sad kid alone

Mon enfant, j’ai peur de trop t’en demander

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Mon petit homme,

Sois gentil avec ta sœur. Sois poli avec les gens. Dis merci à ta tante. Mange ton assiette. Travaille fort à l’école. Il me semble que tu es jeune pour qu’on ait autant d’attentes envers toi. Est-ce que c’est moi qui s’en fais trop ou est-ce que tu le ressens, le poids constant de la pression que je te fais porter ?

Je te demande d’être patient avec ta petite sœur qui te « gosse tout le temps ». Je m’entends te répéter que tu seras heureux d’avoir une sœur quand tu seras grand. Mais pour toi, c’est encore très loin « être grand ». Mon frère aussi me tombait sur les nerfs quand j’étais enfant. Tu as le droit de ne pas avoir envie de jouer avec elle, de ne pas vouloir qu’elle te suive tout le temps.

Tu as le droit de ne pas vouloir faire de câlins à grand-maman, de ne pas parler avec ta tante que tu n’as vue que deux fois cette année ou de ne pas aimer le chou-fleur en purée. Tu as le droit de ne pas avoir envie de t’habiller le samedi ou de trouver tes cours de piano plates le mercredi. C’est correct, moi non plus je n’ai pas envie de me lever le lundi.

Cela dit, je ne peux pas te laisser toujours faire comme tu le voudrais. Je ne peux pas te laisser manger un Jos Louis comme dîner ni te laisser accumuler les C dans ton bulletin juste parce que tu ne veux pas te forcer. Alors il est où le juste milieu? Quand est-ce que je passe la ligne entre trop en demander ou simplement te pousser à faire de ton mieux? Quand est-ce que t’apprendre à vivre en société en disant « bonjour » et « merci » sans que cela ne se transforme en un non-respect de ton libre arbitre?

Tu sais mon grand, c’est vraiment compliqué d’être parent. Quand je te demande de pousser ta chaise et mettre ton plat au lave-vaisselle, ce n’est pas pour éviter d’avoir à le faire pour toi. Je pense simplement au jour où tu partiras en appartement; si j’ai toujours tout fait pour toi, tu vas frapper un mur. Je le sais parce que j’ai vécu la même chose et j’aimerais t’éviter un peu de cette montagne de « réalités de grand » qui va te débouler en pleine face à vingt ans.

La vérité, mon amour, c’est que je suis perdue. Entre mon rôle de guide et celui de protectrice. Entre mon envie de te dorloter et mon rôle qui consiste à t’éduquer. Je deviens inégale et confuse entre deux doses d’humour, une touche de compréhension, un peu de rigueur et beaucoup d’attention et je me demande si je t’offre le meilleur de moi lorsque j’exige le meilleur de toi.

Alors pour nuancer tout ça, voici ce que je te propose : ne sois pas parfait et  je ne le serai pas non plus. Fais de ton mieux et je le ferai aussi. J’accepterai tes erreurs et toi les miennes.

Sois simplement mon enfant au meilleur de tes connaissances et je serai simplement ta maman au meilleur des miennes.

Je t’aime.

Crédit : Ann in the uk/Shutterstock.com

Marie-Jo Sauriol

De nature un peu casse-cou, j'ai découvert en 2013 un défi vraiment à la hauteur: Passer de célibataire, sans enfants à belle-maman, temps plein de 2 enfants et ce, du jour au lendemain. De quoi m'en donner pour mon argent. Même sauter d'un avion ou descendre en rappel ne procure pas autant d'émotions fortes. Entre le taekwondo, le ballet, le piano et tumbling, les répits sont courts. Mes décisions sont parfois contestées et mes interventions peuvent être discutables, mais mon amour, même imparfait, reste sincère. Vive les défis!

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2 Comments

  • Tu rejoinds plusieurs parents avec tes mots. Tout simplement merci, sa fait du bien de pas se sentir seul a subir sa xxx

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