famille mère et filles

À toi qui me juges parce que tu penses que j’ai brisé ma famille en me séparant

À toi qui me juges parce que tu penses que j’ai brisé ma famille en me séparant, je voudrais que tu saches que c’était pour moi une question de survie de donner une nouvelle direction et un sens à ma vie. J’ai tout tenté, tout essayé, tout donné, jusqu’à me perdre et j’ai mis des années à prendre ma décision, années au cours desquelles j’ai supporté l’intolérable en préférant fermer les yeux plutôt que d’affronter ma peur du lendemain.

À toi qui me juges parce que tu penses que j’ai brisé ma famille en me séparant, sache que j’ai souhaité avant tout le bonheur de mes enfants et ce bonheur passe par une ambiance plus sereine à la maison et une maman plus amusante et détendue. Quand ils seront adultes et qu’ils me poseront des questions, je répondrai à mes enfants qu’il vaut mieux partir que de rester et être malheureux. Que quelles que soient les conséquences matérielles, leur bien-être et leurs émotions doivent toujours primer.

À toi qui me juges parce que tu penses que j’ai brisé ma famille en me séparant, et que malgré tout j’avance avec le sourire, sache que l’on peut garder la tête haute même quand on a le cœur en mille morceaux. Après avoir pensé que j’étais égoïste, j’ai compris que je devais prouver à mes enfants que notre réalité n’était pas satisfaisante et qu’ils méritaient de l’amour, intensément, et de l’attention, à chaque moment. Il me tenait à cœur de montrer à mes enfants qu’une famille n’est pas le lieu où l’on souffre, où l’on ment et où l’on crie.

À toi qui me juges parce que tu penses que j’ai brisé ma famille en me séparant, sache que j’ai dû apprendre à vivre avec les regards accusateurs de ceux qui pensent qu’il est défendu de quitter le navire même quand celui-ci chavire sans espoir d’en reprendre le contrôle. J’ignore s’il est plus facile de vivre une rupture que des mois voire des années d’angoisse et de disputes en couple; mais je sais qu’on n’en sort pas indemne et qu’il faut beaucoup de force pour supporter les remarques, les questions indiscrètes et les jugements de ceux et celles qui n’ont aucune idée de ce qui se passe chez toi une fois les rideaux tirés.

À toi qui me juges parce que tu penses que j’ai brisé ma famille en me séparant, sache que je n’ai pas choisi la facilité. J’ai dû lutter pour faire de moi ma priorité, pour m’autoriser une seconde chance, pour croire que derrière le nuage d’appréhensions pouvaient se cacher des éclaircies, que j’en valais la peine et que je ne serais pas une mauvaise mère en choisissant le bouleversement. Et suite à mon départ, je me suis imposé une vie professionnelle à assumer pleinement pour gâter mes enfants et leur offrir un toit, je me suis privée de sorties avec les copines où les enfants n’étaient pas les bienvenus, je me suis obligée à ne compter que sur moi-même.

À toi qui me juges parce que tu penses que j’ai brisé ma famille en me séparant, sache que partir ou rester est un choix. Que chaque choix a ses raisons. Et que ces raisons sont toutes uniques, personnelles et valables.

Crédit : iona didishvili/Shutterstock.com

Nadège Pineur

Remplie de doutes et d’incertitudes, c’est après un long travail sur moi-même que j’ai pu me faire confiance et retrouver mon amour de l’écriture. La maternité représente pour moi une mise à l’épreuve constante mais les quatre petits yeux chargés d’amour de mes enfants restent mon meilleur moteur car j’ai envie de leur montrer que tout est possible et qu’il faut suivre ses envies. Sportive hyperactive, insomniaque fatiguée, pâtissière gourmande, mon objectif premier est de transmettre un peu d’amour et de tolérance.

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1 Comment

  • Merci, mille fois mercis pour ces mots, cette acuité.
    Prendre la décision de se séparer, avec un enfant, m’a brisé le cœur. Je lis ce que j’aurais dû dire à ma famille, ce que je devrais me dire aussi « à moi qui me juge », implacablement, chaque jour encore.
    Pour ce qui me hante, à chaque départ chez son papa, depuis six ans.
    Je suis toujours triste, si triste qu’il n’ait pas eu la famille « parfaite » dont je rêvais pour lui. J’aurais pris sur moi si la situation était tenable, s’il y avait une issue mais au prix d’une guerre qui me tuait à petit feu et risquait surtout de blesser mon enfant, ce que je ne veux pour rien au monde.
    J’aurais Tout accepté si j’avais la certitude qu’il serait épargné, j’aurais donné tout ce que j’ai pour qu’il ait un foyer heureux au sein d’une famille entière. Mais il faut être deux pour faire un couple et il n’y avait déjà plus de famille… Je l’ai condamné à manquer moi qui voulais te préserver de tout mal.

    J’ai eu si peur d’être une maman solo, ça reste ma plus grande épreuve mais j’ai vécu des moments incroyablement forts avec lui. Je n’ai jamais regretté, même si je hurle de désespoir, intérieurement, de le perdre encore et encore, de manquer ces moments si doux. Et paradoxalement, c’est cette brûlure continue, lancinante, qui apaise parfois ma culpabilité. Car je ne pourrai survivre aux conséquences de ma décision si je ne l’avais pas prise par amour.

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