mother delivery hospital

À toi dont l’accouchement ne s’est pas passé comme tu le souhaitais

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Pendant ta grossesse, Hollywood et Instagram ont peuplé ton imaginaire de merveilleuses scènes d’accouchement dans lesquelles tu accouchais dans une chambre remplie de lumière naturelle sous le regard amoureux du futur papa, un médecin te disant de pousser, la tête entre tes genoux, une infirmière t’encourageant et finalement, au bout d’un long gémissement, un bout de vie, un bébé, le tien sorti et posé sur ton ventre pour un doux moment de tendresse.

Sauf qu’aujourd’hui, pour toi, tout ça est devenu un simple rêve qui ne s’est jamais concrétisé. Un rêve qui te hante et te blesse parce que ta rentrée dans le monde de la maternité s’est faite en catastrophe.

Sans que tu ne le vois venir, ta chambre s’est remplie d’étrangers venus briser le silence et l’ambiance tamisée prescrits sur ton plan de naissance en trois copies en parlant vite, fort et en lançant les mots « forceps », « détresse cardiaque », « urgence » et « césarienne » à tout vent entre et pendant tes contractions. Celles qui viennent avant le moment où il faut pousser. Celles que tu gères à froid depuis des heures parce que tu tenais à avoir un accouchement naturel. Celles que tu croyais bien les dernières.

Puis sans trop plus d’avertissements, ton lit s’est mis à bouger en direction du bloc opératoire, écrasant tes plus beaux souvenirs d’accouchement du même coup.

Toutes les fois que tu t’es figurée ce tant attendu moment, tu n’as jamais pensé à la froideur d’une table d’opération. Tu n’as jamais pensé qu’il était possible que tu mettes ton enfant au monde les bras attachés. Tu n’as jamais pensé que la peur, la panique et le chaos pouvaient prendre le dessus sur le beau. Rien ne t’avait préparée à la détresse d’un enfant qui naît mais qui ne pleure pas, ne respire pas et ne va pas bien parce qu’un bébé, c’est rose, pas bleu. Un test d’Apgar de 2, c’est pour les autres. Jamais tu ne t’étais figurée la détresse des heures passées seule en salle de réveil sans avoir vu ton bébé, sans même savoir comment il va ni si c’est un garçon ou une fille, trop effrayée par les réponses que l’infirmière de garde pourrait t’offrir.

Quand tu as finalement rencontré ton bébé aux soins néonataux quelques heures plus tard, ça a été magique mais tu es restée sur ta faim. Un petit vide creusant son deuil dans ton ventre.

Ton accouchement n’a pas été à la hauteur de tes attentes. C’est un drôle de sentiment d’être déçue par le plus beau moment de sa vie sans parler de la honte et la culpabilité de ne pas avoir été capable d’accomplir ta première véritable tâche en tant que maman, le projet qui te mène à la promotion : mettre ton enfant au monde.

Mais la vérité, c’est que cet événement-là n’est ni plus ni moins qu’un cours intensif qui te prépare à ce qui s’en vient parce que la vie de maman est composée d’imprévus incontrôlables qui te dépasseront bien souvent.

Au diable tes idéaux, tes désirs et tes plans; c’est l’heure de faire de la limonade parce que la parentalité regorge de citrons.

Les photos Facebook des premiers doux moments de mes chums de filles et leurs enfants me feront toujours un petit pincement au cœur. Ce vide et cette déception m’habitent toujours mais aujourd’hui, je n’ai plus honte de mon histoire; j’en suis fière. Parce qu’elle a fait de moi une maman, la maman que je suis.

Crédit : Ekaterina Pokrovsky/Shutterstock.com

Mélanie Berlinguette

Parent unique pas tant parce que je suis spéciale mais plutôt parce que je suis seule, ma parentalité est un terrain fertile pour une bonne gamme d’émotions, d’épreuves, de moments cocasses/doux/angoissants/embarrassants/privilégiés/mémorables. Être « le » parent est une job dure et ingrate qui paye en câlins collants et en linge sale mais c’est la meilleure promotion que j’ai eu de ma vie.

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1 Comment

  • C’est vrai que c’est difficile de composer avec le fait que « j’ai même pas été capable de l’accoucher comme les autres! ». En plus, le mien est parti en ambulance au Children dès sa naissance et est resté hospitalisé sans droit de visite à part les parents. Alors j’ai dû aussi faire le deuil des belles photos d’hôpital que tout le monde prend dans la chambre, chacun avec le bébé dans leur bras… mais bon… ca fait quand même de moi une bonne maman, même si le début ne s’est pas passé du tout comme je l’imaginais!

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