man leaving woman

On s’est gaspillés

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On s’est gaspillés. À coups de petites chicanes qu’on a passées sous silence pour ne pas alourdir la légèreté qui nous habitait au début. À coups de je t’aime qu’on a gardé pour soi, à coups de nuits où nous avons dormi chacun de notre côté du lit en négligeant la distance qu’on laissait doucement nous séparer.

On s’est gaspillés. En banalisant les blessures que l’autre nous confiait, en ne les entendant pas ou plus sérieusement et en n’en prenant pas soin. Parfois on a même rajouté du sable dans la plaie en riant bien naïvement des confidences reçues, dans l’espace public ou dans l’intimité au lieu d’aider à les guérir. On a parfois oublié que l’amour était un refuge sacré qu’il fallait protéger de la honte, de la culpabilité, de l’ironie et des non-dits.

On s’est gaspillés. En se retournant vers d’autres, en se regardant moins tous les deux, en se refermant chacun sur soi. On s’est gaspillés en utilisant des mots qui percent, qui restent et qui blessent. Malgré l’amour, on a étiré la notion de respect au lieu d’en faire une règle intouchable. On s’est gaspillés en s’ignorant par moments, en ne se défendant pas mutuellement dans les hivers du quotidien. On s’est trop souvent séparés plutôt que de s’allier face aux épreuves. On savait l’autre à côté, mais sans être avec lui.

On s’est gaspillés et c’est maintenant, trop tard, que je réalise que j’ai tué un trésor. Il était là, entre nous deux. Il m’a fait grandir, m’a nourrie, m’a permis d’être sincèrement heureuse, vraiment. Je payerais cher pour retrouver ce sentiment si fort et apaisant. Celui qui me rassurait plutôt que de me faire douter. Celui qui me poussait à me dépasser plutôt qu’à me justifier. Mais non, on l’a laissé filer en ne réalisant peut-être pas sa valeur et sa fragilité. On s’est gaspillés.

Et aujourd’hui, je réalise la richesse de ce que j’ai perdu.

Et s’il restait encore du temps pour se retrouver ?

Crédit : Mihai_Tamasila/Shutterstock.com

Jo

Je suis la mamaaaaaaaaan de deux petits minis. Parce que moi je fais juste des gars, t'sais. Je suis la chef (not) de ma tribu qui me permet tous les jours (les soirs et les nuits aussi!) de revisiter la théorie que j'enseigne au quotidien. Adepte des parenthèses (oui oui!), de l'autodérision, de l'écriture, de l'art, du chocolat, mes amies m'ont sauvée plus d'une fois depuis que la maternité m'est rentrée dedans.

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