mother with newborn

À toi qui n’es plus là, Maman

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Maman, j’aurais aimé que tu sois là pour vivre ma maternité avec moi. Que tu me voies en tant que maman, le rôle le plus grandiose de ma vie.

Durant ma grossesse, alors que la vie se développait en moi et que je renaissais de mes cendres, toi, tu t’éteignais à petits feux. Tu nous quittais, lentement. Tu te préparais à ouvrir tes ailes. Tu as vu mon ventre s’arrondir, tu as senti ma fille bouger à l’intérieur de moi, mais jamais tu n’auras pu la voir, la prendre. Tu as quitté ce monde, cruellement, quelque temps avant qu’elle n’y entre à son tour. Tu lui as passé le flambeau. Tu lui as cédé ta place. Ma fille a été une boule d’amour durant ces moments difficiles, comme une lueur d’espoir. Elle m’a aidée à continuer à vivre avec force et courage. Elle avait besoin de moi ; j’étais maintenant sa maman. Sa maman, qui venait de perdre la sienne. Elle comptait sur moi.

J’aurais eu besoin de toi. J’aurais encore besoin de toi. De ton aide, de ta présence, de ta sauce à spaghetti préparée tendrement pour les moments où j’en arrache, seule. J’aurais aimé que tu m’offres un moment de répit de temps à autre. Que tu me dépannes lorsque j’ai le souffle coupé et que j’ai besoin de m’aérer. J’aurais aimé qu’on passe des moments précieux tous les trois. J’aurais aimé que tu voies à quel point ta petite-fille est belle, intelligente, ricaneuse, coquine et curieuse. Que tu sois fière de moi. Que tu me dises que je fais bien les choses. Parce qu’il m’arrive souvent d’en douter.

Je sais que je peux te parler, même si j’ai parfois l’impression de le faire dans le vide. Je sais que tu me guides, mais à certains moments, l’anxiété est tellement puissante que je ne vois pas le chemin que tu me conseilles de prendre. Je te cherche. Je ne sais pas où tu es, mais je sais que tu es là, quelque part. Un peu partout mais nulle part à la fois. Tu es intouchable, intangible, mais je te ressens là, dans cette usine d’émotions qu’on appelle le cœur. Ce foutu cœur. J’en aurais long à te dire là-dessus.

Tu es dans les chansons que j’entends à la radio et que tu aimais, tu es dans les odeurs de repas réconfortants qui frôlent parfois mes narines. Tu es dans le vent qui fait danser mes cheveux, dans le soleil qui dore ma peau, dans les gouttes d’eau qui perlent au coin de mes yeux, dans le regard taquin de ma fille et dans les nuages que j’imagine être ta paisible maison.

Devenir maman sans la sienne, c’est quelque chose qu’on n’imagine pas. La perdre, peu importe quand, ça ne se peut pas. Parce que les mamans sont superwoman, immortelles aux yeux de leurs enfants, peu importe l’âge qu’ils ont. On se convainc tous innocemment que la nôtre sera toujours là. Que ce soit à cinq, treize, trente-deux ou soixante ans, perdre sa maman, c’est le plus grand déchirement d’une vie. Que tu aies eu une excellente relation avec elle ou que ça ait toujours été un chemin sinueux, doux-amer, quand ta mère part de l’autre côté, elle t’emmène un peu avec elle.

Maman, j’apprends encore à vivre sans toi. Je ne peux plus te serrer dans mes bras, entendre ta voix, te voir t’inquiéter pour nous, mais te parler me fait du bien. Je sais que tu m’entends.

Ne t’inquiète pas quand tu me vois pleurer en boule sur mon lit en disant ton nom. Je trouverai mon équilibre. J’aurais tellement, tellement de mots à te dire. Si tu savais… mais tu sais.

« Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout où je suis. »
Victor Hugo

Crédit : christinarosepix/Shutterstock.com

Vanessa Fuoco

Maman imparfaite (et maintenant séparée) d'une petite puce si adorable et si têtue, depuis janvier 2018, j'essaie de retrouver mon équilibre, qui en fait a toujours été une quête bien sinueuse. L'écriture, tout comme la spiritualité, la musique, le chant et la création sous toutes ses formes ont toujours eu une place de choix dans ma vie. Ma plume : une alliée, mon remède, mon déversoir de mots et de maux. Je suis une sensible (trop), une rêveuse (encore trop), une douce à la fois forte qui est passée par un lot de chemins rocailleux et qui tente d'avancer malgré tout, sereinement (encore à la recherche de cet état doux et calme). J'espère toucher plus d’une maman pour que nous nous sentions moins seules, ensemble.

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10 Comments

  • WOW! Merci pour ce texte qui est venu me toucher droit au cœur. Les larmes ont coulé à flot.

    Je n’ai pas perdu ma mère, mais malheureusement, malgré une très belle relation fusionnelle avec elle depuis toujours… La pandémie nous a éloigné l’une de l’autre comme si je l’avais perdu un peu… Même si nous pouvons nous voir plus souvent maintenant, j’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui a été brisé après mon accouchement (janvier 2020). Maintenant que je suis devenue maman à mon tour, je n’ai plus le contact si proche que j’avais avec la mienne. Elle adore sa petite-fille, mais c’est comme si maintenant que j’ai ma propre petite famille, ma mère avait enfin coupé le cordon (expression qui a toujours été utilisée entre nous, car j’ai toujours été collée à elle comme si j’y étais encore attachée par le cordon) et qu’elle pouvait vivre maintenant sa vie librement. J’aurais eu besoin d’elle plus que jamais durant les moments difficiles avec ma fille (nous avons découvert qu’elle avait une malformation à l’âge de 10 jours). J’aurais aimé qu’elle m’offre du répit alors que j’étais épuisée (ma fille n’a pas fait une nuit de plus de 2-3h à la fois jusqu’à l’âge de 14 mois). Je me suis sentie seule tellement souvent. J’aimerais tellement qu’on passe plus de temps ensemble toutes les trois. Qu’on retrouve notre grande complicité que nous avons toujours eu.

    Désolée pour ta perte Vanessa. Je peux très bien comprendre comment tu te sens parfois.

  • Merci pour ce texte sublime et qui me correspond tellement à travers ce que j’ai vécu… merci

  • Tellement bien écrit, tellement bien décrit… J’ai eu la joie de mettre au monde son petit-fils mais elle n’était plus là lors de ma deuxième grossesse et n’a pas eu l’occasion de connaître sa petite-fille. Un vide, un manque…

  • Magnifique texte…jai moi aussi perdu ma maman 3 semaines avant mon mariage et un an avant l’arrivée de mon fils…Comme toi ,j’aurais aimé qu’elle soit là,en plus elle n’attendait que ça,avoir des petits enfants…Jai aujourd’hui un petit mec (3ans)et une mini princesse (4mois) et je leur parle beaucoup de leur mami…on dit qu’elle est dans les étoiles….mais qu’est ce qu’elle manque…Tu as raison:devenir maman sans sa maman,ce n’est pas évident…Mais si comme moi tu as eu une maman géniale,on ne peut que s’inspirer de ce qu’elle nous ont apporté et de fait on saura faire ce qui est le mieux pour nos enfants..

  • Merci pour ce texte, qui ma fait pleurer et sourire.
    Cela est réconfortant de savoir que certaine personne on vécu cela et nous comprennent.
    J’ai vue ma maman quitter ce monde 4 mois avant que ma fille y arrive et c’est déchirant encore .
    Merci ❤️

  • Oh merci? j’en pleure mais cela fait du bien. Du bien de sortir cette peine qui nous quitte pas. J’ai la même histoire et quand ma fille me parle de sa mamie Lucie et qu’elle me fait sentir son parfum, j’ai toujours les larmes de tristesse qu’elles ne se connaîtront jamais et qu’elle aurait si bien pris soin de mes cocos et de moi. Xx

  • Un texte qui fait écho à tant de choses vécues, magnifiquement exprimé ! Merci, je me suis tant retrouvée dans vos mots avec mon petit garçon né tout juste au moment où on apprenait ton cancer maman, 8 longs mois… et un si grand vide aujourd’hui sans toi.

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