sad daughter with mother

Tu nous as sauvées, mon bébé

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Tu dois m’avoir vue pleurer plusieurs fois dans les jours qui ont précédé. On essaie souvent de vous protéger et de ne rien laisser paraître de nos bobos d’adultes, mais le trop-plein a parfois besoin de sortir à des moments qu’on n’aurait pas nécessairement choisis. Il faut dire aussi qu’on vous croit beaucoup plus innocents que vous l’êtes réellement malgré votre jeune âge. Tu avais compris malgré tous mes efforts de maman ce qui me faisait si mal à l’intérieur.

Lorsque tu m’as posé la question, mon cœur s’est serré.

« Maman, est-ce que papa s’en va? »

Si tu savais à quel point te répondre a été douloureux pour moi. J’ai pris tout ce que j’avais de courage pour lâcher ce petit oui si doux. Tu as réfléchi quelques instants avant de continuer.

« Maman, est-ce que tu l’aimes encore, mon papa? »

Ma belle cocotte, retenir l’eau qui me brûlait les yeux à cet instant précis fut l’une des choses les plus difficiles de ma vie. Oui mon amour, oui j’aimais encore ton père de tout mon cœur. La question suivante était prévisible.

« Et mon papa? Est-ce qu’il t’aime encore? »

Je m’étonnais moi-même de ne pas sentir les larmes couler sur mes joues et du sang-froid dont j’ai fait preuve lorsque j’ai répondu non. Un non qui se voulait réconfortant.

Tu étais extrêmement calme et en contrôle. Tu assimilais ces informations d’une façon si mature que tu me déstabilisais. Puis, tu as finalement demandé, pourquoi. Pourquoi ton papa n’aimait plus ta maman. Qu’est-ce qu’on répond à cette question? Comment on explique à sa toute petite fille ce qu’est l’amour et pourquoi il n’est plus? Les explications que je t’aie données à ce moment sont sorties d’elles-mêmes sans que je prenne vraiment le temps d’enligner mes idées.

« Tu sais mon amour, lorsque les gens s’aiment, ils ont comme des petits feux dans leurs cœurs. Parfois, le feu devient gros gros gros et les gens s’aiment beaucoup beaucoup. D’autres fois malheureusement, le feu rapetisse et finit par s’éteindre. Le petit feu dans le cœur de papa ne brûle plus pour maman. »

Tu as passé les minutes, les jours, les semaines, les mois suivants à tenter de trouver une solution pour rallumer le feu dans le cœur de ton père. Cette blessure dans ton petit corps d’enfant était difficile à gérer et à comprendre. En tant que maman, j’ai fait mon possible pour traverser cette épreuve avec toi en plus du deuil que j’avais moi-même à faire.

Nous avons pleuré ensemble souvent. Tu venais me rejoindre la nuit et on s’endormait collées en parlant doucement de ce papa qui nous manquait à toutes les deux et du petit feu dans le cœur des gens qui s’aiment. On se soutenait, toi et moi. Lorsque tu me trouvais en sanglots malgré mes tentatives pour me soustraire à tes yeux, tu venais me frotter le dos et me consoler. Tu me couvrais de bisous et de câlins. Tu as été mon plus beau support et mon port d’attache dans cette vie qui partait à la dérive.

À travers tout cette épreuve, tu as été ma partenaire, tu as été ma bouée, tu as été ce qui m’a permis de me relever et de continuer à avancer.

Maintenant, nous avançons main dans la main toutes les deux. Les pleurs et les questions font de plus en plus souvent place aux sourires, mais je te serai toujours extrêmement reconnaissante de m’avoir donné la force de tenir bon et d’avoir mis ton rôle d’enfant sur pause pour jouer le rôle de la béquille de ta maman le temps qu’elle apprenne à nouveau à se tenir debout toute seule.

Pendant la tempête, j’ai tenté du mieux possible d’être là pour toi, mais je dois avouer qu’en réalité, c’est toi qui nous as tous gardés à flots, mon bébé.

Crédit : NadyaEugene/Shutterstock.com

Mélanie Monette

Heureuse maman de deux petites merveilles en bas âge, je suis partie en appartement avec mon amoureux à dix-huit ans, je me suis marié à vingt-et-un an et ce qui devait arriver arriva. Je me suis séparé à vingt-six ans. Je m'adapte à mon quotidien de maman monoparentale avec mes deux enfants, j'occupe également un emploi à temps plein dans un bureau et j'essaye de manger santé et de m'entraîner. J'ai bien dit j'essaye, parce que ça ne marche pas trop fort. Je perds parfois le contrôle, je pleure et je ris comme tout le monde, mais le plus important, comme toutes les mamans, je fais de mon mieux.

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1 Comment

  • Merci pour ce texte. Je suis en plein dedans, dans cette séparation que je ne voulais pas, cette relation que j étais sure de sauver, encore une fois. Mes deux enfants, ont compris bien avant moi. Que papa et maman n étaient plus amoureux.
    Ma première me tient plus par la main que je ne la tiens, elle du haut de ses 5 ans. Aujourd’hui je suis fière d elle, de moi, de nous deux car on a construit une magnifique relation. Petit frère est encore petit mais à sa manière câline et souriante quand il le faut, il me fait me sentir un roc pour eux. Mes enfants, vous êtes mes trésors dans ce tremblement de terre

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