Lettre à la maman de Norah et Romy Carpentier

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Chère Amélie,

Depuis quelques jours, tout le Québec pleure. Depuis quelques jours, tout le Québec a mal. Depuis quelques jours, tout le Québec ressent en partie ta peine. Cette peine qui t’a été si injustement infligée à toi, qui as perdu tes deux enfants, tes deux filles, tes deux trésors.

J’aimerais pouvoir trouver les mots justes pour t’envoyer tout le courage que cela te prendra pour affronter la suite de ton existence. Une dose incommensurable pour braver la tempête que ton coeur brisé doit traverser en ce moment. J’aimerais être en mesure de solliciter la force du monde entier pour la placer dans un costume que tu pourrais enfiler et qui pourrait te donner les superpouvoirs dont tu auras besoin dans les prochaines heures, les prochains jours, les prochaines semaines et les prochaines années.

J’aimerais pouvoir coucher sur cette page les paroles qui te feraient du bien. Je souhaiterais qu’elles te bercent, te réconfortent, te sécurisent, te protègent et t’enveloppent telle une couverture dans laquelle tu pourrais te camoufler pour échapper aux regards. Dans laquelle tu pourrais prendre le temps de souffler. Dans laquelle tu pourrais tenter de faire le vide, d’oublier le temps de verser quelques larmes.

J’aimerais te dire des mots qui auraient le pouvoir de diviser ta douleur, en prendre un morceau et l’apporter sous mon toit afin d’alléger ton fardeau. J’aimerais récupérer tes larmes afin d’apaiser ce raz-de-marée qui te submerge.

Plus que tout, j’aimerais que tu lises cette lettre et que mes souhaits pansent un peu ton coeur.

Il n’y a pas de mots justes, pas de paroles assez fortes, pour soigner ton vide. Donc je t’envoie tout mon amour et celui de millions d’autres personnes. Des personnes qui n’ont pas connu Norah et Romy, mais qui plongent avec toi, dans cette tempête, voulant à tout prix attraper la main de celle qui a donné la vie à deux trésors perdus beaucoup trop tôt.