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Les deuils de ta vie de maman

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Le deuil du bébé parti trop tôt. Celui qu’on espérait tant et qui n’est pas resté. Sans qu’on comprenne pourquoi ni comment, il a mis ses ailes. Il est parti comme il est venu. La perte qui arrache le cœur et se sauve avec tous nos projets de bonheur. Ce bureau qui ne deviendra jamais une belle chambre d’enfant. Ce ventre qui restera plat. Plat et vide. Ce premier anniversaire qu’on ne fêtera jamais. Tant d’espoirs anéantis et détruits à la même vitesse que l’apparition de la deuxième petite ligne rose sur le test de grossesse. Le cœur qui éclate de bonheur, puis le cœur qui saigne. Et la douloureuse cicatrice qu’on essaie de panser tout en continuant d’avancer.  

Le deuil de porter et donner la vie. Le deuil de ta belle grosse bedaine ronde qui te rendait si heureuse et fière. Fière d’être femme et pleine de vie. Le deuil des petits et grands coups de pied qui te faisaient grimacer, mais qui te faisaient aussi réaliser à quel point le corps est une machine fantastique. Tu avais la faculté de fabriquer un petit être humain. Le deuil des petits pyjamas qu’on lave et qu’on plie avec soin en essayant d’imaginer son poupon dedans. La fébrilité à l’approche du grand jour. Les émotions qui se bousculent dans un cocktail d’hormones explosif. Et ce moment où tu le rencontres enfin. Ce moment où tu es d’une force et d’une beauté incroyable. Ton corps qui accomplit son plus grand travail. Puis ton petit chef-d’œuvre qui atterrit sur ton ventre. L’émotion qui ne se dit pas, qui fait juste se vivre.  

Le deuil des premières fois. Le deuil de ces instants précieux qui ne reviendront jamais. La première rencontre. Ce petit être mou et collant, le petit visage encore tout plissé, qui cherche ton regard afin de découvrir qui est sa maman. Les présentations avec la fratrie. Les regarder réunis pour la première fois, le cœur débordant de fierté en t’imaginant déjà leur belle complicité. Les voir s’émerveiller devant la douceur de sa peau et ses petits cheveux fins. Les trouver beaux ensemble, tellement beaux. Les premiers pas. Ces pas qu’on applaudit sans retenue. Le premier grand exploit de ton tout petit. Ces pas qui déjà l’emmènent un peu trop de loin de toi. Ton bébé grandit. Le premier «maman». Celui qui te fait réaliser que tu es exactement où tu dois être. Celui qui te fait comprendre que l’amour ne se divise pas, mais qu’il se multiplie. Celui qui augmente la taille de ton cœur d’au moins deux fois et demie. Et il y a toutes ces autres premières fois dont tu n’as pas profité, parfois tu les as à peine remarquées dans le chaos du quotidien. Ces instants précieux qui font partie du passé et que tu aimerais tant pouvoir savourer encore et encore.  

Le deuil de la petite enfance. Celui qui te prend à la gorge quand ton petit dernier est avalé par le gros autobus jaune. Tu réalises alors que c’est vraiment fini les bébés. La fierté et la joie immense de les voir épanouis et prêts à voler un peu plus de leurs propres ailes qui cohabitent avec la tristesse qu’ils aient grandi si vite laissant peu à peu derrière eux les princesses, les dragons, les chevaliers et les contes de fées. Tu t’ennuies de l’insouciance de la petite enfance, de la façon qu’ils avaient de découvrir le monde autour d’eux. Tu fais le deuil de ces moments du 0-5 ans qui sont d’une intensité sans nom, mais aussi d’une douceur inégalée. Tu fais le deuil de tes bébés pour accueillir un enfant que tu aimes tout autant.   

Tu n’avais clairement pas imaginé ta maternité comme une série de petits et grands deuils. Des deuils qui serrent le cœur et qui emplissent les yeux de larmes. Des deuils qui te plongent dans la nostalgie et qui parfois t’empêchent de sourire au présent. Chère maman, j’aimerais te dire que même s’il n’était que de passage, ton petit bébé fera toujours un peu partie de toi. Que même si ton corps ne portera plus jamais la vie, il portera pour toujours les tatouages de ceux qui l’ont habité. Que le souvenir de la force qui t’habitait quand tu as accouché, personne ne peut te l’enlever. Que même s’ils ont grandi, tes enfants sont encore beaux ensemble, tellement beaux. Des exploits, il y en a encore des tonnes à applaudir : le but au soccer, la pièce de théâtre, le diplôme universitaire… Que tu auras l’impression que ses pas l’éloigneront toujours un peu plus loin, mais qu’il restera toujours ton bébé.   

Crédit : Maria Sbytova/Shutterstock.com

Maryka

Maman de quatre adorables adorables filles de moins de cinq ans et amoureuse des mots, de la photo et des voyages, j’étais la fille qui ne voulait pas d’enfant et qui est devenue passionnée par la maternité, en particulier de la grossesse et de l’accouchement. Accompagnante et photographe de naissance, diplômée en animation et recherches culturelles, je suis principalement à la maman à la maison pour le moment. En attendant de réaliser mon rêve d’avoir cent bébés, une ferme, deux chèvres et trois cochons nains, je me tiens bien occupée avec ma marmaille pleine d'énergie !

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