À mon tout petit bébé en attente d’un diagnostic

Mon tout petit bébé en attente d’un diagnostic, si tu vois maman pleurer, c’est que j’ai peur. J’ai le vertige. Mes jambes menacent de flancher et j’ai l’impression que je pourrais m’écrouler à tous moments. J’ai la gorge qui se sert de plus en plus à chaque rendez-vous comme si je n’étais pas en mesure d’accepter toutes les informations que je recevais. Je suis sans réponse et remplie de questions à la fois. Je suis dans le néant, mais tellement envahie. Je savais que la maternité m’amènerait un lot de défis, mais je ne l’ai pas vu venir celui-là.

Mon tout petit bébé, si tu vois maman pleurer, c’est que je doute beaucoup. Je ne me sens pas assez solide. On ne cesse de me répéter que tu es trop jeune pour recevoir un diagnostic officiel, mais pourtant j’entends toutes sortes d’hypothèses concernant ta condition. Je ne sais pas si je suis assez forte pour entendre tout cela et être constamment confrontée à ce que tu ne seras peut-être pas. J’ai mal d’entendre le nom de toutes ces maladies et ces troubles dont tu es peut-être atteint, cela me fragilise de plus en plus et me donne l’impression de perdre de petits morceaux de moi chaque fois. À chaque rendez-vous, je reste un peu plus figée comme si ma raison refusait de suivre et que mes émotions prenaient toute la place.

Mon tout petit bébé, si tu vois maman pleurer, c’est que je suis épuisée. Je suis déjà fatiguée de ce quotidien. J’ai envie d’une vie douce sans une panoplie de rendez-vous. Je n’ai pas envie que tu connaisses sur le bout de tes petits doigts le chemin de la pédiatrie à travers le dédale des corridors froids de l’hôpital. Je n’ai pas envie que tu côtoies plus de professionnels de la santé que d’enseignants au cours de ta vie. Plus le temps avance et plus je me dois d’accepter que notre vie sera parsemée de rendez-vous. J’aurais tant voulu plus de douceur et de légèreté pour notre famille.

Mon tout petit bébé, si tu vois maman pleurer, c’est que je me sens incomprise. Je n’ai pas envie qu’on me dise que tout va bien aller; c’est trop difficile à croire pour le moment. Je n’ai pas envie qu’on me dise que je suis forte, parce que ce n’est pas ainsi que je me sens et je n’ai pas envie d’être forte présentement. Je comprends bien que la vie va vite pour tout le monde, que les gens n’ont pas le temps de s’arrêter pour nous, mais mon monde à moi s’est arrêté depuis quelque temps. Je voudrais qu’on soit là pour moi afin de me permettre d’être plus présente pour toi. J’ai envie qu’on me demande comment je vais et surtout que je puisse me permettre de répondre la vérité. C’est une grosse tempête à traverser et j’aimerais qu’on me tienne la main pour y arriver.

Mon tout petit bébé, si tu vois maman pleurer,c’est aussi parce que je suis reconnaissante de t’avoir. Même si j’ai peur, que je doute, que je suis épuisée et que je me sens incomprise, je t’ai toi et c’est tellement précieux. Malgré toutes les émotions qui me submergent ces derniers temps, dès que je vois tes grands yeux, je suis profondément touchée par leur pureté.

Il est vrai que ce quotidien je ne l’ai pas choisi, mais toi, je te choisirais n’importe quand et n’en doute jamais.

Je t’aime si fort que je suis prête à tout pour toi, avec toi.

Tout doucement, à ton rythme, je serai toujours là pour toi.

Crédit : New Africa/Shutterstock.com

Maman Chou

Maman depuis peu de deux enfants rapprochés en âge, la maternité m'amène un lot d'inquiétudes, d'émotions et de remises en question au quotidien. En amour par-dessus la tête avec mon conjoint qui est un papa présent, impliqué et si aimant, jamais bien loin pour me rassurer. Tout doucement, en écrivant, j'essaie de me défaire de l'image de la maman que je pensais être et de mieux accepter la maman que je suis; une maman émotive, vulnérable par moments, mais avec un cœur rempli à rebord pour ses deux petits choux!

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