hopital asile

Toi pis les dédales du système de santé québécois

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Tu viens pour te coucher un soir pis t’entends tousser. Comme, tousser creux, ben creux. T’sais, comme quand ça arrache des petits bouts de bronches pleins de morve. Tu retiens ton souffle pis c’est là que t’entends le petit « Mamannnn », dit d’une voix pas mal faible. Tu te rends dans la chambre pis là, tu vois #3, assis dans son lit, trempe en lavette. Température de trente-neuf. Tempra, Advil, ça chauffe un peu moins, mais pas tant. Après une nuit sur le divan à coller ton bébé qui tousse à fendre l’âme et dont le nez coule plus qu’un érable au printemps, tu te rends rapidement à l’évidence : va falloir que tu affrontes le système de santé québécois.

Ça fait que tu commences ton combat en appelant, en pleine nuit, à Info santé. Le doigt tremblant et la voix chevrotante devant l’horreur de la situation, tu entres en contact avec la gentille infirmière. Tu as beau lui garrocher tous les détails sur l’horreur de la situation médicale de ton enfant (crache, tousse, braille et tout), elle, elle s’obstine à te demander son nom. Certaine qu’elle est ben trop cool considérant la dégradation imminente de l’état de santé de ta progéniture, tu réponds néanmoins à toutes ses questions, pour en venir avec elle à la conclusion que tu vas devoir consulter. Comme, dans les vingt-quatre prochaines heures. Mouais. Ben plus facile à dire qu’à faire. Mais t’es une dragonne, fait que tu y vas.

Si t’es une des chanceuses qui a réussi à convaincre un médecin de famille que ta précieuse marmaille est digne de considération, tu peux, à quatre heures du matin, te garrocher sur le site de Bonjour-santé, pour prendre rendez-vous – gratuitement – à ta clinique. Si Dieu est de ton bord, tu vas pouvoir avoir un rendez-vous avec quelqu’un qui a déjà vaguement entendu parler de ton enfant, ou du moins, qui va pouvoir accéder à son dossier médical.

Sinon, j’te suggère d’aller du côté payant du site. Si on réussit à te trouver un rendez-vous, t’auras juste 15$ – plus taxes – à débourser. OK, c’est pas cher pis ça sauve des vies, mais pour certaines mamans, c’est trois soupers qui viennent de partir en fumée. Mais la gratuité des services de santé, c’t’une autre histoire.

Enfin. Tu essaies de t’inscrire. Pas de rendez-vous disponible. Pis tu réessaies, pis tu réessaies encore. Pis ton p’tit tousse encore comme un dératé, pendant que sur ton front et le sien, perlent des gouttes de sueur, mais pour des raisons différentes. Pis ton anxiété augmente. Tu te demandes comment ça s’fait, que dans notre belle société, tu ne puisses pas avoir accès à un médecin quand ton enfant en a d’besoin. Ou a une infirmière. Mais il est pas question que des infirmières praticiennes puissent t’aider, dans notre beau système. Ça s’rait ben que trop facile.

Après ton troisième café frette, vers les dix heures probablement, brûlée pis au bord des larmes, tu te rends à l’évidence que t’auras pas de rendez-vous. Donc, tu fais ce que tu sais que tu ne dois pas faire, ce qui n’est pas vraiment acceptable de faire, ce qui va contre tes valeurs, tout ça parce que t’as pas d’autre solution.

Tu ramasses ton sac à couche bourré de collations, ton chargeur de cellulaire, ta patience pis ton courage, pis tu t’en vas avec ton p’tit bout brûlant où tu sais que t’as vraiment pas d’affaire. À l’urgence.

Oui, tu l’sais que ton bébé n’est pas en train de se vider de son sang, tous ses os sont intacts pis toute, mais t’as pas d’autre solution. Fait que tu vas t’asseoir, avec ton p’tit qui se peut pu pis une trentaine de personnes maganées, qui toussent, qui saignent ou qui crient, en attendant de voir un urgentologue qui l’sait comme toi que t’as pas d’affaire là. Pis tu feel mal. Peut-être encore plus mal que ton bébé. Mais t’es là pareil pis tu vas attendre les douze heures en ligne que son-état-pas-urgent requiert, pour qu’il soit vu, dans les microbes pis la misère humaine.

Si t’es chanceuse, ça va s’arrêter là. Le médecin, visiblement aussi dépassé que toi, va te donner une prescription pis ça va marcher. Merci Dieu. Sinon, c’est retour à la case départ, ne passez pas Go et surtout, dépensez deux cents dollars. Tu vas recommencer le cycle, encore pis encore. Pis si t’as besoin d’un spécialiste pis que t’as pas de médecin de famille pour t’aider là-dedans, tu vas être prise dans la plus grande partie de ping-pong de ta vie. Attache ta tuque, t’en auras pas d’facile. Mais ça, je te l’expliquerai une autre fois.

Notre système de santé, il est rempli de bon monde qui veulent mais qui peuvent pas toujours t’aider. Mais à 99% du temps, ton p’tit va se rétablir, tu vas trouver un plan A, B ou C, pis ça va bien aller. Mais t’sais, ton parcours de combattante, t’aimerais mieux t’en passer. Pis on t’comprend.

Peace, la guerrière.

Maman Au Cube
MAMAN AU CUBE
Crédit : pixabay.com

Maman Au Cube

Je suis une maman tout ce qu’il a de plus ordinaire, sauf que j’ai trois bébés du même âge. Ils sont parfaitement gros, parfaitement en santé, parfaitement plates, nommément #1, #2 et #3. Ça fait qu’à quatre, on n’entre pas pantoute dans le moule de la Maternité-parfaite, ni même dans celle de la maternité normale. Grande acerbe devant l’Éternel, chialeuse de compétition, critique perpétuelle, je n’aspire à rien d’autre qu’à faire comme tout le monde, sans jamais y arriver. Faut comprendre, le monde est fou !!!!

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