mother with baby feeling guilty

Cher sentiment de culpabilité

mother with baby feeling guilty

Cher sentiment de culpabilité,

Voilà des années qu’on se côtoie, mais il faut bien le dire : depuis que je suis maman, t’as fait tes valises et emménagé avec moi, histoire de m’avoir toujours sous la main.

À peine sortie de la maternité, tu m’attendais sagement à la maison. Tu m’a vue découvrir mon bébé et tenter tant bien que mal d’incarner mon nouveau rôle de maman.

À la première défaite et au sevrage prématuré de mon bébé, tu étais là, moralisateur, à me souffler à l’oreille que je ne savais même pas donner le meilleur à mon enfant, c’était pourtant pas si compliqué ! Comment faisaient-elles avant ?

J’étais loin de me douter que ce n’était là que les prémices d’une longue cohabitation, et qu’au fil des ans, ton embonpoint allait friser l’obésité morbide, envahissant chaque sphère de ma vie.

Quoi ? Tu reprends déjà le travail ? Pauvre enfant si petit et déjà à la garderie. Tu ne pourrais pas prendre le temps de profiter de ta progéniture ?! Et il met beaucoup de temps à marcher, tu ne trouves pas ? Un manque de stimulation, c’est évident, sa mère passe sa vie au boulot !

Et au travail aussi, tu es là, sournois, derrière l’épaule du boss qui ne regarde pas toujours discrètement sa montre au moment où je pars, alors que des dossiers hyper méga urgents s’accumulent sur mon bureau.

Tu te caches aussi derrière mon planning de tâches ménagères que je remets régulièrement à jour, allongeant la liste des recoins à nettoyer sans jamais y arriver. Je te devine derrière ma corbeille de repassage aussi haute que la tour Eiffel, les papiers à trier et classer, la poussière à éradiquer.

Mais là où tu jubiles, c’est lorsque je perds le contrôle, que je me mets à crier sur mes enfants, moi fervente admiratrice de Super Nanny, que je leur allume la télévision histoire de ne plus les entendre brailler et que je troque les cinq fruits et légumes par jour contre des patates surgelées. Je t’entends, fidèle comme mon ombre. Tu me juges, tu critiques.

Alors ce soir, mon sentiment de culpabilité chéri, j’aimerais que l’on discute un peu. Pose tes fesses sur cette chaise, il faut qu’on cause. Il y a bien longtemps qu’on lutte l’un contre l’autre; et si après toutes ces années, tu faisais un peu de place à l’Estime de Soi, histoire de rééquilibrer notre duo ? Elle au moins sait voir le verre à moitié plein. Elle te dirait que Wonder Woman n’existe pas, que sa cape est au placard. C’est juste un mythe dont tu te nourris pour faire culpabiliser toutes les femmes de la planète. Que je ne suis ni mieux, ni pire que les autres. Que les autres mamans en bavent aussi. Elles affichent juste un équilibre de façade. À l’intérieur, ça crie, ça doute, ça se sent nul.

Ne pourrais-tu pas voir l’ombre d’une seconde, que je suis imparfaite mais pleine d’amour et fais seulement comme je peux avec les moyens du bord ? Que je suis un génie créatif pour faire avaler des carottes râpées à ma tribu ? Que je suis devenue une négociatrice et un maître de la gestion de crises fraternelles à faire pâlir tout ministre des affaires étrangères ?

Allez mon grand, ça te dit un petit régime ? Juste quelques kilos histoire de prendre moins de place… et de me laisser vivre sereinement mon imperfection.

 

Crédit : Antonio Guillem/Shutterstock.com

Aude Courbouleix

Heureuse maman d’une tribu de joyeux enfants, deux filles et un garçon tout juste sortis du bas âge, autant dire que je suis plutôt calée dans l’art de la négociation et de la gestion de crise. Le sommeil ? Je n’en ai plus beaucoup. Le temps pour moi ? Très peu. L’optimisme ? À fond ! De la caféine ? Toujours un pot d’avance dans le placard. Ce que j’aime ? Bouquiner, voir le jour se lever, les loisirs créatifs, mes trois monstres, source d’amour et d’inspiration, ma famille, mes amis, mes deux chats-seurs de croquettes et rire !

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