sont avec moi. Étudiante en dernière année pour devenir enseignante, j’ai fait ce virage alors que mes fils n’avaient que deux ans. L’écriture est pour moi une forme de thérapie qui me permet de faire le point, mais surtout de prendre du temps pour moi.

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