maman marginale

Je suis une maman marginale

Je suis une maman marginale. Tu sais, celle qui ne placote pas recettes et émissions de télé avec les autres mamans au parc. Celle qui n’a pas envie de partager des souvenirs d’intimité concernant l’allaitement ou les changements de couches avec d’autres étrangères. Ni de savoir comment se sont déroulées tes contractions et la fameuse poussée.

Celle qui n’a pas envie d’entendre tes propres déboires relativement à la maternité. J’ai eu les miens, je n’ai nullement besoin d’entendre les tiens.

Je suis cette maman qui n’écoute ni la télé, ni les radios commerciales. Celle qui ne va jamais chez la coiffeuse et qui ne connaît rien aux trucs de beauté. Celle avec qui tu ne pourras jamais placoter potins et célébrités. Celle qui sort de chez elle plus souvent en pyjama qu’en robe coquette.

Je suis cette fameuse maman indigne qui aime encore sortir les vendredis soir et qui ne culpabilise pas de les faire garder à l’occasion. Car même si la fatigue est devenue une constante depuis mon tout premier enfant il y a plus de 10 ans, prendre du temps pour moi et me retrouver dans mon corps et mon esprit d’adulte et de femme est probablement la meilleure thérapie qui soit. J’ai besoin de ces moments pour décrocher, me recentrer et revenir en force auprès d’eux.

Je suis celle qui dit souvent des gros mots, même si j’essaie de faire attention.

Celle qui laisse ses enfants manger des croûtons à l’ail pour déjeuner, car ce matin-là j’avais choisi une autre bataille. Celle qui fait souvent des repas qui ne contiennent aucun légume ni les quatre groupes alimentaires recommandés d’ailleurs. Celle qui écoute des chansons douteuses avec eux, qui les laisse danser dans les allées au marché et qui fait des courses avec le panier d’épicerie. Celle qui s’émerveille de les voir faire leur place dans ce monde avec une personnalité qui leur est propre.

Je suis cette maman qui n’accourt pas dès que son petit trébuche ou s’écorche. Je suis celle qui choisit de le laisser apprendre à se gérer. Ne t’inquiète pas, je ne suis jamais très loin et il le sait. Mais n’est-ce pas de lui rendre service que de lui enseigner l’autonomie et l’indépendance ? D’apprendre à gérer ses petites difficultés? Je ne suis pas cette maman qui va toujours au-devant des catastrophes. Ça fait partie de son développement de se tromper et d’expérimenter. Je suis cette maman qui le laisse se salir dans la boue et qui chasse les vers de terre avec eux durant les averses.

Je suis le genre de maman qui se fout un peu de l’agencement des vêtements. C’est tellement plus amusant de porter des bas dépareillés. Celle qui n’achète pas de vêtements de marque.
Une maman qui respecte leur choix vestimentaire et corporel, moral et émotionnel, même si ce n’est pas à mon goût à moi.

Je suis cette maman qui ne ressemble pas aux autres. Physiquement et moralement. Je suis celle qui leur parle de politique et d’enjeux sociaux. Celle qui prend le temps de philosopher avec eux, de développer leur esprit critique et qui ne leur impose pas ses propres idéaux.

Celle qui a de la difficulté à leur mentir quand vient le temps de connaître la vérité sur le père Noël et les licornes. Je suis une maman marginale, car je fais tout à l’envers et je fais de mon mieux. Avec mes connaissances et mon bagage, tout mon amour et mes souffrances.

Je ne suis pas une maman parfaite, mais une maman rebelle qui a choisi d’élever ses enfants selon ses propres valeurs et ses propres dogmes, pas ceux qu’on me dicte de leur inculquer. Une maman qui tente de transmettre à ses enfants tout ce dont ils ont besoin pour affronter ce monde que nous leur laissons.

Une maman qui a compris il y a longtemps, que nos enfants ne nous appartiennent pas, mais appartiennent à l’univers tout entier et c’est ce à quoi je tente de les préparer.

Crédit : Amanda Caroline da Silva/Shutterstock.com

Maman Marginale

Éternelle adolescente et marginale dans l’âme, je ne fais rien comme les autres et je me plais à avancer dans la vie à contre-courant, en déconstruisant le mythe de la maman modèle. Passionnée de musique lourde et bruyante, des arts de la rue et de la scène, de littérature politique et philosophique, j’ai terminé de fonder ma famille sur le pas de la quarantaine. Maman monoparentale de trois enfants dont deux qui sont autistes, mes enfants m’ont appris que pour élever des enfants différents, il faut faire les choses différemment. Et c’est tant mieux pour eux, la différence, c’est mon domaine.

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