Chère petite maman,
Tu es tout sauf petite. Tu es grande, voire immense, et ta force est aussi gigantesque que l’amour que tu portes à ton bébé. Toi, celle qui est passée à travers toute la gamme des émotions. Toi, celle pour qui la famille est si importante. Toi, à qui ce rêve d’être maman semblait inaccessible. Toi, celle qui a défoncé toutes les barrières et les tabous pour bâtir ta famille. Ta famille à laquelle tu tenais plus qu’à ta propre vie. Je te dis bravo. Je t’envoie tout mon amour. Parce que tu l’entends trop peu souvent. Parce que tu le mérites.
Ton rêve a débuté comme toutes les autres : devenir maman d’une belle famille. Que ce soit avec un prince charmant ou une deuxième maman, à deux ou en solo, en maison ou en appartement, tu as caressé ce rêve depuis la nuit des temps. Parce que tu ne pouvais pas faire autrement. Sans bébé, ton futur n’avait aucun sens.
Mais toi, tu n’as pas pu y arriver seule.
La science a dû faire partie du processus. Que ce soit une surprise appelée Infertilité ou un mal nécessaire d’un couple de même sexe, tu as franchi les dédales du système de santé québécois avec ses hauts et ses bas, et ton moral en a pris pour son rhume. Tu avais tant de questions et si peu de réponses…Tu as braillé à en remplir quarante-douze chaudières, tu as refait tous tes plans de vie et ton humeur en a parfois repoussé plusieurs.
Et tu restais seule avec ta solitude.
Parce que tu ne voulais pas plus de pression que tu t’en mettais toi-même, parce que tu ne voulais pas multiplier la même déception que tu vivais chaque mois – chaque fois que seulement une ligne se pointait le bout du nez sur ton test de grossesse. Une ligne qui semblait te narguer, à chaque fois, que TOI, tu ne pouvais pas y arriver. Toi, tu voulais rester seule, avec ta tristesse, parce que la partager avec tes proches n’aurait fait qu’empirer la situation. Toi, qui voyais toutes tes amies tomber enceinte si facilement.
Toi, qui souriais, malgré tout. Toi, qui avais le coeur et la tête en mille morceaux.
On t’a dit de décrocher. De ne pas trop y penser. Que tu étais peut-être même la source du problème. Tu as voulu bien faire, tu as même tenté de te faire croire qu’ils avaient peut-être raison. La médecine douce a fait son apparition, avec les aiguilles, les huiles et la méditation. Tu as changé ton alimentation, tu as même changé de religion.
Tout ça sans résultat.
Tu as voulu tout cesser. Tout abandonner. Mais tu avais tellement ramé que tu voulais aller jusqu’au bout.
Puis, après plusieurs nuits blanches, beaucoup trop de médication, des centaines de maux de ventre, de coeur et d’âme, ton rêve s’est enfin réalisé : tu as vu les deux barres. Puis, tu as pleuré. Des larmes de soulagement. Des larmes de bonheur. Puis, des larmes d’inquiétude. Toi, tellement habituée aux déceptions…
Mais oui, ma petite maman, c’était ton tour.
Et aujourd’hui, tu as ton trésor, ton bébé miracle, entre tes mains. Et chaque fois que tu croises le regard de la chair de ta chair, tu revis toute cette aventure. Cette montagne russe d’émotions, ce chaos trop tranquille, cet univers parallèle qui ont bercé ton quotidien pendant trop longtemps. Aujourd’hui, tu dis merci à la science. Ce troisième élément qui a fait de ton rêve une réalité. Une vie avec une famille bien réelle, juste pour toi, pour les tiens. Je te redis bravo, ma p’tite maman. Bravo pour ta patience, ta force, ta détermination, et ton courage.
Tu le mérites.
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LYSIANE BEAUBIEN |
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