mother and kid in the kitchen

J’ai souvent l’impression de jouer à la maman

La maternité a débarqué chez moi dans ma salle de bain un matin où j’ai pu compter sur la froideur de la céramique pour ne pas m’évanouir de bonheur. Comme un cheveu sur la soupe. Comme une goutte sur un bâton. Comme une graine qui germe au creux de mes terres fertiles.

Au fil du temps, ce nouveau rôle s’est taillé une place dans ma tête, dans mon cœur, sous mes yeux. La maternité a envahi mes réseaux sociaux, mes premières et dernières pensées de mes journées. Elle a transformé mon budget, mon salon, mon corps. Et je suis devenue une maman pleine : maman à temps plein, la bedaine bien ronde et pleine, pleine d’amour et d’inquiétudes, remplie de maternité.

Malgré tout, il y a de ces moments où je me sens désincarnée de mon rôle de mère, où les responsabilités prennent le dessus sur l’importance de la chose, où l’organisation de la routine banalise la réalité, la vraie. J’ai souvent cette impression étrange de jouer dans une comédie dramatique, d’en être l’actrice principale qui pourrait gagner des oscars tellement elle n’oublie jamais les journées spéciales de la garderie, range parfaitement les jeux Montessori et ne concocte que des repas santé.

Je joue à la maman et je connais mon texte par cœur, de tout mon cœur. Je me laisse emporter comme ça, par le courant de la vie, et lorsque je prends le temps de m’échouer sur les plages désertes aussi rares que nécessaires, j’ai subitement pleinement conscience que je suis une maman de qui dépendent de merveilleux enfants. Ça me donne le vertige. Encore. Même après plusieurs années. Ça fait peur. Ça rend fière. Parfois aussi, je m’arrête et je les regarde, les personnes à qui j’ai donné naissance et qui sont accrochées à moi depuis ce temps. On dirait que je ne les vois vraiment que lorsque je décide de me retirer de mon quotidien, d’assister au spectacle, le plus beau : eux.

Tous les jours, je matérialise la maternité, je la fais vivre en moi, mais je ne la réalise qu’à de rares occasions renversantes où j’arrête le temps pour l’embrasser et la remercier. Je constate alors que je ne joue pas et qu’être mère ne définit pas seulement ce que je fais, elle définit aussi qui je suis.

 

Crédit : Vladimir Borovic/Shutterstock.com

Julie Pelletier

Bachelière ès arts et gourmande du verbe fin et de tartare, je consomme avidement les livres, le théâtre et la danse. Entre une coupe de vin blanc et une bière blanche, je m’abreuve de frissons et d’émoi. Du terrain de volley au tapis de mousse verte en forêt, je voyage souvent sur les territoires convoités de l’émerveillement. Certifiée maman d’un petit bonhomme et de deux belles jumelles identiques (quelques empreintes de la maternité à l’appui), je suis constamment ébranlée par des rafales d’émotions contradictoires. Ne mettez pas tout sur la faute des hormones, elles ont le dos large, mais j’ai le cœur encore plus grand!

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