Mon enfant, je m’ennuie du bébé que tu étais

Mon enfant, mon trésor, tu ne cesses de m’impressionner. Tu grandis et tu deviens de plus en plus autonome mais je dois avouer que je m’ennuie parfois du bébé que tu étais.

Je suis nostalgique des soirées où je t’installais sur moi, dans la chaise berçante, et je t’endormais tout doucement en parsemant de bisous ton petit crâne tout doux. Je respirais ton odeur à plein nez, j’admirais tes paupières tressaillir dans le sommeil, je t’écoutais pousser des petits soupirs, je flattais ton petit bras potelé si doux. Bien sûr que j’étais souvent fatiguée, que ces moments dont je m’ennuie aujourd’hui me paraissaient alors bien longs et que j’avais parfois très hâte de te poser dans ton lit pour enfin faire autre chose.

Maintenant, je te regarde te préparer seul à aller dormir, je te souhaite bonne nuit et parfois, je quitte ta chambre sans t’embrasser car tu me dis que tu ne veux pas de baiser. Alors même si je suis heureuse que les rituels du soir aient raccourci et que je savoure mes soirées plus longues, une partie de moi ne peut s’empêcher de penser avec mélancolie aux moments où tu t’endormais collé contre moi, ton souffle mêlé au mien.

Je suis nostalgique des moments où tu me regardais comme si j’étais la lune et le soleil à la fois, où tu me posais plein de questions en étant convaincu que je détenais toutes les réponses. J’essayais de t’expliquer les choses de mon mieux pour que tu comprennes. Bien sûr, j’étais parfois exaspérée par tes « pourquoi » incessants, mais je prenais toujours le temps de te répondre quand même.

Maintenant, tu poses encore plein de questions, mais mes réponses ne te convainquent pas toujours. Tu dis que tu demanderas à madame Julie ou à monsieur Daniel demain à l’école puisqu’ils savent tellement plus de choses que moi. Alors même si je suis comblée que tu sois entouré d’adultes qui ont à cœur ta réussite, qui t’inspirent et qui répondent patiemment à tes questions, j’avoue que parfois, je m’ennuie du temps où j’étais ta principale référence et où tu croyais que j’avais réponse à tout.

Je suis nostalgique du temps où mes bisous pouvaient soigner toutes tes blessures. Quand tu tombais en apprenant à marcher, à faire du vélo ou à patiner, tes larmes cessaient dès que j’appliquais un baiser magique sur ton bobo. Bien sûr, je m’inquiétais régulièrement que aies mal car tu tombais plus qu’à ton tour mais ta douleur ne durait toujours qu’un tout petit moment.

Maintenant, tu reviens parfois de l’école avec un air qui me brise le cœur et tu me dis que tu ne veux pas en parler. Je te laisse du temps et tu finis toujours par me raconter mais je dois souvent creuser pour savoir ce qui t’est arrivé. Alors même si je suis contente de te voir bâtir ta confiance en toi et de te voir trouver des solutions à tes problèmes, je suis nostalgique du temps où tes blessures n’étaient que superficielles et disparaître grâce à un bisou magique.

Mon petit amour, te voir grandir et évoluer est un privilège et un bonheur de tous les instants. Tu es en train de  forger ta propre personnalité et j’adore être la personne qui t’accompagne à toutes les étapes de ta vie et qui te donne les outils dont tu as besoin pour continuer à bien te développer. Mais j’avoue que j’aimerais parfois, l’espace d’un tout petit moment, que tu redeviennes un bébé. Mon bébé.