Je ne t’ai pas allaité parce que ce n’était pas assez

Je ne t’ai pas allaité parce que ce n’était pas assez.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu donner le sein. Il allait de soi pour moi de le faire malgré les embûches et de ne jamais cesser d’y mettre du mien. Quand l’infirmière m’a demandé si je voulais t’allaiter, j’ai répondu que oui sans jamais douter.

Tu prenais bien le sein et j’ai cru que nous allions y arriver; tu avais faim, tu buvais bien, et je croyais qu’il n’y avait pas de raison de s’inquiéter jusqu’à ce qu’on me dise que tu ne prenais pas assez de poids et que ça ne pouvait plus continuer.

Je ne t’ai pas allaité parce que ce n’était pas assez.

J’y ai donc mis plus d’efforts et d’ardeur. Je t’allaitais jour et nuit, dès que tu le demandais. J’ai également utiliser le tire-lait, mon meilleur ami. Si tu n’étais pas au sein, je tirais mon lait. Malgré tout, ton poids ne revenait pas à la normale.

J’ai finalement décidé de te donner ton premier biberon de préparation de lait. C’est à ce moment que notre nouvelle vie a commencé. Tu l’as englouti en un rien de temps. Malgré mon bon vouloir et mon acharnement, mon corps n’était pas capable de répondre à ton besoin et je me suis sentie anormale.

Je ne t’ai pas allaité parce que ce n’était pas assez.

Maintenant, le temps a passé et j’ai la conviction que la meilleure décision pour nous deux a été prise lorsque j’ai cessé l’allaitement.

J’ai mis mon envie de de t’allaiter de côté et j’ai arrêté d’entendre les jugements des autres. À la place, j’ai écouté mon corps qui mettait ses limites et je l’ai respecté. J’ai choisi notre bonheur.

Je ne t’ai pas allaité parce que ce n’était pas assez.

Aujourd’hui, alors que tu manges avec une fourchette et une cuillère, je me rends compte que l’allaitement ou le biberon n’est qu’un choix parmi tant d’autres qu’une mère doit faire. Et surtout, que malgré que notre allaitement a été de très courte durée, j’ai eu la même connexion unique avec toi que les mères qui allaitent en te donnant le biberon.

Au bout du compte, tu ne m’en tiens pas rigueur. Notre complicité est magnifique et ça, je le sais à chaque fois que tu me regardes avec tes yeux remplis d’amour. Finalement, l’important est de s’écouter et c’est pour cela que je ne t’ai pas allaité parce que ce n’était pas assez.