Mes tout-petits, mes amours, vous, ces toutes petites personnes, avez chamboulé mon quotidien. Vous avez occupé mes nuits et mes jours comme personne ni rien avant vous. Vous avez pris toute la place, et je n’échangerais ce temps passé à la maison à nous construire pour rien au monde.
Mes tout-petits, votre maman doit retourner au travail. Elle doit échanger du temps contre de l’argent pour mettre sur la table de bons petits plats et sur vos épaules des vêtements à votre taille.
Mes tout-petits, votre maman doit retourner au travail. Retourner, oui, car avant d’être entièrement à vous et que vous soyez tout pour moi, votre maman travaillait ailleurs, hors de la maison, avec d’autres adultes, dans un monde qui vous est encore inconnu.
Mes tout-petits, votre maman doit retourner au travail. Je dois vous confier aux bons soins de quelqu’un qui s’occupera de vous, veillera à votre développement et à votre sécurité. Vous rencontrerez des amis, découvrirez de nouvelles façons de faire, entendrez de nouveaux mots et goûterez à de nouvelles choses. Vous grandirez à une vitesse folle, et nous nous retrouverons le soir pour partager nos journées, vécues séparément et différemment.
Mes tout-petits, votre maman doit retourner au travail, troquer les vêtements confortables pour des tenues professionnelles, les pantoufles pour des chaussures, la balayeuse pour un ordinateur.
Mes tout-petits, mes amours, votre petit monde en sera aussi chamboulé. Mon cœur se serre à cette pensée. Comme j’aimerais étirer le temps passé à vos côtés, à se coller, se comprendre, se construire. J’aimerais mettre la vie sur pause et vous garder près de moi encore un peu. Vous êtes si petits et à mes yeux, vous le serez toujours.
Mes tout-petits, votre maman doit retourner au travail à contrecœur. Nous avons étiré le temps et les réserves autant que possible. Les raisons de ce changement sont trop complexes pour vous, trop éloignées de votre réalité d’enfants, trop adultes. Mes tout-petits, la vie coûte cher, et votre maman, qui ne s’ennuie pas de sa carrière, préférerait de loin vous voir grandir à la maison, avec moi, encore un peu.
Mes tout-petits, votre maman doit retourner au travail, mais elle craint de manquer de temps, de ne pas vous voir assez. Elle a peur de manquer d’énergie pour vous après de longues journées, de longues semaines. Votre maman se sent déchirée, coupable. Elle veut le meilleur pour vous, ne veut pas que vous manquiez de rien. Au détriment des moments que nous pourrions passer ensemble, votre maman doit donc retourner au travail.
Mes tout-petits, nous sommes forts. Comme tant d’autres avant nous, nous traverserons cette épreuve. Nous aurons notre propre routine, nous nous adapterons à notre nouvelle vie. Mais, mes tout-petits, je vous aimerai toujours autant, même si on ne se voit pas, même si je suis au travail.
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