mère corps

À mon corps, mon cher compagnon de voyage

mère corps

À toi, mon corps, mon cher compagnon de voyage;

À toi qui as tout partagé, tout affronté, tout traversé à mes côtés;

À toi qui as porté si longtemps le poids de mes insécurités, de mes incertitudes et de mon mal-être;

Je voudrais te dire combien je suis fière de toi aujourd’hui. Pardonne-moi d’avoir ignoré ta valeur, de t’avoir tant de fois rêvé autrement. Pardonne-moi d’avoir détesté tes différences, celles qui pourtant te rendent unique. Pardonne-moi de n’avoir pas toujours su t’accorder le respect et l’attention que tu mérites.

Tu as pourtant tant fait pour moi. Tu as guéri les genoux écorchés de mes premiers pas et t’es remis de mes premières peines de cœur. Tu as supporté la puberté et le lot de nouveaux accessoires qui venaient avec; les boutons, les poils, les appareils dentaires, les seins, les règles et tant d’autres. Tu as enduré mes excès de toutes sortes et t’es relevé de chaque chute. Tu as su te soigner et être assez fort pour m’accompagner dans tous mes projets et dans toutes mes aventures. Tu m’as permis de goûter au chocolat, sentir le parfum de la cannelle les soirs d’hiver, toucher la terre qui m’a vue grandir, entendre le bruit des vagues sur le sable et voir toute la beauté de ce monde.

Tu m’as aussi offert la plus belle chose qui me soit arrivée, le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir : devenir mère. Tu m’as permis de créer et de donner la vie à mon tour. Tu as fait de la place pour accueillir ce petit être et lui permettre de grandir au creux de toi. Tu l’as nourri, protégé, abrité pendant neuf longs mois et tu lui as même donné la couleur de mes yeux. Je t’ai vu tout doucement changer, t’arrondir, t’alourdir du poids de la vie et je t’ai aimé ainsi. Tu as enduré avec courage les contractions et l’accouchement, au prix de ton intimité et de ta dignité.

Le jour où j’ai rencontré mon bébé, j’ai réalisé combien je t’avais sous-estimé et trop longtemps négligé. J’ai maintenant conscience de la force insoupçonnée que tu renfermes et de la résilience dont tu sais faire preuve à tout instant. Petit à petit, j’ai appris à admirer mes vergetures qui, comme la sève le long d’un arbre, coulent désormais sur mes seins, mon ventre et mes hanches, retraçant comme un souvenir encré le dessin de la vie. J’ai appris à voir avec un regard bienveillant la cellulite comme un vestige de ton sacrifice et de l’œuvre incroyable que tu as accomplie. J’ai vu mes cheveux tomber telles des feuilles d’automne laissant place à de nouveaux bourgeons, comme la fin d’un cycle, la fin d’une saison, la métamorphose de la femme d’hier devenue la mère d’aujourd’hui.

Je t’ai redécouvert au fil des années et des expériences vécues ensemble et désormais, je peux te dire avec conviction que je t’aime. Aujourd’hui, je ne veux plus avancer contre toi. J’ai envie de te cajoler, de te caresser, de te faire danser, nager, de dessiner des cœurs sur ta peau, de t’arroser comme un arbre centenaire et de te protéger envers et contre tout. Parce que tu es le seul que j’ai, et dorénavant le seul que je veuille.

Crédit : Ales Munt/Shutterstock.com

Manea Teraiharoa

Pas encore maman mais vivement animée par le désir de le devenir bientôt, je suis la belle-maman plus qu’imparfaite de deux ados aux caractères parfois détonants qui me font expérimenter par avance les grands bonheurs et les encore plus grands défis de la vie de famille. Les livres, pinceaux, crayons et instruments de musique complètent le joyeux bazar de mon quotidien et nourrissent mon esprit rêveur jamais rassasié. En espérant que ma plume audacieuse (parfois cinglante) vous emmène vers des univers qui ressemblent étrangement aux vôtres.

Plus d'articles

Post navigation

1 Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *