petite fille triste

À toi, fille d’une mère toxique, à ton tour devenue maman

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À toi, fille d’une mère toxique, à ton tour devenue maman;

À toi, qui as grandi sans modèle maternel;

Sache que tu n’es pas elle.

Enceinte, déjà, tu te demandes si tu seras à la hauteur. Tu sais que l’amour n’est pas instinctif, inconditionnel. Tu sais que l’instinct maternel n’existe pas forcément pour toutes et qu’il n’est pas toujours si facile de faire de son enfant une priorité.

Alors, tu as peur de ne pas lui donner l’amour qu’il mérite, ce petit être à venir. Tu as peur de ne pas t’émerveiller de sa venue au monde. Tu as peur de ne pas savoir faire, de ne pas savoir en prendre soin ni l’aimer de tout ton cœur.

Tu as peur d’être comme elle.

Quand ton amour de bébé pointe le bout de son nez, tu te demandes si l’amour sera plus fort que tout, si c’est lui qui sera le sentiment victorieux. Tu sais que la patience a des limites, tu sais que parfois la force peut disparaitre. Tu sais qu’il est parfois plus facile de se laisser aller à la faiblesse que de vaincre ses appréhensions et ses démons.

Alors tu crains de craquer quand les pleurs ne s’arrêtent pas, quand il faut expliquer encore et encore, quand tu es épuisée alors qu’il faut assurer les charges du quotidien.
Tu as peur de ne pas faire passer ton enfant avant ton sommeil, ton apaisement, ton repos. Tu as peur de ne pas gérer tes émotions. Tu as peur de crier trop fort, de pleurer trop souvent, tu as peur de toi.

Tu as peur d’être comme elle.

Quand ton enfant grandit, tu te demandes si tu seras capable de lui montrer le chemin à suivre vers l’épanouissement. Tu sais que tes gestes, tes mots, ton attitude seront autant de pièces qui, mises bout à bout, formeront l’adulte de demain. Ce poids, tu le sens sur tes épaules tous les jours. Tu sais tellement bien ce que cela représente de grandir sans une maman. Maman absente ou défaillante. Un être doux, rassurant, tendre et qui te respecte.

Alors tu as peur de ne pas montrer l’exemple. Tu as peur de lui laisser penser que la vie n’est pas belle. Tu as peur de lui faire croire que les combats ne valent pas la peine d’être vécus, qu’ils sont épuisants et ne font pas grandir ; alors qu’au fond de toi tu sais pertinemment bien que ce sont tes batailles qui t’ont donné une force de guerrière. Tu as peur de ne pas le tirer vers le haut.

Tu as peur d’être comme elle.

Quand cet enfant devient adolescent, tu te demandes s’il traversera bien cette période et si tu ne lui transmettras aucun de tes traumatismes. Tu sais que la jalousie ou l’indifférence d’une mère à cette période charnière de sa construction peuvent être dévastatrices. Tu voudrais que ton enfant découvre ses premiers amours avec bienveillance et confiance en lui.

Alors tu as peur de ne pas avoir le comportement adéquat, d’être trop présente ou pas assez. Tu as peur de ne pas savoir aborder les sujets intimes, de minimiser les premiers chagrins d’amour. Tu as peur qu’il n’ose pas te parler de ses problèmes et qu’il commette des erreurs, perdu sur le chemin vers l’âge adulte.

Tu as peur d’être comme elle.

Mais tu n’es pas elle. Tu es toi.

Tu as vécu beaucoup de choses, des moments difficiles, des obstacles, des peines de cœur et, surtout, des déceptions. Quel pire sentiment que celui d’avoir espéré, cru, voulu, désiré de tout son cœur et de ne pas pouvoir obtenir le résultat escompté quels que soient les efforts déployés.

Tu connais si bien les blessures qu’occasionnent le manque d’amour et d’attention au point tel que tu donnes et donneras tout ton être et tout ton cœur à ton enfant.

Tu connais si bien les conséquences du « trop peu » que tu fonces vers le « trop ».

À toi, fille d’une mère toxique, à ton tour devenue maman, ne doute pas de toi, tu sauras faire. Tu aimeras ton petit à en soulever les montagnes. Tu seras présente et bienveillante. Tu seras une bonne mère. Tu seras celle qu’il faut à ton enfant. Tes blessures seront tes forces. Prends soin de toi. Le plus beau cadeau que tu puisses lui faire est d’être une mère épanouie.

Ne t’oublie pas, jolie maman et crois en toi.

Tu n’es pas elle.

Crédit : Erika Richard/Shutterstock.com

Nadège Pineur

Remplie de doutes et d’incertitudes, c’est après un long travail sur moi-même que j’ai pu me faire confiance et retrouver mon amour de l’écriture. La maternité représente pour moi une mise à l’épreuve constante mais les quatre petits yeux chargés d’amour de mes enfants restent mon meilleur moteur car j’ai envie de leur montrer que tout est possible et qu’il faut suivre ses envies. Sportive hyperactive, insomniaque fatiguée, pâtissière gourmande, mon objectif premier est de transmettre un peu d’amour et de tolérance.

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7 Comments

  • Oufff j en ai les larmes aux yeux tellement les mots explique une vie de déceptions merci pour le baume

  • Merci pour votre joli texte sur les filles des mamans toxiques. J’ai un grand fils de 22 ans et je doute toujours du bien fondé de mon rôle de maman. Toujours peur d’être comme elle, de culpabiliser si on reproduit des choses.. D’avoir cette pression de n’être pas comme elle. De mal faire, de lui transmettre mes blessures. Alors merci pour ce joli texte touchant. Très.

  • Bonsoir,

    Merci, si vous saviez comme j’ai peure de ne pas être a la hauteur et qu’elle souffre des même soucis que moi pendant son adolescence… Lorsque je m’entends dire les mêmes phrases que ma mère me disait enfants, j’ai peur (tout n’était pas mauvais non plus) mais j’ai peur, peur de lui faire autant de mal que son comportement a pu m’en faire, qu’elle ai autant de séquelles que moi…

  • Merci,
    Je le lirai et le relirai chaque fois que le doute s’installe, chaque fois que mes peurs prennent trop de place, chaque fois que ma gorge se noue quand je me perds dans mon passé.
    Merci pour cette bienveillance.
    Merci.

  • Merci pour ce texte, pour ces mots qui font tellement écho en moi.
    Moi qui redoutais la naissance de ma fille, qui finalement s’est avérée être ma propre -re-naissance. Mais je n’en suis qu’au début du chemin, parce que le poids d’une mère toxique est lourd à porter même après avoir coupé contact.
    Mais notre fille et celui à venir valent tous les combats.

  • Un grand merci, ça fat tellement de bien de lire ces mots… Je ne cesse de pleurer tellement ils m’ont touchée et soulagée. Terriblement bien écrit. Bravo.

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