sad woman alone at home

Reste donc seule un peu, la mère séparée

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À toi qui viens de te séparer et qui t’empresses de télécharger une application de rencontres, j’ai un message pour toi : reste donc seule un peu.

Prends donc le temps de lessiver tes draps, de te remettre de ta peine, de ta déception, de ta dernière relation, fréquentation, name it, avant de penser tout de suite à ta prochaine date. Tu sais, l’amour ne devrait pas être une succession d’histoires qui se chevauchent et s’entrecroisent, un disque éternel qui enfile les pistes chanson après chanson de répertoire en répertoire.

Prends donc le temps de t’aimer. De t’accorder une pause, de mettre ton téléphone sur mute, d’arrêter de vivre par procuration et ne t’en fais pas, l’amour va être encore là quand tu seras prête.

Des gens pas prêts, il y en a un char pis une barge sur les applis de rencontres.

Sur ces sites, ça pleut le monde malhonnête et malintentionné qui veulent le beurre, l’argent du beurre, le bœuf et pis l’œuf.

Sur ces sites, tu trouveras aussi des gens blessés et des gens essoufflés par la danse que la solitude guette. Des êtres démolis, à cœur ouvert, qui se font rentrer dedans, pas prêts du tout à encaisser. Du monde qui ont des problèmes si lourds en dedans, qu’ils n’ont plus du tout l’équilibre ni même l’envie de danser.

Du monde qui, justement, ne prennent pas la peine de rester seuls un moment.

La plupart du monde scotchés sur les applis de rencontres ne savent même pas qui ils sont et ce qu’ils font là à lancer des : « Salut, ça va ? » en guise de véritables appels à l’aide.

Tu seras celle qui les sauvera l’espace d’une nuit, voire de quelques semaines, de leur solitude mortelle, de leur peur existentielle de vivre sans quelqu’un. On se fout de qui tu es, de ce que tu vaux; on veut juste t’avoir le plus tôt possible, tant que ton corps est chaud.

Plus tôt que tard quand on rencontre pour les mauvaises raisons, qu’on fréquente quelqu’un juste pour ne pas être seul, la balloune nous pète dans face.

Ça fait que reste donc seule un peu, la mère.

Reste seule jusqu’à ce que le silence soit quelque chose d’agréable à ton oreille et que la paix soit quelque chose de bien ancré en toi.

Reste seule au point de te demander où est ton cell, de ne pas t’en souvenir pis de te dire fuck it, je manquerai de batterie.

Reste seule et vis simplement l’instant présent; sois égoïste de ne pas le partager. Savoure-le dans chaque parcelle de qui tu es.

Rendue là, tu pourras repartir une chanson puis te surprendre à danser de nouveau avec quelqu’un qui aura été bien seul aussi et qui t’aimera pour les bonnes raisons.

Ce jour-là, tu auras l’impression de ne jamais avoir dansé auparavant. Ça va s’appeler l’amour, le vrai, le grand.

Crédit : Natalia Lebedinskaia/Shutterstock.com

Stéphanie Hébert

Femme de caractère, monoparentale et mère de deux petits monstres, je vous partage mes grandes joies et mes peines. Mon plus grand bonheur dans la vie ? Entendre le fou rire démoniaque de ma progéniture. Venez rire et pleurer avec moi au cœur de mon livre ouvert. Dans la vie, il nous est permis d'adorer ou de détester mais au final qui sommes-nous pour juger ?

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1 Comment

  • Je trouve que c’est un texte plein de gros bon sens et fort bien écrit.
    Toutefois, il manque peut-être un peu d’empathie.
    Il me semble que les femmes désespérées de se trouver un conjoint, comme si l’attention d’un homme était nécessaire pour valider leur existence, doivent souvent souffrir de solitude.
    J’ai l’impression (mais peut-être me trompé-je), que si ces femmes étaient mieux entourées (liens familiaux forts, amitiés authentiques), elles auraient moins tendance à courir aussi frénétiquement après un partenaire…
    Une femme qui sort d’une relation de couple malsaine (manipulateur, pervers-narcissique, etc) sera sans doute très isolée parce que le but d’un conjoint contrôlant est justement de faire en sorte que sa (ou son) partenaire se coupe de ses liens extérieurs.
    Le réflexe de cette femme sera probablement de se « garocher » dans une autre relation. Et non, ce n’est pas sain du tout. Je suis d’accord avec vous sur ce point.
    Mais plutôt que de l’enjoindre à rester seule, peut-être devrions-nous plutôt l’encourager à découvrir la vraie valeur d’une amitié, et même, les joies de sortir avec de simples copines.
    Oui, il faut apprendre à être bien seule, je vous le concède. Se permettre d’aller seule au cinéma et au restaurant, accompagnée d’un livre, se promener en rêvassant, ça fait du bien.
    Mais être trop souvent seule, ça pèse. Et c’est normal.
    Je pense que plutôt que de prodiguer à ses femmes des conseils, le mieux serait de leur montrer notre soutien.
    🙂
    (J’écris mon texte en parlant des femmes, mais ça vaut aussi pour les hommes, parce que des manipulatrices et des perverses-narcissiques, ça existe aussi).

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