woman black depression

Quand la tête de Maman ne répond plus

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Certains enfants pensent naïvement, et heureusement d’ailleurs, que les adultes sont en total contrôle de leur vie et de leurs émotions. Mais ça n’a jamais été mon cas.

J’ai appris assez jeune que les parents peuvent eux aussi être vulnérables, voire fragiles, et que les papas peuvent pleurer. Mon papa à moi, il était de ces adultes qui vivent avec ce qu’on appelle aujourd’hui des troubles de santé mentale.

Du coup, moi, j’ai été anxieuse assez vite aussi. La génétique n’aide pas vraiment dans ces cas-là. Au point que je vis aujourd’hui, comme le dit mon médecin, comme si j’allais tout le temps « croiser un ours au coin de la rue », ce qui, maintenant que je vis en campagne, pourrait concrètement se réaliser. Mais là n’est pas la question. En fait, j’ai peur de tout un tas de choses qui n’arrivent jamais et j’imagine souvent le pire.

Ce n’est pas toujours facile à gérer, ni pour moi, ni pour les autres. Mais je me soigne. Oui, je me soigne parce que c’est une maladie et que je ne veux plus avoir honte d’en parler.

Je me soigne, tout comme se soignent les diabétiques, les asthmatiques ou les épileptiques.

Mais si je me soigne, c’est aussi pour être une maman plus efficace. Je veux que mes enfants apprennent en grandissant qu’il est important de prendre soin de sa santé, autant physique que mentale, et que les adultes, eux aussi, ont parfois besoin d’aide. Et je veux qu’ils apprennent qu’aller chercher de l’aide, ce n’est pas un signe de faiblesse mais de force.

Je veux aussi qu’ils sachent qu’un papa ou une maman dépressif, anxieux ou bipolaire, ça peut faire un super parent. Parce que ces parents-là ont en général une sensibilité accrue qui fait d’eux des êtres humains touchants et aimants sans bon sens.

Mon papa à moi, c’est sûr, il ne portait pas une cape rouge et je ne le voyais pas comme un super héros, mais je savais qu’il nous aimait. Je le voyais pleurer à chacune de nos réussites, je ne doutais jamais de sa présence à chacun de mes spectacles de danse, il souffrait avec nous quand on avait de la peine, il nous écrivait des poèmes et il aurait traversé le monde pour nous. Il l’a d’ailleurs déjà fait.

Il ne m’a peut-être pas légué une génétique de rêve en ce qui concerne la chimie du cerveau et la fabrique de sérotonine, mais il m’a appris à aimer.

Alors, mes fils, ne faites jamais semblant. Et si un jour ça se met à virer de travers dans votre tête, n’attendez pas que l’ours vous attaque pour vrai. Demandez de l’aide et on vous fournira les armes pour affronter le prédateur et l’apprivoiser.

Viviane Bauge
VIVIANE BAUGE
Crédit : pixabay.com

Viviane Bauge

En octobre 2016, je mettais au monde mon bébé. Les infirmières m’ont demandé si c’était mon premier. J’ai répondu : « C’est mon premier accouchement ». J’ai quatre enfants : je suis belle-maman de deux jeunes adultes rencontrés en même temps que leur père il y a 18 ans et maman d’un garçon de huit ans adopté à l’âge de trois mois. J’ai pris des routes variées pour devenir maman. Mais peu importe. Notre maison pas finie perdue dans les champs est maintenant remplie de toutes sortes d’humains qui me rendent parfois dingue, souvent inquiète, toujours émue.

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