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Je suis maman et je manque de sommeil à un point que je ne croyais pas possible

Je suis maman et je manque de sommeil à un point que je ne croyais pas possible.

Quand je vous parle de manque de sommeil, je ne vous parle pas d’une nuit où j’ai dû me lever pour rendre un doudou qui s’était égaré dans la pénombre, ni d’un enfant malade à qui il a fallu que je donne du sirop, ni d’un bébé qui avait exceptionnellement besoin de réconfort.

Quand je vous parle de manque de sommeil, je vous parle d’une succession infinie de nuits interrompues et d’enfants qui ne savent pas enchaîner les cycles de sommeil sans m’appeler.

Quand je vous parle de manque de sommeil, c’est de cette absence de repos qui se perpétue depuis des années au point de me faire oublier si le four est éteint, intervertir le prénom du chien avec celui de la petite dernière et perdre un temps considérable à me demander ce que je voulais dire ou faire.

Quand je vous parle de fatigue, je vous parle de cette impression de ne plus être moi-même, d’être un robot qui, heureusement, a bien appris les gestes de survie et les répète machinalement. De cette sensation d’être une enveloppe corporelle vide de son âme qui avance pour ne pas tomber.

Quand je vous parle de manque de sommeil, je vous parle de ce manque qui vous éloigne des autres et vous isole. Cette fatigue si tenace qu’elle m’empêche de sortir le soir, de trouver la force de me coiffer ou de me maquiller. Cet épuisement qui fait en sorte que je refuse les invitations au café ou au restaurant ou même de regarder un film dans mon propre salon le soir, une fois que les enfants sont au lit.

Quand je vous parle de fatigue, je parle de celle qui mélange mes idées au point que je les exprime dans un langage confus. Cette fatigue qui me fait répéter plusieurs fois la même chose et être parfois celle que les autres regardent avec un air sceptique et interrogateur.

Quand je vous parle de fatigue, je parle de la fatigue qui laisse des traces sous mes yeux, qui marque mon visage, mais qui aussi abîme mon corps qui lutte pour ne pas se laisser emporter par les flots.

Quand je vous parle de fatigue, je parle de tous ces moments où j’en viens à perdre le moral sans même savoir pourquoi parce que mon manque de sommeil profond m’empêche de récupérer physiquement et mentalement.

Quand je vous parle de fatigue, je parle de celle qui me fait craindre d’oublier un jour un de mes enfants dans la voiture, ou d’oublier d’aller au travail ou à l’école parce que je mélange les jours de la semaine.

Quand je vous parle de manque de sommeil, je parle de celui qui me fait angoisser au moment d’aller au lit, qui me fait faire des hypothèses et des calculs sur le nombre d’heures à dormir considérant le nombre de réveils multiplié par le nombre d’enfants, résultat auquel on ajoute le temps qu’il me faudra pour me rendormir jusqu’au prochain appel nocturne.

Quand je vous parle de fatigue, je parle de mon manque de patience et mon irritabilité parfois au point de me sentir moi-même devenir invivable et de ne plus me reconnaître. La femme drôle, souriante, enjouée, qu’est-elle devenue ?

Quand je vous parle de fatigue, je parle de celle que je ne peux pas accepter parce que le rythme de la vie est trop rapide, parce que mes enfants ont besoin de moi, parce qu’il y a toujours quelque chose à faire, et surtout parce ce que si je m’arrête, je crains de ne plus me relever. Cette fatigue que je pense, en me voilant la face, pouvoir combler par des vitamines et une bonne alimentation plutôt que par le remède le plus évident : le repos.

J’aimerais bien prendre le temps de faire une sieste l’après-midi ou du temps pour moi pour sortir m’aérer l’esprit. Je voudrais aussi déléguer davantage et prioriser le sommeil au nettoyage. Je le fais autant que possible, mais force est d’admettre que ce n’est pas suffisant.

Je suis maman et je manque de sommeil, mais je sais que ça ne fait pas de moi un moins bon parent. Avoir besoin de repos n’est pas une faiblesse; c’est un besoin vital que je garde espoir de combler peu à peu au fur et à mesure que mes petits deviendront grands.

Crédit : Bricolage/Shutterstock.com

Nadège Pineur

Remplie de doutes et d’incertitudes, c’est après un long travail sur moi-même que j’ai pu me faire confiance et retrouver mon amour de l’écriture. La maternité représente pour moi une mise à l’épreuve constante mais les quatre petits yeux chargés d’amour de mes enfants restent mon meilleur moteur car j’ai envie de leur montrer que tout est possible et qu’il faut suivre ses envies. Sportive hyperactive, insomniaque fatiguée, pâtissière gourmande, mon objectif premier est de transmettre un peu d’amour et de tolérance.

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2 Comments

  • Wow! Je suis exactement la dedans … je pensais devenir folle ou commencer un début de Alzheimer !!!

    Mais ce texte me fait du bien et j’me rend compte que je ne suis pas seule

    Mercii pour ca

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