mother and daughter

J’ai accepté que je ne serais jamais cette maman

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Mon bébé,

On dit que lors d’une naissance, il y a trois personnes qui naissent en même temps, un bébé, une maman et un papa. Lorsque tu es né, je suis donc née pour la deuxième fois, je suis devenue ta maman.

Les deux premières années qui ont suivi ton arrivée ont été merveilleuses, calmes et limpides. Ton papa et moi avions l’impression de naviguer sur une mer sans vagues, où se mêlaient compréhension, confiance et sérénité mutuelle. Tu as été ce qu’on appelle bêtement “un bébé facile”; tu as dormi très vite et dans ta chambre, tu as fait tes dents sans un bruit, tu mangeais de tout et on pouvait te laisser sans souci, tu t’adaptais partout.

Au fil du temps, nous avons appris un tas de choses sur la meilleure façon de faire de toi un bon humain. Nous avons suivi des ateliers, appris ce qu’était l’éducation positive et bienveillante, comment faire en sorte que tu saches reconnaître et que tu apprivoises tes émotions et que tu puisses verbaliser ce qui pouvait t’arriver de beau et de moins beau dans ton quotidien.

Les gens me disaient que tu étais serein et épanoui. Je trouvais ça chouette d’être cette maman qui avait appris toutes ces choses pour t’aider à grandir d’une manière un peu différente de l’éducation que j’avais reçue enfant, même si je n’ai jamais craché sur la manière dont j’ai été élevée.

Et puis, quelques mois après ton deuxième anniversaire, les choses ont commencé à changer. Tu as commencé à affirmer de plus en plus ton caractère, à exiger avant même de demander. Tu as fait des crises, t’es tapé la tête sur le parquet et tu n’as plus voulu manger grand-chose. Tu ne voulais plus t’endormir que la main dans la mienne et plus rien faire qui pouvait représenter une contrainte. Chaque affrontement devenait une montagne à gravir pour moi, j’ai commencé à crier pour gagner du terrain alors que je n’en avais jamais eu besoin avant et je me suis mise à me sentir constamment coupable.

Puis un bon matin, beaucoup plus tard, j’ai cessé de m’en vouloir. J’ai compris que tout ce qu’on t’avait enseigné jusque-là avait véritablement forgé ta personnalité. Que, malgré ces moments pleins de contradictions que nous vivions, tu étais toujours le même enfant et que je ne pouvais exiger ni de toi, ni de moi, d’être parfait en permanence.  Et j’ai accepté.

J’ai accepté que je ne serais jamais cette maman toujours calme qui met un genou à terre pour te parler bien plus doucement que toi à chacune de tes colères.

J’ai accepté que je ne serais jamais cette maman qui te fait dessiner la roue des émotions à chaque fois que tu traverses un bouleversement dans ta vie.

J’ai accepté que je ne serais jamais cette maman qui cuisine bio, bon, sans trop de sucres, ni trop de sel le mercredi et les week-ends pour toute la semaine à venir.

J’ai accepté que je ne serais jamais cette maman qui fait de toutes les contraintes un jeu chaque jour et qui affiche des dessins au mur parce que le dessin ça aide à faire comprendre les choses.

Je suis cette maman, qui s’inspire de tout ça, qui prend ce qu’elle peut prendre, qui sait ce qui est bon pour toi, mais qui crie quand elle n’a plus d’autres solutions plus rigolotes dans son réservoir. Mais ça me va car j’ai cessé de me torturer pour être cette mère parfaite qui n’existe pas.

Je sais que je suis une bonne maman car je te vois t’épanouir et grandir de la plus belle des façons. Je vois avec mes yeux fiers la manière avec laquelle tu arrives à t’exprimer et à obtenir ce que tu veux.

Et je sais que c’est comme ça que je te donnerai toutes les clés pour avancer, en te montrant que maman a des failles, mais qu’elle n’a pas peur de les montrer.

Crédit : Drazen Zigic/Shutterstock.com

Marlène Therin

Maman d’une petite Hannah et d’un petit Andrea, je suis amoureuse de mon homme, de mes enfants et de la vie. Joyeuse, généreuse, bavarde, têtue et aussi organisée que désordonnée, je n’aime pas jouer aux Barbies mais j’adore cuisiner un bon gâteau, les films Disney du vendredi soir en famille, les mojitos entre copines et les restos en amoureux. Chaque jour, je tente de préserver cet équilibre fragile entre tous mes rôles en me rappelant que la vie de famille n’est peut-être pas « que du bonheur» mais qu’elle m’apporte quand même bien plus d’amour que d’emmerdes!

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2 Comments

  • Ton article est magnifique. Il m’a permis de voir que je n’etais pas seule a ne pas etre une maman « Naitre et Grandir ». J’aurais tellement, j’y ais mit des efforts, mais au final, je n’y suis pas parvenue.
    Merci beaucoup.

  • Un écrit superbe sincère …………une maman tout simplement pleine d émotions ; d honnêteté …..<3 !!et non un robot ; ni une "" photocopieuse "" cet enfant je crois à beaucoup de chance 🙂

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