woman say fuck you

Toi, mon boss sexiste

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Avant tout, je veux te prévenir que je ne suis pas sexiste. Ni syndicaliste. Ni revendicaliste. Le monde qui se plaint, ça me tanne. Le monde qui passe la plus claire partie de leur vie à être outré, ça m’outre encore plus qu’ils ne le seront jamais.

L’inégalité des sexes, je pensais vraiment que c’était derrière nous. Je m’obstinais avec qui voulait bien s’obstiner que le sexisme, c’était fini. Et qu’à part ton vieux mononcle cochon, tout le monde s’entendait maintenant pour dire qu’un homme pis une femme, ça naît égal, ça meurt égal et que ça peut avoir le même pouvoir et la même crédibilité partout.

Pas besoin de te dire que j’ai pris une méchante débarque quand j’ai frappé un mur à mon propre travail. T’sais, une débarque comme dans, je me promenais à dos de chameau et je me suis fait rentrée dedans par un Hummer. Le genre de débarque qui te fait revoler sur plusieurs kilomètres et qui, une fois l’impact passé (parce que t’es toujours vivante), te fait prendre conscience de la valeur de ta vie et la nécessité d’arrêter de perdre ton temps avec des jambons qui pensent encore qu’une fille, ça agit en fonction de ses hormones.

Pendant mes deux premières années au travail, j’ai entendu une plénitude de blagues sexistes à l’égard des femmes auxquelles j’ai moi-même ri, considérant ne pas appartenir à la classe féminine dont il était question. Je n’ai jamais été animée d’un grand sentiment d’appartenance à l’égard des femmes; moi, je suis plus pour l’individu. Ça fait que les « femelles enragées mal baisées », ça me faisait rire. Shame on me.

Je ne suis jamais devenue l’objet desdites blagues toutes d’une intelligence plus exceptionnelle les unes que les autres mais un bon jour, deux ans plus tard, je me suis demandé pourquoi mon avis comptait toujours pour du beurre malgré mon expertise, mon rationalisme et ma diplomatie et pourquoi je finissais toujours par ramasser les pots cassés de tous ceux qui levaient les yeux au ciel quand je faisais une recommandation brillante.  C’est là que les dents du chameau ont rencontré le bumper du Hummer. Aux yeux de mes collègues et de mon patron, j’avais toujours fait partie du clan des « crisses de femelles hormonales pas de crédibilité qui devraient se faire baiser pour avoir une meilleure humeur et des idées intelligentes ».

Ça fait qu’aujourd’hui, je brûle ma brassière, pis je voulais te dire que je démissionne. Je n’ai pas l’intention de perdre mon temps à justifier mon intelligence auprès de ton oreille qui préfère s’écouter parler. Je n’ai pas la patience de t’expliquer que l’homme et la femme sont égaux, ni de m’obstiner avec toi quand tu m’affirmeras que tu n’es pas sexiste. Je suis bien loin de la Femen nu-seins qui crie à l’injustice devant le parlement, je ne fais pas dans l’extrémisme et tout ce que je constate, c’est ce qu’il y a à constater.

Si une petite once de ton jugement n’est pas teintée de certitude, je t’invite à te remettre en question. Comme je suis un peu désillusionnée, je ne vais pas attendre que tu le fasses.

J’ai vraiment cru que l’époque où les femmes pâtissaient derrière les hommes était très loin derrière. Merci pour le retour dans les années vingt.

Une femelle hystérique qui a démissionné parce qu’elle était patchée

La Collaboratrice dans l'Ombre
LA COLLABORATRICE DANS L’OMBRE
Crédit : Concept Photo/Shutterstock.com

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La Collaboratrice dans l'Ombre est la couverture utilisée par toutes les collaboratrices de l'équipe qui souhaitent écrire des articles crus et criant d'une vérité sans filtre. Souhaitant exprimer et assumer leurs opinions sans pour autant blesser leur entourage immédiat, elles préfèrent alors utiliser le couvert de l'anonymat.

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