police officer with kid

Je te remercie, cher parent policier

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Chère maman policière, cher papa policier,

Dans ce monde où tout va trop vite, où il y a trop de jugement et pas assez d’empathie, j’aimerais te remercier.

Je sais à quel point ton métier peut être difficile, éreintant et déprimant. Tu es confronté à la détresse, au malheur, au chagrin, sans compter toutes les fois où tu mets ta vie en danger.

Dans ce monde où les policiers sont de plus en plus souvent appelés à exercer un rôle de travailleur social et de psychologue, tu mets plus souvent qu’autrement ta propre santé mentale en péril; tu es témoin de drames et ta tête est remplie d’images choquantes.

Tu côtoies la maladie, la souffrance, la mort et l’échec lorsque tu ne parviens pas à sauver certaines personnes ni à en arrêter d’autres. Tu es peut-être hanté par de terribles souvenirs alors que certains de tes collègues souffrent de traumatismes.

Au quotidien, tu dois être fort, faire la part des choses et ne pas ramener ce fardeau à la maison. Tu ne dois pas contaminer ta propre famille avec toute cette douleur, tu dois tout laisser sur le pas de la porte et afficher un sourire. Tu dois malgré tout être un bon parent et passer du temps de qualité avec tes enfants.

Tu te sacrifies, en tant qu’individu, pour veiller au bien-être de tous. Tu te sacrifies aussi en tant que parent, afin que nos enfants soient en sécurité. Tu ne comptes plus les spectacles de fin d’année, les fêtes d’anniversaire et les compétitions sportives que tu as ratés parce que tu étais en service ce jour-là. Tu ne comptes plus ces matins où tu n’as pas pu embrasser tes enfants avant leur départ pour l’école parce que tu as fait du temps supplémentaire et que tu es rentré plus tard que prévu. Tu ne comptes plus toutes ces journées où tu as été moins patient avec tes enfants parce que tu venais de faire trois shifts en ligne; c’est normal d’être moins patient quand on dort seulement six heures en deux jours et que tu dois rentrer au poste pour ton dernier shift de nuit. Tu ne comptes plus les fois où tu n’as pas pu accompagner tes enfants pour une activité puisque tu étais de garde ou sur appel. Au fil des ans, tu as cessé de faire le compte de ces petits moments du quotidien et des événements marquants que tu as ratés.

Tu dois également endurer les insultes et le discours haineux dont tu fais souvent l’objet. Tes détracteurs sont nombreux, ils te jugent, te traitent de tous les noms. Ils pensent que tous les policiers sont véreux, que vous profitez du système et que vous dépassez vos droits. Il y a certainement des policiers indignes d’avoir un insigne, mais c’est le cas dans toutes les professions. C’est peut-être seulement plus frappant parce que vous portez un uniforme et que vous n’êtes pas cachés dans un bureau.

À ces gens-là, je réponds de se mettre à ta place pour une journée, seulement une, afin de savoir ce que c’est de toujours devoir marcher plus que droit, d’être observé et jugé par tout le monde. Réaliser à quel point la pratique est différente de la théorie. Comprendre que tu as un quart de seconde pour prendre une décision dans le feu de l’action.

À toi, chère maman policière, cher papa policier, je tiens à ce que tu saches que j’apprécie ton travail. Je suis heureuse que tu exerces ta profession parce que je ne prendrais pas ta place. Je ne passerais pas des nuits blanches dans une auto-patrouille à répondre aux appels de violence conjugale, de vols, d’individus barricadés et de délits de fuite. Je n’aimerais pas me faire cracher dessus par un bandit et risquer de tomber malade.

Pour tous ces bisous que tu n’as pas donnés, toutes ces comptines que tu n’as pas chantées, tous ces fous rires que tu n’as pas partagés, je te remercie. Je te remercie de faire ces nombreux sacrifices afin que nos enfants grandissent dans un monde sécuritaire.

Je te remercie d’avoir choisi cette carrière afin qu’en tant que parent, je puisse vivre ces moments avec mes enfants en toute sécurité.

Crédit : LightField Studios/Shutterstock.com

Vanessa

En plein dans la trentaine, maman d’un garçon de 5 ans et d’une fille de 3 ans, je jongle comme un peu tout le monde avec la famille, la vie sociale, le sport et le travail. Je suis très exigeante envers moi-même, et ce, dans toutes les sphères de ma vie. La maternité ne fait pas exception alors je tente de relativiser les choses et de prendre le tout avec un grain de sel. Même deux. J’aime mélanger les méthodes et les façons de faire concernant la famille afin d’avoir la combinaison parfaite pour nous.

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16 Comments

  • Wow. Merci tellement pour ce texte infiniment vrai. Merci pour mon conjoint, papa de mes 2 enfants, papa policier. Juste merci. ❤

  • Chère Vanessa,

    Je suis une maman policier depuis 25 ans et je vous remercie beaucoup pour ce magnifique texte. Vous avez parfaitement bien résumé mon métier dont j’ai bien souvent beaucoup de mal à parler tant il est complexe, dur mais duquel je tire tant de joies aussi. Dans une société où mes collègues et moi même avons le sentiment d’avoir plus de détracteurs que de sympathisants, vos mots chaleureux réchauffent mon cœur et me rappellent pourquoi j’ai choisi ce métier. Merci 1000 fois ?

