annoyed mother with kid

Je suis une maman et je suis en colère

annoyed mother with kid

Je suis une maman et je suis en colère.

J’ai cette impression qui me tenaille de ne pas vivre, seulement d’exister, d’être sur pause et sur le pilote automatique à la fois, d’attendre que le bout tough passe, que mes enfants grandissent, que la machine manque de batterie.

Je suis une maman et je suis en colère contre la vaisselle sale qui s’accumule aussi vite que la poussière, le linge fripé qui attend depuis trop longtemps dans le panier. Contre ma mijoteuse qui crame ma bouffe et mon lavabo qui dégoutte. Contre les femmes qui représentent tout ce que j’aimerais être; celles qui prennent le temps de s’entraîner malgré les petits, de faire des repas santé et bons au goût.

Je suis en colère contre mes émotions qui prennent le dessus sur ma logique et qui brouillent les cartes de mon humeur. Contre mon incapacité à me relever les manches sans me dire que tout est de la merde. Contre ce temps qui ne passe pas assez vite et qui me laisse mijoter dans mes tourments et ce temps qui passe trop vite parce que je le passe à vouloir autre chose pour le moment que jouer avec mes enfants.

Je suis en colère contre la femme, la blonde et la maman que je devrais être et celles que j’aimerais être parce qu’elles brillent par leur absence.

Je suis en colère de me plaindre le ventre plein.

Je suis en colère d’être en colère contre cette vie qui me rend pourtant si fière et accomplie. Je sème même des parcelles de mes petits bonheurs sur mon téléphone à grands coups de photos et de vidéos que je me retape le soir avant de me coucher, le sourire aux lèvres. Ces lèvres qui se déforment toutefois trop souvent dans un rictus de frustration et qui ne peuvent s’empêcher d’émettre des critiques à l’égard de mes enfants, mon chum, de tout et de rien.

Je suis en colère et cette colère que je m’inflige et que j’inflige à mes amours me gruge. Je suis fatiguée. Je ne peux pas vivre sans ce pour quoi je suis en colère puisque c’est aussi la source d’un immense et profond bonheur et d’une éternelle reconnaissance.

Je broie du noir, mais je porte mes lunettes roses; chaque petit gain d’autonomie de mes enfants, chaque heure de sommeil de plus et chaque baiser mouillé viennent assourdir un peu plus mon grondement intérieur.

Je suis une maman et je suis en colère. Mais aujourd’hui, plutôt que de m’en vouloir d’être fâchée, j’ai décidé d’accepter que la colère fait partie de la vie au même titre que l’amour et le bonheur.

Crédit : Bricolage/Shutterstock.com

Julie Pelletier

Bachelière ès arts et gourmande du verbe fin et de tartare, je consomme avidement les livres, le théâtre et la danse. Entre une coupe de vin blanc et une bière blanche, je m’abreuve de frissons et d’émoi. Du terrain de volley au tapis de mousse verte en forêt, je voyage souvent sur les territoires convoités de l’émerveillement. Certifiée maman d’un petit bonhomme et de deux belles jumelles identiques (quelques empreintes de la maternité à l’appui), je suis constamment ébranlée par des rafales d’émotions contradictoires. Ne mettez pas tout sur la faute des hormones, elles ont le dos large, mais j’ai le cœur encore plus grand!

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10 Comments

  • Merci pour ce texte. C’est presque au mot près ce que je ressens. Vous avez raison je crois qu’il faut accepter cette colère et arrêter de culpabiliser.
    Bon continuation.
    Pauline

  • Oufff.. Il y a un certain temps j’aurais pu écrire ce texte et je crois que beaucoup de parents (si ce n’est la totalité ;p) passent par ces gammes d’émotions. Il n’y a pas de miracle et encore juste 24h dans une journée et la maman « parfaite  » de la société ou de son idéal personnel n’est pas humaine ni réaliste. Le temps file et ne revient pas…. beau texte Julie, bien décrit !

  • Bonjour,

    Bon en gros, tu es maman normale !
    Et oui, accepter la colère en soi fait partie de la vie, l’accepter c’est accepter que l’on a des défauts et faire avec ! La vaisselle s’accumule et alors ? Tu te souviendras plus tard du sourire et de l’éclat de rire de tes enfants et pas du « désordre » dans ta maison. Le plus important c’est le temps vrai passé avec tes enfants et ils se souviendront de ta fierté de les voir grandir, de ton amour pour eux. La vaisselle, ils s’en foutent.
    Je me permets ces mots, car je suis une vieille maman et une jeune mamie.
    Laisse les critiques qui te blessent, c’est le but malheureusement et regarde ta vie qui (me) semble heureuse (c’est la première fois que je viens sur ton blog)
    Ne sois jamais la maman des magazines, sois-toi même, c’est ainsi que ton chum et tes enfants t’aiment
    En espérant que mes mots ne réactiveront pas ta colère, je te souhaite plein de petits et grands bonheurs
    Cécile

  • Hello,
    En gros t’est juste une maman quoi. J’aurais du dire par souci d’équité un ‘parent’. En tant que papa ayant la garde de ses loulous je partage. Ça va ça viens. L’important pour les parents c’est ce que disent les enfants. Un simple ‘ça va papa tu gère’ suffit amplement à embellir ma journée. Même si le linge est pas forcément à jour et qu’on mange rapidement. L’important est de trouver des moments de sourire et de les chérir.

  • Ouf tu décris là ma réalité ou plutôt mon quotidien actuellement et c’est bon de savoir que c’est partager. Le meilleur dans tout ça c’est vraiment d’avoir compris que c’est normal d’être en colère dans ce méli-mélo car il s’agit là d’une sainte colère. Celle qui ne te fais pas pour autant détester tes enfants et toute la famille que vous former. Après tout il faut accorder plus d’intérêt à ses bout de chou car il en va de leur devenir…

  • Très joli témoignage… Moi aussi je suis souvent en colère et je ne me le pardonne jamais… C’est rassurant de se savoir pas seule

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