sad woman miscarriage concept

Je me croyais à l’abri des fausses couches

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Maman de deux merveilleux enfants, je me suis toujours sentie privilégiée dans la vie de les avoir eus sans trop attendre, sans fausse joie, sans peine, sans peur, sans incompréhension et sans frustration.

Lorsque la deuxième petite ligne qui change une vie a fait son apparition pour une troisième fois tant désirée, je me suis empressée d’apprendre la grande nouvelle à mes proches et mes enfants, lesquels parlaient déjà à mon ventre, me donnaient déjà des choix de prénoms, lui trouvaient déjà une place à la table.

Puis, tout à coup, ce que toutes les femmes enceintes craignent est apparu. Des saignements. Au début, moins inquiétants, mais finalement de plus en plus abondants. J’ai voulu continuer d’y croire jusqu’à la dernière minute, mais cette lueur d’espoir s’est peu à peu mise à disparaître au fil des serviettes qui elles, se remplissaient.

Je me suis mise à voir rouge et une gamme d’émotions s’est emparée de moi.

J’ai ressenti du regret.

J’ai regretté toutes ces fois où j’ai tiré les enfants en traîneau jusqu’en haut de la côte, ces matins pressés où j’ai pris mon plus jeune dans mes bras, recevant un coup de pied au ventre involontaire au passage, ces soirs où j’ai veillé plus tard que prévu, bref toutes ces fois où j’en ai fait trop. J’ai cru que c’était peut-être moi, que j’aurais pu faire autrement. On me disait que non. Je sais maintenant que ce n’était pas ma faute.

J’ai ressenti de la tristesse.

J’ai pleuré en pensant à la meilleure façon de l’annoncer à nos enfants et nos proches, en voyant traîner ce petit pyjama unisexe reçu en cadeau, en me regardant dans le miroir et en m’imaginant encore ce ventre qui commençait selon moi à paraître. Cela est sans compter cette tristesse refoulée à l’intérieur de moi qui se manifestait chaque fois qu’on me demandait comment j’allais ou cette fois où je n’ai pas pu retenir mes larmes et que je suis partie en pleurs.

J’ai ressenti de la colère.

J’étais frustrée contre moi-même d’avoir déjà acheté ce linge de maternité. Contre ma tête qui m’a fait croire plusieurs fois l’espace de quelques secondes que j’étais encore enceinte. Contre ma simple main qui flattait encore inconsciemment mon ventre. Contre mon corps qui manifestait encore des symptômes de grossesse. Contre le temps qui reportait notre plan d’avoir un autre enfant, on ne sait de combien de mois. Contre la vie de donner des enfants à ceux qui n’en veulent pas ou qui n’en méritent pas.

J’ai ressenti de la peur.

Celle de revivre cette souffrance qui t’arrache le cœur, tes espoirs, tes projets. Celle qui crée un vide à l’intérieur de toi. Celle qui chamboule ta vie, notre vie. Je sais que dans l’avenir, j’aurai peur de savourer pleinement ma prochaine grossesse. Que chaque semaine sera comptée. Que chaque mauvais signe me fera craindre le pire.

C’est une douleur qui ne devrait pas être banalisée ni taboue. Nous devrions en parler davantage pour mieux la surmonter, surtout que c’est à ce moment que nous comprenons à quel point nous ne sommes pas seules et ô combien de femmes l’ont vécue. Ne laissons pas ce mal nous gruger l’intérieur.

Crédit : Motortion Films/Shutterstock.com

Amélie Madore Côté

Mère, conjointe, femme, fille, amie, secrétaire et tout ça à temps plein (du moins j’essaie!) je suis continuellement à la recherche d’un équilibre parmi tous ces chapeaux (comme toutes les femmes!) et mon crédo est « optimisons notre temps ». Maman de deux merveilleux garçons, j’apprends continuellement sur ce rôle le plus important de ma vie. Je me questionne continuellement, mais je me trouve, malgré tout, parfaite dans mes imperfections (faut bien essayer de se convaincre!). Chose sûre : j’ai beaucoup à dire sur la vie de parents surchargée, mais si belle à la fois! Je suis… fièrement cinglante!

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7 Comments

  • Perdue 3 avant d’avoir mes deux grands garçons 39 ans et 41 ans maintenant mais pas eu le courage d’essayer pour un troisième!!!!!!!merci la vie !!!!

  • Bonjour à toi,
    Merci pour ton beau texte c’est tellement sa sa fait peur par la suite tu as peur de revivre sa pour te protéger. L’avenir nous dira si le positif gagnera.

  • Justement ma belle sœur viens d ecrire une chanson a ce sujet. Voir le lien plus bas. Moi et elle l avons vécu et même apres plusieurs années ont n oublie pas. Maintenant nous avons peur que nos filles le vive…

  • Moi aussi maman de 2 beaux garçons je viens de vivre ma deuxième fausse couche je me reconnais tellement dans ce texte …maintenant je crains beaucoup une nouvelle grossesse …un jour à la fois

  • Il s’agit d’un texte merveilleux. J’ai accouché le 25 janvier de mon bb arc-en-ciel après avoir vécu 4 fausses couche. Il n’y a pas un jour ou je ne remercie pas la vie de me permettre de vivre ce petit bonheur à nouveau (j’ai un grand garçon de 14 ans)mais les fausses couches laissent des traces plus profondes qu’on peut le croire, tous les jours j’ai peur, peur que la vie m’enlève ce rêve maintenant réalisé. Une peur incompréhensible pour la plus part et incontrôlable pour moi même. Il faut en parler afin que tous comprenne cette douleur intangible qui nous habite suite à la perte d’un enfant qui « n’existe » pas pour certains tant que celui-ci n’est pas né… mais en réalité dès que le résultat est positif nous sommes de nouveau maman a tout jamais. Bon courage à tous et surtout, n’oubliez pas vos conjoints puisqu’ils souffrent en silence eux aussi.

  • Vécu deux fausses couches avant d’avoir un.e fille qui a trois ans et un garçon de 10 mois. Je remercie la vie qui me permet de vivre ce magasin bonheur. Après ma deuxième fausse couche , je me questionnais à savoir si je n’avais pas un problème de fertilité et pas longtemps après je suis tombée enceinte. C’est sûr qu’à la grossesse de mon premier enfant j’ai eu une peur que une troisième fausse couche survienne.

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