pregnant mother with kid

Je suis encore enceinte

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Je suis encore enceinte.

On dirait que je n’arrive pas à dire simplement que je suis enceinte. J’ai l’impression que c’était hier que je tenais un test positif entre mes mains pour la première fois. Sauf qu’aujourdhui, je regarde les petites lignes du test sur fond de bébé qui gazouille en jouant avec son papa. Positif. C’est ça que le test indique. Alors que j’ai aussi attendu ce deuxième résultat avec autant d’impatience que le premier, pourquoi ma réaction n’est pas la même?

Je suis encore enceinte.

Pourquoi les larmes de joie ne mouillent pas mes joues alors que j’avais prévu cette grossesse et que je l’anticipais avec bonheur ? Ça ne fait que quelques instants qu’un petit bâton vient de m’annoncer qu’un deuxième bébé a fait son nid dans mon ventre et déjà, la différence est frappante, et je réalise que ce ne sera pas pareil comme la première fois. Je ne revivrai pas ma grossesse numéro un. Même si mon premier enfant a déjà transformé ma vie, celui-ci, je le sens, viendra chambouler l’équilibre que je commence enfin à retrouver. Et mon bébé, lui? Ce n’est pas exactement comme s’il nous avait demandé un petit frère ou une petite sœur. Sa vie à lui aussi s’apprête à changer radicalement.

Je suis encore enceinte.

J’avais hâte que ça arrive. Mais tout à coup, je ne me sens pas prête. Mon bébé est encore si jeune. Pas un jour passe sans que je ressente un brin de nostalgie de le voir vieillir. Ça passe trop vite, c’est ce que tout le monde dit. Et c’est vrai. Mais ça va passer encore plus vite avec deux bébés. Je regarde les deux petites lignes de nouveau. Je ne sais pas trop comment réagir.

Je suis encore enceinte.

Je regarde mon bébé jouer et les larmes me montent aux yeux. Bientôt ce ne sera plus lui, mon bébé, et je vais avoir moins de temps à lui consacrer. La fatigue du premier trimestre m’affecte déjà et je sens que je ne parviens plus à lui donner toute mon énergie. Mon attention est divisée. Je touche mon ventre, je pense à notre petite crevette qui s’y trouve bien au chaud. Je lève les yeux, je vois mon bébé. Mon grand?

Je suis encore enceinte.

Moi qui ne veux rien manquer. Comment vais-je faire pour jongler entre l’intensité des premiers jours de vie de mon deuxième et les besoins en constante évolution de mon plus grand ? Mon 100% va devenir 50%? Ou je vais donner mon 200% et me brûler au passage? La culpabilité maternelle m’envahit. Ma grossesse va bousculer à jamais l’univers de mon p’tit homme. Il est trop jeune pour ça. Il a le droit de m’avoir à lui tout seul un peu plus longtemps. J’ai failli à mon rôle de mère. J’ai fait passer mes envies avant les besoins de mon enfant. C’était quoi l’idée?

Je suis encore enceinte.

J’ai laissé le petit bâton bien en évidence toute la semaine. Pour apprivoiser ma nouvelle réalité. Je suis enceinte. On est gâtés par la vie, ma petite famille et moi. Je suis reconnaissante envers mon corps de me permettre de porter la vie de nouveau. Mais, et c’est important qu’on en parle, j’ai aussi le droit de me sentir angoissée par moments à la perspective de voir ma famille s’agrandir.

Je suis encore enceinte.

Et j’ai le droit de dire que le premier trimestre est pénible. De me plaindre des nausées et de la fatigue. D’être nostalgique de nos moments à trois qui s’achèveront bientôt et de mon ventre ballonné qui avait presque repris sa forme initiale. J’ai le droit d’accueillir le doute comme la joie et de me remettre en question en pleine nuit alors que mon bébé me réclame et que je veux juste dormir.

Je suis encore enceinte.

Ça me comble de bonheur et de peur.

C’est normal.

C’est correct.

C’est aussi ça la maternité.

Crédit : Natalia Deriabina/Shutterstock.com

Maude Lamont

Enseignante, passionnée de vélo de montagne et de plein air en général, j’ai toujours vécu ma vie à 110%. Même enceinte de 40 semaines je faisais de la raquette en montagne. La maternité m’oblige à ralentir et à accepter de ne pas tout contrôler, deux choses que j’ai toujours trouvées difficiles, voire impossibles. Heureusement mon garçon me permet d’apprécier cette lenteur et ce lâcher prise qui font partie de mon quotidien depuis sa venue au monde. À travers l’écriture, j’ai envie de partager avec vous mes apprentissages, mais aussi les zones d’ombres de la vie de nouvelle maman.

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1 Comment

  • Ah comme je te reconnais, écrivaine et tellement pleine de gros bon sens!! Tu sais, apprécie le « Moment Présent »! C’est très important comme il est aussi important de prévoir, mais avec ma mère qui avait l’Alzeihmer, nous avons appris toute la signification de ce temps! C’est tout à fait normal et je trouve l’idée d’en parler et de mettre en vue ton test positif très réconfortant pour apprivoiser l’avenir….L’avenir ou le Moment Présent ? Haha! Ta petite crevette comme tu dis, enrichira ce que vous êtes déjà tous ensemble. Elle est déjà là cette présence, cet enfant qui naîtra! Vous aurez tant de beaux et oui, quelques plus difficiles moments probablement, mais tu es bien entourée surement et les meilleurs moments prendront plus d’importance!
    L’an ptochain, en janvier, je prendrai ma retraite, on ira se promener ensemble avec tes enfants si tu veux! Tu accouches quand? Continue d’écrire, tu es si talentueuse! xx

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