mère et fille vintage

Je suis l’enfant unique d’une femme monoparentale

Je suis l’enfant unique d’une femme monoparentale.

Ma mère était une femme carriériste, ambitieuse et qui rêvait d’une grande famille. Elle souhaitait voir ses enfants qui jouent, courent et qui laissent des traces de petits doigts sur toutes les surfaces de la maison. Elle chérissait sa vision d’un amour durable et d’une famille unie. Le temps l’a rattrapée avant même qu’elle n’ait pu constater que sa vie tournait le dos à l’un de ses rêves. Elle n’aurait pas sa grande famille et nous allions être deux, pour maintenant et à jamais.

Je suis l’enfant d’une femme monoparentale qui, année après année, a fait son possible. Entre travailler, l’entretien de la maison et mon éducation, elle a toujours trouvé du temps pour être ma mère. Je l’ai vue donner tout ce qu’elle pouvait et courir pour arriver à jongler avec les aléas de la vie. Je l’ai vue ne pas s’arrêter et donner tout en son pouvoir afin que je ne manque de rien. J’ai reçu tout l’amour dont j’avais besoin pour grandir et sentir que mon monde était solide. Ma mère était capable de se retenir de pleurer pour me montrer que tout était en contrôle et de le faire quand j’étais couchée. Elle a été capable de pleurer devant moi quand elle savait que j’étais assez vieille pour bien comprendre ce que sont les émotions et m’expliquer que j’avais le droit moi aussi d’en vivre. Elle était capable de me montrer qu’elle était forte et prête à affronter les tempêtes de la vie pour mon bonheur. Je n’ai jamais craint d’être deux, maintenant et à jamais, car ma mère était solide et parce que j’avais confiance en elle.

J’ai vu ma mère se priver de s’acheter ce qu’elle voulait puisqu’elle faisait toujours passer mes besoins avant les siens. Elle était heureuse si je l’étais. J’ai pris quelques hivers à remarquer que ma mère portait depuis trois ans des bottes avec des semelles trouées. Je l’ai vue souvent oublier qu’elle avait été une femme avant d’être une mère. Par manque de ressources, elle devait me garder avec elle et annuler des activités qui auraient pu lui permettre de vivre d’autres choses. De revivre à travers des expériences différentes et de se permettre de créer des rêves différents. J’ai vu ma mère passer à côté de l’amour, car le bonheur de m’avoir avec elle lui suffisait et parce que son énergie m’était entièrement destinée. J’ai vu ma mère s’oublier, car il était difficile de faire autrement.

Je suis l’enfant d’une femme monoparentale qui a réussi à jouer le rôle de la mère et du père. Une mère qui savait me réconforter et me caresser le front chaque soir pour que je m’endorme. Une mère qui me préparait ses recettes de famille et qui veillait à ce que je mange bien. Une mère qui savait mettre des limites et qui, d’un ton ferme, me montrait que je devais l’écouter. Cette douceur et cette autorité combinées m’ont montré que ma famille était différente, mais suffisante. Je suis un enfant qui n’a pas reçu la moitié moins d’amour, mais qui en a reçu le double.

Je suis l’enfant d’une mère monoparentale avec qui j’ai construit un lien indestructible et à plusieurs niveaux. Durant toutes ces années où je suis passée d’une petite fille à une femme, nous nous sommes écoutées et nous avons acquis des expériences qui nous ont permis d’évoluer ensemble. Toutes ces années, ma mère a réalisé son rôle de mère en ne renonçant jamais à m’offrir ce qu’elle m’avait promis. Les nombreuses fois où elle m’a écouté parler de mes rêves, de mes interrogations, de mes amitiés et de mes amours, elle est devenue une confidente. Tous les soirs où nous riions aux éclats et étions complices, elle est aussi devenue mon amie. Entre-temps, ma mère est devenue mon modèle de persévérance, car en vieillissant j’ai compris que ce qu’elle m’avait donné, rien ni personne ne pouvait le comprendre mieux qu’elle et moi.

Je suis l’enfant d’une mère monoparentale qui réalise aujourd’hui l’ampleur du travail qu’une mère peut accomplir. Étant mère à mon tour, j’en conclus que cet amour est indescriptible et qu’il permet d’avoir une deuxième force. Malgré cela, je considérerai toujours que ma mère est forte et elle restera à jamais mon pilier. Chaque jour de ma vie, je remercie tout haut la vie d’avoir mis ma mère, comme elle est, sur mon chemin. Chaque jour, je remercie ma mère de m’aimer comme elle l’a fait et le fait encore aujourd’hui. La vie défile sous mes yeux et sache, maman, qu’à ton tour tu pourras compter sur le fait que nous sommes deux, maintenant et à jamais!

Crédit : middelveld/istock.com

Carolanne Choinière

Devenue marraine avant maman, je croyais connaître la clé magique d’une parentalité épanouie jusqu’à ce que je devienne mère à mon tour. Finalement, j’ai compris que j’avais perdu ladite clé ou que je ne l’avais jamais vraiment trouvée. Maman imparfaite qui fait de son mieux, je suis amoureuse de l’écriture depuis l’âge où j’ai été capable d’écrire plus que trois mots collés et je dis tout haut ce que la plupart des gens pensent tout bas. J’aime apprendre, comprendre et je suis assez curieuse pour m’inscrire à un cours supplémentaire tous les ans et le regretter dans la même semaine.

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