mother with crying kid

Mon coeur, je sais que ça fait mal de grandir

Mon coeur,

Ça fait mal de grandir. Je le sais même si je ne te l’ai jamais dit.

Elle est dure, la vie. Quand je te vois partir pour l’école caché par ton sac à dos plus grand que toi et que tes frêles épaules portent déjà leur fardeau dans ce monde qui attend tellement de toi.

Elle est dure, la vie. Quand le petit bum de la cour décide de te faire trébucher. Quand, dans ton cours de mathématiques, tu te tiens la tête à deux mains et qu’une larme vient mouiller ton petit cahier.

Ça fait mal de grandir. Je le sais même si je ne te l’ai jamais dit.

Même si je souris comme un bonhomme Playmobil, même si je suis brûlée moi aussi. Même si ma face ne change pas quand une voiture vient de me couper à l’intersection.

Je le sais que tu la trouves essoufflante notre course toi aussi.

J’aimerais tellement te dire qu’on gagne quelque chose à la fin. Qu’on ne finit pas vieux et blasé devant une fenêtre en ne sachant plus écrire ni compter.

J’aimerais tellement te dire que tout ça a un sens, qu’on ne perd pas notre vie en tentant de la gagner. Que les responsabilités et les problèmes se tassent une fois rendu à la ligne d’arrivée.

Elle est dure cette vie mais tu sais, elle est belle aussi.

Elle est magique et spectaculaire à en couper le souffle parce que tu en fais partie.

Si tu voyais ce qu’il y a dans mes yeux le matin quand tu me tournes le dos et que tu marches de ton pas assuré jusqu’au rang de ta classe. Si tu savais ce que tu me fais en dedans.

Ça fait mal de grandir. Ça fait mal de devenir fort.

Je le sais même si je ne t’ai jamais dit qu’on naît tous faibles voués à se faire piétiner. Puis, qu’on fait notre place en laissant derrière nous le confort d’une doudou maintenant remisée. Qu’on laisse sans se retourner une part de nous chaque jour à la manière d’une vieille peau après une mue à vitesse grand V.

Elle est dure la vie, maintenant tu le sais.

Reste que je prendrais tous les coups de la cour de récré pour toi, si je le pouvais.

Reste que je me ferais toute petite dans ton coffre à crayons pour pouvoir vadrouiller les larmes de ton pupitre en bougeant les fesses jusqu’à ce que ça te fasse rire.

Reste que je ferais tout pour qu’une fois vieux sur le bord de ta fenêtre, ton cœur d’enfant gorgé d’amour se dise qu’elle a été belle, au final, cette vie.

Là, je l’aurai gagnée ma course.

Crédit : axis213/Shutterstock.com

Stéphanie Hébert

Femme de caractère, monoparentale et mère de deux petits monstres, je vous partage mes grandes joies et mes peines. Mon plus grand bonheur dans la vie ? Entendre le fou rire démoniaque de ma progéniture. Venez rire et pleurer avec moi au cœur de mon livre ouvert. Dans la vie, il nous est permis d'adorer ou de détester mais au final qui sommes-nous pour juger ?

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5 Comments

  • Tous les mots que j’aimerais pouvoir écrire et dire. Texte magnifique. Merci d’avoir mis des mots sur mes sentiments !

  • Votre texte est si fort de vérité que j’en pleure à chaudes larmes.
    Mon fils de deux ans et demi vit très mal la séparation lorsque je le dépose à l’école; grandir est parfois si douloureux!

    Merci de tout coeur de partager avec nous une partie de ce que beaucoup de parents peuvent ressentir sans le dire.

    • Je suis touchée profondément par vos commentaires. Mon but en tant qu’auteur est de faire réaliser que nous ne sommes jamais seul à vivre ce genre d’émotion. Amour et paix <3

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