maman déprimée et enfant

Chère dépression voleuse de moments

À toi, chère dépression,

Que tu sois post-partum, prénatale, ou que tu arrives comme ça un bon matin, sans qu’on t’ait invitée, tu es une voleuse de moments.

Parce que pendant que tu me fais voir la vie en teintes de gris, mes enfants m’offrent des arcs-en-ciel dont je ne saisis pas toute la beauté.

Tu es une voleuse de moments.

Parce que pendant que mes oreilles sont pleines de tes bourdonnements négatifs incessants, je n’entends pas la symphonie du rire de mes enfants.

Parce que pendant que mes yeux pleurent des larmes de détresse, ils ne voient pas les nouveaux exploits de mes petits, le dernier dessin, la dernière pirouette.

Tu es une voleuse de moments.

Parce que pendant que mes bras, mes épaules et mon dos ploient sous ton poids, je n’ai plus la force de porter mes amours en promenade, de jouer au cheval ou simplement de danser avec eux.

Parce que pendant que ma bouche se force à garder le sourire, elle ne rit pas de la dernière blague du plus vieux et ne couvre pas le plus jeune de bisous.

Tu es une voleuse de moments.

Parce que pendant que ma tête est aux prises avec toutes les pensées noires que tu fais naître et tourbillonner sans relâche, je n’arrive plus à garder le rythme de ma vie.

Parce que pendant que mon esprit est occupé à survivre dans les abysses que tu as fait surgir, il n’est pas en train de vivre.

Tu es une voleuse de moments.

Parce que pendant que je suis en train de me débattre pour te chasser, mon cœur n’est pas en train de brûler d’amour pour les miens. Et ça, je ne le tolère pas.

Chère dépression, quand on a mis ton nom sur ce que je vivais depuis quelques mois, je n’ai pas basculé ni pleuré car j’étais déjà par terre.

Quand j’ai su que tu étais responsable de mon mal-être, je ne t’ai plus trouvée si effrayante car tu n’étais plus inconnue et tu n’avais plus de coins noirs où te cacher.

Alors j’ai souri parce que j’ai su que je pouvais te battre.

Je vais demander l’aide dont j’ai besoin et je vais travailler fort.

La cloche de verre sous laquelle j’ai l’impression d’être enfermée depuis un moment, capable de voir et d’entendre, mais incapable d’être réellement présente, cette prison que tu as construite autour de moi, m’isolant des miens, je la briserai. Ça ne sera pas beau, peut-être violent. Mais je ne t’appartiens plus.

J’aime du plus profond de mon être, même si tu m’as parfois fait en douter. Et pour ma famille, pour moi, pour tous les moments à venir, je te vaincrai.

Crédit : Bricolage/Shutterstock.com

Andrée-Anne

Je suis une maman toute en questionnements, en émotions intenses et au sourire facile. Ne rien faire ne me pose aucun problème. Mon plancher n’est pas toujours propre et mon lavage pas toujours plié. Je suis de nature qu’on dit facile à vivre mais parfois j’en doute. Les hauts et les bas de la vie de maman me donnent parfois l’effet d’être un bonhomme de concessionnaire. Je n’ai jamais autant été émerveillée que depuis que je suis maman. Je n’ai jamais autant aimé que depuis que je suis maman. Et malgré toutes les embûches, je ne regrette rien.

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3 Comments

  • Merci pour ce magnifique témoignage… je suis bouleversée car c’est si vrai… on se sent moins seule quand on lit ce texte.

  • La dépression post-partum m’a volé les 7 premiers mois de la vie de mon fils et tous les beaux moments avec son papa.

    J’aimerais tant les recommencer. Je l’ai vaincue mais parfois, quand je me ferme les yeux, je me vois encore regarder mon bébé et ne rien ressentir. Et j’ai honte et je me sens coupable.

    Il a 17 ans et, quand je serai prête, quand il sera prêt, je lui raconterai tout.

    Je l’aime mon ado de 17 ans. Je l’aime tant.

  • Quelle belle écriture !
    Et les mots sont tout à fait justes. A tel point que l’émotion monte et les souvenirs de souffrance terrible lors de la dépression, remontent.
    Oui, la dépression c’est difficile, les abîmes, l’impossibilité de vivre, voir le monde qui tourne autour de soi et se sentir écrasée par un poids invisible, attirée par un trou noir.
    Mais on peut en sortir ! Et la suite est alors belle, libératrice. La thérapie aide énormément. On découvre beaucoup de choses et on devient un peu plus soi au fur et à mesure.
    Bon courage à toutes les personnes qui traversent une dépression. Je pense à vous.

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