J’ai trois enfants qui ont été les résultats de trois grossesses beaucoup trop faciles durant lesquelles j’ai continué d’être active et de m’entraîner jusqu’à la dernière journée. Je n’ai eu aucun inconfort, je n’ai pas pris beaucoup de poids, je n’ai aucune vergeture.
Le temps total de mes trois accouchements réunis est d’à peine six heures. J’ai poussé au total cinq fois dans ma vie pour éjecter mes trois enfants de mon corps.
Je suis ce genre de mère qu’on déteste parce que je m’entraîne de quatre à six fois par semaine, que je fais du yoga, que j’ai retrouvé rapidement mon poids d’avant bébé, que je cours des demi-marathons et que je participe à des Spartan Race.
Vous me détestez parce que je fais presque toute ma nourriture maison, oui, oui, y compris mon pain, mes barres tendres, mes poudings, mes bouillons, name it.
Pour en rajouter, ma petite famille est végétarienne et elle consomme 90% de nourriture biologique. J’entretiens un super-potager en été, j’achète pratiquement tout ce que je peux localement.
Ah oui, mes trois enfants mangent de tout. Je veux dire, vraiment de tout et ils apprécient ce que je leur mets sous la dent que ce soit doux, goûteux ou très épicé. Ils chialent quelques fois comme tous bons enfants, mais terminent toujours leur assiette en se régalant et en me complimentant sur mes talents de cuisinière.
Quoi encore?
Ces trois enfants sont, juste pour vous énerver encore plus, vraiment serviables, aimants et relativement bien élevés. Ils sont heureux, ouverts et reconnaissants. Ils aiment la vie.
Elle ne doit pas travailler cette fille-là, vous vous dites! Sa maison doit être le bordel et elle doit se coucher très tard.
Le boutte de la marde, c’est que je travaille. Je travaille beaucoup et fort en plus. Bien plus d’heures que ce que je devrais investir, mais mon travail me passionne, que voulez-vous.
Puis, tant qu’à y être, pourquoi ne pas vous dire que je m’implique bénévolement dans la prématernelle de mes enfants qui est gérée par un comité de parents et que cet engagement me prend entre deux et dix heures par semaine.
J’accompagne mes enfants à leurs cours, je bricole, je les câline, je joue, je discute, je ris, je pleure, je m’amuse plus que ce que je le voudrais parce que j’adore passer du temps avec mes enfants. Ils participent à mes entraînements, ils m’aident à cuisiner, à ranger. C’est aussi ça le secret : de les impliquer. C’est ce qui fait la force de ma famille.
Je vous énerve aussi parce que quand vous entrez dans ma maison, tout est à sa place et c’est propre, rien ne traîne. Même le garde-manger, les garde-robes et les armoires à jouets sont classés, juste pour vous faire rager.
Puis, je ne me couche même pas tard. Je suis au lit à 21h00, 21h30 quand je me laisse aller.
Je suis tout le contraire de ce qui est à la mode en ce moment quand on parle de la maternité.
Ce que les gens ne réalisent pas, c’est que pour en arriver là, j’ai travaillé très fort, effectué un petit changement à la fois.
Pour avoir des enfants presque toujours aussi agréables, nous avons investi en tant que couple et en tant que parents tellement de temps, d’énergie, de patience et de rigueur. Nous avons répété, puni, encouragé, motivé, expliqué chacun de nos choix et chacune de nos règles à nos enfants et nous continuons de le faire. Il aurait été facile de baisser les bras et de donner à nos enfants ce qu’ils veulent quand ils font une crise. Nous avons choisi une autre option, celle du respect, de la rigueur et de l’écoute. Cette option est tellement plus éreintante que le laisser-aller, mais tellement payante au bout du compte.
Le problème quand vous êtes ce genre de mère, c’est que vos exigences envers vous-mêmes sont toujours à la hausse. Vous avez toujours l’impression que vous pourriez en faire plus, le faire mieux, que vous devez vous impliquer davantage. Vous avez l’impression que vous devez toujours être là pour tout le monde parce que t’sais, en s’entraînant autant, elle en a en masse du temps pour elle, la fille. Quand vous êtes comme moi, vous vous sentez coupable de tout, tout le temps.
Vous savez aussi quel est le problème quand on est ce genre de mère?
C’est que tout le monde croit que vous êtes forte et en contrôle. Personne ne se demande vraiment comment vous allez parce que « elle réussit tout, elle doit être heureuse ». En plus, « sa vie a l’air tellement belle sur Facebook ». « Elle n’a sûrement pas besoin d’aide, elle est maintenant habituée à être seule durant les voyages d’affaires de son homme. » Rien n’est moins juste.
Le problème avec ce genre de mère, c’est que ce sont les femmes les plus fragiles que je connaisse, celles qui vivent le plus dans l’insécurité, mais personne (ou presque) ne le voit ou ne veut le voir, car elles cachent très bien leur jeu.
Personne n’offre vraiment son aide à des filles comme moi parce que tout à « l’air » sous contrôle.
Ces mères-là, elles se font juger d’être trop « parfaites ». Ce jugement est ce qui les rend si fragiles. C’est un obus tiré en plein dans leur confiance qui est déjà au sol.
L’énergie crée l’énergie, c’est bien vrai, mais à un moment donné, se sentir épaulée, écoutée et comprise, c’est aussi motivant et important. Se sentir valorisée, c’est aussi un bon engrais à la vie!
Je ne suis pas qui je suis pour les autres, pour impressionner, pour me vanter. Je suis comme je suis parce que mes « bibittes » intérieures sont sous contrôle de cette façon et que c’est l’équilibre que nous avons créé et choisi mon homme et moi. Croyez-moi, vous ne voulez pas de mes « bibittes »!
Rien n’est toujours complètement rose.
Merci de ne pas juger.
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TAMARA ETHIER-MYETTE |
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