  • J’ai tant perdue mais ne le voyais pas le moment présent! J’en paie le prix fort maintenant…Ceux qui m’aiment diront que j’ étais bon ou à ma place ; ceux qui m’aiment moins diront : tu étais payé pour ça …Certains osent dire que je ne regarde que mon nombril encore alors que je suis le même que lorsque je donnais de mon mieux à chaque quart de travail!J’ai toujours donné en me disant que j’aurais voulu être traité comme je
    donnais !
    Oui ça fait mal de lire ce texte car il
    explique ce qu’il y a dans mon cœur ; malgré tout je ferais encore ce métier comme je l’aïe fait car j’aime mon prochain et j’avais l’impression d’aider et d’être utile!

  • Chère Vanessa, Je vous confirme qu’il existe des policiers qui ne méritent pas d’avoir un insigne. Je suis surveillée et suivie dans tous mes déplacements depuis cinq années. Mon ordinateur est regardé à distance et certainement aussi sur écoutes téléphoniques. Sans jamais avoir été convoquée par ces policiers. Lorsqu’on n’a strictement rien à se reprocher, ce qui est mon cas, un tel dispositif semble surréaliste et illégitime. J’ai durant ces années lutté contre cette injustice, parfois je le reconnais de façon impolie. Mais cette harcèlement m’a anéanti. C’est long cinq ans, comment j’ai pu tenir, je ne sais pas. Mais un mot me viens à l’esprit, c’est la résilience. Définition du mot résilience : Aptitude d’ un individu à vivre de manière normal en dépit de circonstances traumatiques, à fortes portées émotionnelles et qui entraînent chez lui des troubles psychiques ou somatiques par suite de son incapacité à y répondre immédiatement de façon adéquate. Voilà, Vanessa, se que je vis depuis ces cinq longues années.

    • Bonjour à toi Sandrine je ne comprend pas ce que tu dis? Qu’on te surveille bref es tu policière? Et peu importe si t’as riens à te reprocher alors laisse les s’amuser à te surveiller . L’important est d’avoir ta conscience tranquille en fessant du mieux que tu peu!!;) Bonne chance et merci pour tout ce que tu fais pour ta communauté!!;)

  • Quel beau texte qui traduit si bien la réalité des policiers. J’ai été moi-même policière pendant quelques années. Après avoir eu mes enfants, je n’ai pas repris mes fonctions, pour toutes les raisons que vous énumérez. J’adorais mon métier, mais je n’était pas prête à faire ces sacrifices. Ceux qui arrivent à conjuguer la profession à leur vie familiale ont tout mon admiration. Vous êtes géniaux et très généreux. Le métier de policier n’est pas qu’une profession : c’est une vocation, c’est un vrai don de soi. Soutenez vos policiers, ils travaillent fort pour vous!

  • Je n’ai pas de mots assez fort et assez dignes pour vous remercier. Votre texte, votre pensée et votre empathie envers ma profession que j exerce depuis 20 ans, après avoir tout juste entamée ma 20eme année de vie, j ai été maintes fois plongée dans l’invraisemblable, l horreur et l’indicible.
    Des visions qui me hanteront toute ma vie.
    Mais aussi des moments de cohésion inoubliables, de joies et de petits moments passés avec mes collègues qui pour certains sont devenus de vrais amis. Une seconde famille après celle que j ai eu la joie de composer avec mon époux depuis 20 ans, 5 enfants qui savent et qui me voient pleurer quand j enterre ceux qui nous ont quittés, en préférant quitter cette terre tout simplement parce que sur cette dernière il existe des gens qui se croient assez forts et malins pour détruire les saines pensées d un policier(e) alors que nous sommes là, debouts, la tête haute pour secourir notre prochain. Si seulement tout le monde pouvait penser comme vous, le monde se porterait beaucoup mieux… un immense merci à vous. Je vous embrasse. Force et honneur.

  • Tout simplement magnifique et ultra touchant!

    Je suis une employée civile d’un service de police et la fille d’un défunt policier. Donc, je connais toutes les facettes de la profession et de tous les compromis imposés. J’ai connu la réalité familiale et avec mon travail j’ai connu ces moments ou ceux et celles qui pratiquent ce métier doivent laisser leur journée dans leur casier avant leur retour à la maison. Bien qu’ils doivent compartimenter et verrouiller à double tours certains événements ou interventions, il faut se rappeler qu’ils et qu’elles sont avant tout des humains…

    À vous les familles, les conjoints, les conjointes, les mères, les pères et même les amis de nos policières et vos policiers, je vous dis MERCI! MERCI pou votre amour, votre support, votre compréhension!!!

  • Je fais ce métier et il a totalement détruit ma vie conjugale et familiale. Jamais je ne referais la même profession si j’avais su à quel point ce métier était destructeur. Je n’encourage personne à le faire car vous allez le regretter. Votre vision de la vie va assurément changer et pas pour le mieux. Je me sens comme un détenu qui purge une sentence.

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