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Toutes les femmes devraient lire ce roman

la véritable force de la nature

Paru le 20 mars dernier, La véritable force de la nature est le tout dernier roman de Maude Michaud, également autrice de Pieds nus dans la gravelle et N’oublie pas la beauté du monde.

Quelqu’un ouvre le feu sur sept élèves dans une école secondaire. Qu’est-ce qui peut bien pousser un être humain à commettre un tel geste ? Retour vers le passé de Rachel et Rose, autrefois voisines dans un bled paumé. Dès l’adolescence, l’une emprunte une route cahoteuse, l’autre la voie de la raison. Rachel ne mâche pas ses mots et provoque le jugement. Rose parle tout bas et correspond à ce que la société exige d’une femme. Elles surmonteront de nombreux obstacles, dont certains entraîneront de graves séquelles, jusqu’à ce drame sordide qui changera leur existence à jamais.

La véritable force de la nature, c’est le retour de Maude Michaud qui, avec son immense talent, met en scène des événements qui font penser à un monde que nous connaissons – manifestations de sexisme ordinaire, humiliations, petites violences du quotidien, paroles qui laissent des traces, gestes qui dépassent l’entendement – dans un nouveau texte puissant dont personne ne sortira indemne.

Mettant en lumière les réalités complexes auxquelles les femmes sont confrontées au quotidien dans un roman accessible et captivant dont on veut connaître la suite à chaque page, l’autrice nous emmène dans un voyage troublant, révélant les défis et les luttes auxquels font face les femmes dans une société encore marquée par le sexisme et les violences de genre.

Bien plus qu’un roman empreint de féminisme, c’est un appel à l’action, une invitation à remettre en question les normes de genre préétablies et à travailler ensemble pour construire un avenir où chaque femme peut s’épanouir librement, sans crainte de violence ou de discrimination.

Ce livre résonne comme un cri de ralliement pour l’égalité des sexes, une affirmation de la force et de la résilience des femmes dans leur quête de justice et de dignité.

Extrait

On dit souvent aux mères de lâcher prise. D’accepter que leur maison ne soit pas toujours impeccable pis que c’est correct que le père de leur enfant ne fasse pas les
choses de la même façon qu’elles. C’est vrai. Chacun sa manière, je suis bien d’accord. Mais encore faut-il que le père fasse quelque chose tout court.

Et les plus effrontés enverront à toutes les mères qui se fendent en quatre et qui se plaignent de toujours tout faire la fameuse phrase: «Ouais, mais si ton chum ne faisait rien avant l’arrivée du petit, fallait pas t’attendre à ce que ça change du jour au lendemain en accouchant.»

Quand on m’a lancé cette vacherie, ç’a m’a beaucoup dérangée. Comme si c’était la faute de la mère si le père ne foutait rien. Alors je vais me contenter de raconter ce qui se passe dans la vraie vie des vraies gens, et c’est loin d’être aussi simple.

Chez nous, avant l’arrivée de Matthis, Richard ne faisait rien et je faisais tout; mais juste un peu et, surtout, juste à peu près. Je n’avais pas besoin de gérer ses repas puisqu’on ne mangeait pas en même temps et on se débrouillait chacun de notre bord. Je faisais du lavage quand je n’avais plus rien de propre à me mettre et j’en profitais pour laver ses bobettes sales sans en faire de cas parce que ça ne représentait qu’une brassée par semaine, au pire deux. Sinon, c’était à peu près propre tout le temps parce qu’on n’était pas souvent à la maison. J’avais alors très rarement besoin de passer la balayeuse ou la moppe.

Bref, je me sacrais un peu du ménage, et Richard et moi vivions très bien avec ça. Mais les choses ont fait un pas pire cent quatre-vingts degrés après mon accouchement. Je ne me suis pas transformée en capotée du ménage dès le début de mon congé de maternité. C’est venu un petit peu à la fois. Puisque j’étais à la maison vingt-quatre heures sur vingt-quatre, Rich s’attendait à ce que je lui fasse à souper «parce que j’avais le temps».

Le nombre de brassées à faire chaque semaine est passée d’une à dix avec les pyjamas à pattes, les quatre-vingt-dix-huit débarbouillettes de bébé et la panoplie de petites couvertures que je mettais au lavage chaque jour pour cause de régurgis et de cacas explosifs.

Et comme je passais mes grandes journées à la maison avec un bébé, les planchers comme les comptoirs se sont mis à demander un minimum d’entretien. Cela étant dit, ma charge de ménage s’est, du jour au lendemain, multipliée par dix alors que le nombre de bras pour m’occuper de tout ce que j’avais soudainement à faire s’est divisé par deux parce que Matthis ne voulait rien savoir de passer son temps ailleurs que dans les miens.

Je ne travaillais pas, je passais la totalité de mes journées chez nous, mais je me sentais débordée tout le temps. Il y avait toujours de la vaisselle ou des bobettes sales à laver. Des taches collantes à nettoyer sur le plancher. Jamais ce qu’il fallait dans le frigo pour préparer le souper. Et pendant que je courais aussi vite que le hamster qui spinnait dans ma tête dès que je fermais les yeux et même quand ils étaient ouverts, Richard, lui, n’avait qu’à s’occuper de l’unique tâche que je lui avais demandé de faire: laver la salle de bain.

Je me chargeais de tout le reste. Sa seule responsabilité, en échange, c’était de passer un coup de guenille dans la douche, dans le lavabo, de nettoyer le miroir, et de nous débarrasser du cerne rose dégueulasse dans le fond de la cuvette le samedi, une fois toutes les deux semaines.

Alors oui, je m’attendais à ce que ce soit fait sans que je lui demande au moment où on avait convenu qu’il le ferait.

Alors oui, je m’attendais à ce que la salle de bain étincelle et que je puisse boire l’eau de la cuvette avec une paille si j’en avais envie.

Alors oui, j’étais exigeante parce que c’est tout ce que j’attendais de lui alors qu’il s’attendait à ce que je m’occupe de tout le reste.

Mais bien évidemment, je devais lui rappeler trois cents fois que c’était le temps de nettoyer la plus petite pièce de l’appartement chaque fois qu’il devait le faire, et
il ne manquait pas de soupirer en me demandant d’arrêter de le «harceler».

Au bout du compte, la plupart du temps, il finissait par s’en occuper après quarante-huit rappels. Sans surprise, c’était toujours fait tout croche parce qu’il tournait les coins ronds et il me reprochait de me prendre pour un caporal d’armée si je voulais qu’il recommence.

Ce qu’il ne comprenait pas, c’est que, comme toutes les Gère-Mène de ce bas monde, je n’avais aucun plaisir à passer derrière lui et je rêvais du jour où je n’aurais pas à lui dire quoi faire pour qu’il fasse sa part comme du monde.

Acheter ce livre ou télécharger un extrait.

Maude Michaud

Fondatrice de la plateforme La Parfaite Maman Cinglante et auteure, j’adore informer, divertir et partager mes réflexions sur la parentalité mais aussi une multitude de sujets qui touchent les femmes de près et de loin.

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