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J’ai du mal à te sevrer, mon enfant

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Cela fait plusieurs mois que nous vivons notre aventure lactée toi et moi. Les débuts ont été difficiles, chaotiques, mais nous nous sommes accrochés et avons réussi à garder le cap et continuer l’aventure. Nous avons tenu bon malgré les obstacles rencontrés et avons su les surmonter. Mais aujourd’hui, je commence à être fatiguée et pense qu’il est temps de « nous » sevrer. Je dis « nous » parce que je vais également être sevrée de cette connexion, de cette fusion qu’on a quand je t’allaite. Alors, j’ai du mal à te sevrer mon enfant.

J’ai du mal à aller au bout de ma décision d’arrêter l’allaitement. J’ai du mal à vraiment passer à l’action. À te refuser ces tétées que tu me réclames de ta petite voix en disant « tétée », « tétée ». Tu sembles si heureux quand j’accède à ta demande, et si apaisé pendant que tu te nourris de moi. Parce que tu ne consommes pas que du lait, tu absorbes également ma chaleur, mon amour, tu profites de ma présence. Avec ces moments, tu m’obliges à prendre des pauses dans ma course quotidienne, à m’arrêter le temps d’une tétée, d’une reconnexion avec toi.

J’ai essayé une première fois, en réduisant le nombre de tétées, pensant ainsi débuter un sevrage progressif mais je n’ai pas pu aller au bout en ressentant ta frustration, en voyant combien c’était dur pour toi. Alors nous avons repris nos bonnes vieilles habitudes. Mais le temps a passé et tu as eu des épisodes de maladie où tu as dû de nouveau être accroché en permanence au sein. Avec la fatigue et le manque de sommeil, je me suis de nouveau demandé s’il n’était pas temps de te sevrer.

J’ai du mal à te sevrer mon enfant, mais ça devient de plus en plus difficile pour moi de t’allaiter. Difficile de faire à la fois attention à ce que tu manges et à ce que je mange. Difficile de tenir le rythme quand tu n’es pas bien et que tu ne veux que téter. Je sais bien que tu ne le fais pas pour m’embêter, mais parce que tu en as besoin. Mais je pense que je suis sur le point d’atteindre ma limite et je souhaiterais que nous gardions tous les deux un heureux souvenir de notre aventure plutôt qu’elle commence à vraiment être désagréable pour moi.

J’ai du mal à te sevrer mon enfant. Tellement de mal que je peine à trouver comment m’y prendre. Je sais que ça va être difficile pour toi. Difficile de renoncer à cette alimentation que tu as toujours connue. Difficile d’accepter ce changement dans nos rapports. C’est aussi difficile pour moi. Difficile de te priver de ce lait que tu sembles aimer plus que tout autre aliment. Difficile de changer ce mode de connexion que nous avions. Difficile de te voir hurler de frustration les premiers jours, mais de devoir tenir bon même si mon cœur se brise à l’intérieur de ma poitrine. Tenir bon pour dissocier ton alimentation de la mienne afin de mieux gérer tes allergies. Tenir bon pour ne pas sombrer dans une phase où je commence à détester t’allaiter.

J’ai du mal à te sevrer mon enfant, mais à un moment il faudra bien. Et quand ce sera le cas, et peu importe comment cela se fera, sache que cela ne changera en rien mon amour pour toi et que nous trouverons bien de nouvelles manières de nous aimer et de rester connectés.

Crédit : Olena Yakobchuk/Shutterstock.com

Marly

Maman d’une adorable petite fille, la maternité m’a frappée de plein fouet avec toutes les nouvelles responsabilités et incertitudes qui l’accompagnent. En devenant maman, j’ai pris conscience de mes limites, de mes forces et surtout du fait que je ne pouvais pas tout prévoir et contrôler. Le voile est également tombé sur les inégalités hommes-femmes dans la parentalité et la société. Je suis descendue de mon nuage sur lequel je croyais que les inégalités hommes-femmes n’étaient pas si importantes et qu’on pouvait vivre avec. J’ai alors commencé à écrire toutes ces choses que je ressentais et vivais pour me décharger.

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2 Comments

  • J’ai vécu la même chose que vous. Je n’arrivais pas à la sevrer et chaque tentative était un echec… à en finir par parfois détester allaiter. En vous lisant, je me revois… A la mort de mon père, je suis partie 10j sans ma fille et à mon retour je lui ai dit que comme j’étais très triste et que je n’avais plus de lait. Elle me disait: non, y a du lait, sens le lait sens le lait ». Elle était tellement malheureuse que j’ai continué la nuit en espaçant de plus en plus. C’était bien souvent la seulechose qui la calmait quand elle était déplacée émotionnellement. Ça a duré 4 mois, jusqu’au déclic: » Tu sais ma chérie, ce n’est pas parce que maman ne te donne plus de lait que tu ne peux plus te blottir contre elle quand tu en as besoin et glisser ta main sous son pull. » Ma fille a repondu : « ah bon ? ».. Le lendemain elle avait arrêté de réclamer la tétée ? et était sevrée… je me suis dit Zut pourquoi je n’y ai pas pensé avant ????. Encore aujourd’hui à 4 ans quand elle est submergée émotionnellement, elle le fait. Ça fait hurler certains… mais perso cette petite main chaude me rappelle tant de souvenirs et ça fonctionne toujours autant. Un jour, il y aura aussi un sevrage de ce geste mais à chaque jour suffit sa peine Avec des bambins, le sevrage se fait à deux entre la mère et son enfant ! Bon courage à vous deux. Vous allez trouver votre déclic.

  • Merci pour ce texte qui sonne si juste et qui fait se sentir vraiment moins seule. J’allaite mon bébé depuis 12 mois et je me demande comment on va pouvoir passer au sevrage. J’ai l’impression que ce n’est jamais le bon moment, la maladie, les régression du sommeil, les changements dans la vie … Parfois je veux arrêter mais je sais que je serai terriblement nostalgique de ces moments.

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