first menstruations

Tes premières règles, ma fille

first menstruations

Je suis revenue tard du boulot et je n’ai pas vu que tu m’attendais. Tu voulais tellement me voir avant d’aller dormir pour me le dire.

Parce que même si moi, je les côtoie depuis près de trente ans, toi, tu es fébrile que ce soit ton tour et je ne me  sens pas le cœur de te dire que tu ne sais pas à quel point au cours de ta vie, les règles pourront être lourdes à porter.

Tu avais si hâte que ça t’arrive. Tes copines étaient rendues là mais pas toi, et tu imaginais le tout de façon romantique. Je me suis tue de t’annoncer que parfois, les choses prendraient une tournure dramatique.

J’ai décidé de ne rien de dire et de t’écouter m’annoncer la grande nouvelle.

Mais je m’inquiète.

Je m’inquiète de voir rôder les garçons autour de toi, de ton père aux aguets, de tes sautes d’humeur. Tu passeras sûrement du rire aux pleurs plus d’une fois et je m’inquiète du fardeau que ce bouleversement hormonal provoquera chez toi, à travers le regard des autres aussi parfois. Tu te feras dire ironiquement, les jours où tu seras plus fragile, fatiguée ou impatiente que c’est la faute de tes règles, que puisque tu es une femme, tu réagis non pas avec raison mais avec émotion.

J’aimerais que tu saches que les jours où tu ne te comprendras pas ce qui t’arrive, ça ira, je serai là pour toi. Je t’accompagnerai lors des jours difficiles pour te rappeler que ce passage obligé existe pour une raison si belle et douce à savoir : tu pourras un jour donner la vie toi aussi.

Nous pourrions souligner le tout en grande pompe, mais j’hésite encore entre te féliciter ou pleurer.

J’ai une boule d’émotion qui me bloque la gorge. Je suis émue et triste en même temps. Mon bébé n’est plus. Tu es une femme maintenant.

Crédit : NotarYES/Shutterstock.com

Julie Ducasse

Fonctionnaire travaillante, banlieusarde affirmée, mère de 2 pré-ados, mariée depuis plus de 13 ans, rien ne me destinait à cette vie rangée. Diplôme collégial en arts et communications, quelques crédits universitaires qui ne m’ont rien donnés si ce n’est qu’une culture personnelle plus développée, je travaille maintenant dans le domaine des ressources humaines depuis près de 10 ans. J’écris de temps en temps, pour m’amuser mais surtout, mon but premier, raconter une histoire comme si vous y étiez. Les rêves de liberté, de faire le tour du monde comme journaliste et de voyager, ont été mis de côté. Pas grave, ma vie est d’autant plus animée, avec 4 sœurs totalisant 9 enfants et une histoire de famille compliquée, j’ai des sujets en banque pour bien des années.

Plus d'articles

Post navigation

1 Comment

  • C’est d’une tristesse épouvantable comme billet. Ce n’est pas parce que les règles ont été pénibles pour vous, qu’elles le seront pour votre fille. Bien sûr que c’est quelque chose à célébrer. C’est une fête, c’est joyeux, c’est le début d’un temps nouveau. Devenir femme, c’est merveilleux! Bon, ça a l’air qu’on a une vision un peu…. euh… différente de la féminité. Les règles n’ont jamais été lourdes à porter pour moi, ça a l’air et c’est ce que j’ai transmis à mes filles quand elles ont eu les leurs!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *