grenouille camping

Me, myself and my camping

grenouille camping

Quand tu te sépares, au début, tu freak un peu pour que ton enfant ne manque de rien dans ton nouvel environnement. Des fois, pour le meilleur (pour ton loupiot) et pour le pire (toi, la grande!). On dirait qu’on perd un peu la notion du raisonnable de notre nouvelle réalité “une-paire-de bras-pis-juste-une-p’tite-Kia”. Comme, quand par exemple, tu décides que tu vas organiser une fin de semaine de camping inoubliable à ton momillon de deux ans et demi. T’sais, le paquet là. Dormir sous la tente dans des sleeping, se faire des feux, aller se baigner dans le lac, se faire de bons repas sur le poêle. Ça sera merveilleux, non?

1. La préparation

Tu vas te rendre compte assez vite que, que tu sois deux ou six, t’économises pas vraiment sur le stock à trimbaler. Ça commence naïvement : la tente, les sacs de couchage, le matelas (parce que même si tu es seule avec l’enfant, ça ne veut pas dire que ça te tente nécessairement de dormir sur un relief d’épines de sapin, de racines pis de lignes de robinet adroitement enterrées à la fourchette). Ensuite, ça prend le poêle, le cooler, une poêlonne pis un chaudron. Ah, pis ça prend des outils pour cuisiner, de la vaisselle, du stock pour nettoyer tout ça… Pis vu que tu penses au bonheur de ton mioche, ça prend aussi ses toutous, ses jouets, une mini chaise, un bâton à carboniser whatever-c’qu’y-va-mettre-au-boutte). Y’a toujours l’au-cas-zoù qu’il pleut aussi. Ça prend le linge chaud/froid, les bottes, les maillots… pis.. d’la bouffe! (sans oublier l’essentiel vino, une fois le petit assoupi). Tu pactes l’auto à mesure pis tu commences à peine à réaliser la grosse erreur que tu es en train de faire. Pis le p’tit, lui, on le met où là-dedans? Les pieds sur le cooler pis la tête entre du stock mou, bouge pas mon lapin, ça sera pas long, on arrive !

2. L’installation

D’abord, tu choisis un camping pas trop loin, parce que le but ce n’est pas la route à faire. Avant de partir, tu as pris soin de faire imprimer ton itinéraire via Google Maps. C’est donc bien sûr cette fois-là que Google trouve qu’un chemin de chalet avec deux ornières de terre pour passer les roues c’est digne d’un beau système routier. Tu t’enlignes là-dessus pis tu réalises que même un écureuil aurait pas l’instinct de prendre quatre secondes de sage décision pour traverser ça. Pis là tu te dis que si tu t’enlises (parce que oui, il a déjà commencé à pleuvoir), ça va ben prendre deux mois avant que quelqu’un d’autre passe par là. Alors tu rebrousses finalement chemin, et tu vas t’informer au dépanneur comme dans le bon vieux temps (tout en te faisant une note mentale de t’acheter un GPS en revenant parce que ta boussole interne, elle a comme le nord un ti peu hasardeux).

Rendus au camping, il pleut à boire debout. T’as un flo qui a juste hâte de sortir de l’auto, mais tu réalises vite que de monter la tente seule, sous l’eau, tu deviens assez mal pris avec ton jeune qui se garroche vers la rivière pour aller flatter les canards en les tenant ben serrés par le cou. Bravo, fille. Finalement, ton cas “de pauvre fille seule” trouve écho chez ton nouveau voisin de toile, qui vient t’aider à monter ta p’tite tente, ta p’tite crisse de verrue, qui sera la seule chose qui va te protéger des grosses bébittes (volantes, marchantes ou rampantes) durant la nuit. Tu gonfles ensuite le matelas, pour te rendre compte qu’il ne passe pas dans la petite ouverture en arc à zipper. Tu commences à réciter des bouttes de chapelet entre tes dents. Dégonfle un peu, rentre le lit mou, mais là, rapproche l’auto parce que tu as une pompe qui fonctionne avec l’allume-cigare. La table de pique-nique est dans les jambes. Sors de l’auto, tasse la table, re-rentre dans l’auto, avance un peu, une roue tombe dans le foyer. T’sais, quand tous les éléments se rassemblent pour fêter ta vie.

3. La vie de camping

Il pleut. Y’a rien à faire dehors. Tu restes dans la tente une partie de la journée à faire les mêmes affaires qu’à la maison, mais en plus humide pis en plus collés pour pas toucher les rebords. Rendus à l’heure du dîner, t’es allumée pour faire les meilleurs hot-dogs du monde! Tu vides le char à moitié sur la table. Une heure et demie de labeur pour arriver à ce chef-d’oeuvre à la sueur de ton propane! T’es fière en maudit! Lui, le mômichon regarde ça, ouvre le pain, mange le quart de la saucisse et part finalement à la course parce qu’il a vu une grenouille, le seul happening de toute la fin de semaine. LÀ, tu viens de réaliser à quel point ça n’avait aucune allure comme projet avec un enfant de cet âge.

Alors dorénavant, tes soirées de vacances, tu vas les passer tranquille à la maison pour une couple d’années, un feu dans la cour, un barbecue branché pour l’été, de la vaisselle en porcelaine pis avec du vin qui coûte pas mal moins cher qu’au dépanneur du camping entre un sac de marshmallows à six piastres pis des sacs à “surprises” à douze piastres. Puis s’il pleut, tu peux toujours ben l’installer avec un film. Pas besoin de sortir la rallonge de cinquante pieds.

Isabelle Martineau

      ISABELLE MARTINEAU

Isabelle Martineau

Je suis la maman co-parentale d’une belle grande fille de dix ans qui a compris sur le tard comment l’abeille cruise le chou. J’ai passé une bonne partie de ma vie sur les bancs d’école - faut les mettre à quelque part ces restants de Juicy Fruit-là. Je me promène entre la recherche scientifique et l’administration et entre les deux, je demeure à Québec dans ma première très humble et petite maison. J’attends impatiemment l’adolescence pour débattre, tourner les crises en beaux fous rires et sacrer les p’tits garçons en bas de la galerie.

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