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Déjà un an que tu es parti, mon Alexis

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Un an. Déjà un an que tu es parti. Ou devrais-je plutôt dire seulement un an? Je ne sais plus. Le temps s’est arrêté pour moi au moment où tu as pris ton dernier souffle, où tu m’as regardée pour la dernière fois. À ce moment, une partie de moi s’est envolée avec toi.

Je savais que ce moment allait arriver. Que ton corps, encore si petit, n’en pouvait plus de se battre contre toutes les attaques qu’il subissait. Je suis soulagée que tu aies joué et souri jusqu’au bout, et que tu ne souffres plus. Mais je continue de me demander pourquoi tu as dû souffrir. Tu ne méritais pas de passer la moitié de ta vie à l’hôpital à subir des traitements et des tests, parfois invasifs. Tu méritais de grandir aux côtés de ta grande soeur, et ta grande soeur méritait de vivre une vie insouciante avec toi. Elle est encore jeune mais vit déjà avec un fardeau si lourd. Elle aurait voulu que tu sois là à sa fête. Elle aurait voulu te montrer à jouer à Mario et jouer dans la neige avec toi. Elle trouve que tu n’as pas eu assez de temps dans notre nouvelle maison, parce que tu es entré à l’hôpital juste avant qu’on y emménage. Elle te dessine avec d’autres enfants qui sont partis trop tôt pour que tu ne sois pas seul. Elle en connaît trop sur la maladie et la mort. Elle s’ennuie tellement de son petit frère adoré.

Je tente de trouver un sens à ton départ, mais je n’y arrive pas. Et il n’y en a pas. La vie est simplement et cruellement injuste. Mais dans toute cette injustice que j’ai encore bien du mal à accepter, j’essaie de trouver du positif. Et il y en a.

On a rencontré des gens fantastiques entre les murs du deux-douze de Sainte-Justine. Des infirmiers, des médecins, des préposés, des commis, du personnel d’entretien et des bénévoles qui vont rester dans nos coeurs à tout jamais. Nous étions comme des meubles dans le département et tu étais la petite mascotte. Tu avais même plus d’ancienneté que certains infirmiers. Certains dansaient en te voyant, d’autres venaient faire du yoga avec toi, ou encore te donnaient leur carte d’identité pour que tu les fasses revoler à l’autre bout du couloir. Ta présence continue de se faire sentir au département d’oncologie parce que ta bonne humeur et ta face de pet donnaient le sourire à tous ceux que tu croisais. Ton imitation du zombie et du cochon aussi d’ailleurs.

On a également rencontré des familles merveilleuses. On a tissé des liens particuliers avec des parents et leurs cocos pendant les pires moments de nos vies. Ensemble, on a pleuré, on a ri, on a chialé, on a sacré, on a crié, on a espéré, et on a même eu des conversations à quatre heures du matin en se croisant aux toilettes. Ces familles nous ont beaucoup aidés à traverser cette horrible épreuve. Et j’espère que nous leur avons apporté aussi un peu de réconfort.

Ta soeur s’est trouvé une grande soeur de coeur et une deuxième famille. Je la vois acquérir une sensibilité, une ouverture aux autres, une écoute et une maturité impressionnantes. Je crois que ta maladie et ton départ vont faire d’elle une personne hors du commun qui saura faire beaucoup de bien autour d’elle. Et c’est déjà le cas.

On a également pu voir à quel point nous sommes entourés de personnes incroyables. Des personnes qui ont tant fait pour nous aider dans toute cette merde, et que nous ne remercierons jamais assez de nous avoir soutenus et de continuer de le faire encore aujourd’hui.

Ton départ a brisé le coeur de tant de gens. Tu as changé la perception de la vie de beaucoup de monde, et ta présence sur Terre, même si elle a été beaucoup trop courte, a rendu le monde meilleur. Mais malgré tout le bien que tu as fait autour de toi, je suis égoïste et j’échangerais tout ça pour te ravoir à mes côtés, à nos côtés. Je m’ennuie tellement de ton visage, de ton odeur, de tes petites manies juste à toi, de tes câlins, de tes sourires et de ta chaleur. Mais la peine de t’avoir perdu est moins grande que la joie de t’avoir connu. J’essaie de continuer d’avancer et de profiter de la vie pour toi avec ta grande soeur, ton papa et toute ta famille.

Alexis, bébé d’amour, merci d’être mon garçon. Tu resteras toujours présent dans nos coeurs, dans notre vie.

Je t’aime.

Maman

Crédit : Anne Boucher

Anne Boucher

Maman d’une grande fille et d’un petit garçon devenu un ange à l’âge de seize mois après un long combat contre la leucémie, je demeure de nature optimiste malgré une vie très corsée, je fais de mon mieux afin d’aider ma petite famille à remontrer la longue pente qui se trouve devant nous et retrouver un semblant de vie normale. J’ai décidé d’écrire pour évacuer le méchant, garder vivante la mémoire de mon petit champion Alexis et sensibiliser les autres à la réalité des parents d’enfants malades.

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2 Comments

  • Wow! Quel beau texte véridique!! Perdre un enfant à un si jeune âge ne doit pas être facile pour un parent. Ça prend du courage et de la persévérance pour avancer avec ce troublant vide. Tous mes sympathies malgré que cela fait un an le départ de ce petit trésor!!! Je vous envoie tant de câlin et de bisous!!!

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