bad little girl

Mon enfant « plus »

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Tu déplaces plus d’air que la moyenne. Tu es plus actif, plus dérangeant. Tu bouges tout le temps, tu parles, tu t’obstines, tu t’opposes.

Il me faut toujours plus d’énergie pour m’occuper de toi. Plus de patience. Plus de tolérance. Plus de répit aussi. Je dois puiser en moi des ressources dont je ne soupçonnais même pas l’existence pour arriver à gérer tes crises quotidiennes. Pour ne pas devenir folle lorsque tu me réponds du haut de tes trois pommes comme si tu étais un adolescent en pleine crise d’identité. Pour ne pas pleurer devant toi lorsque je n’en peux plus. Pour continuer d’intervenir, de faire les démarches et les rencontres nécessaires à ton bon fonctionnement. À ton bonheur.

Tu es plus impulsif que la moyenne. Plus impoli, aussi. Tu es plus agressif et plus violent. Tu as plus de difficulté à gérer tes émotions. Tu exploses. Tu cries. Tu pleures. Souvent.

À l’école, tu es celui qui se fait retirer de la classe. Celui qui tape les autres. Celui qui connaît déjà bien la directrice. Tu es celui qui en a dedans et tu veux tout gérer. Tu cries à l’injustice, mais souvent trop fort. Tu restes moins en place que la moyenne. Tu perds tes trucs, tu oublies.

Il me faut toujours plus d’organisation pour te gérer. Plus de surveillance. Plus de vigilance. Je verse plus de larmes et je suis plus fatiguée, épuisée. Parce que tu es « plus » que la moyenne, mon enfant.

Mais à mes yeux, tu est plus beau que la moyenne, aussi. Plus brillant, plus allumé et plus vivant. Chaque jour, tu me fais rire et tu me déboussoles par tes réflexions. Tu es un comédien, un chanteur, un danseur, un gymnaste, un artiste. Tu es bourré de talents.

À mes yeux, tu es plus attachant que la moyenne. Les gens qui prennent le temps de plonger leur regard dans tes beaux et grands yeux bleus en restent chavirés. Parce que ce que tu es et ce que tu dégages est si vrai. On tombe systématiquement en amour avec ta personnalité, mon cœur. Tu es un véritable rayon de soleil, malgré tes moments plus sombres, aussi nombreux soient-ils.

Tu as plus d’amis que la moyenne. Des amis de tous les âges. Tu connais tous les élèves de ton école ou presque, malgré que tu sois seulement en maternelle. Tu crées les relations que tu veux et tu te fous des âges. Tu n’es pas intimidé par les grands, pas gêné ni craintif.

Tu es plus débrouillard que la moyenne. Plus autonome lorsque, du haut de tes cinq ans, tu me faisais la surprise de vider le lave-vaisselle ou de te faire à déjeuner. Dans ta tête, tu es déjà tellement grand. Je n’ai jamais connu ça avant, cette façon que tu as d’exiger ton autonomie et ton indépendance.

Tu es plus généreux que la moyenne, aussi. Tu es plus sensible. Tu sais déjà lire les gens et leur transmettre ton affection. Tu es reconnaissant et tes mots d’amour sont les plus beaux, les plus déstabilisants et les plus sincères du monde. Tes câlins sont les plus sentis, car tu les choisis.

Non, mon cœur, ce n’est pas facile d’être ta maman. Parce que ça demande « plus » tout le temps. Parce que tu es « plus »’ que la moyenne. Mais tu es comme un beau cheval sauvage. Plein de vigueur et de désir de liberté. Il faut juste t’aider à gérer tout ce que tu es. Et moi, je vais faire ça. Je vais continuer de faire ça. Chaque jour. Je te le promets. Je suis là et je vais rester là. Toujours. Pour que tu sois heureux, dans tout ce que tu es. Pour que tu le sois plus, chaque jour.

Parce qu’à mes yeux, je suis plus chanceuse que toutes les autres mamans de t’avoir comme enfant.

Crédit : Dmytro Zinkevych/Shutterstock.com

Émilie Allard

Maman monoparentale à temps (presque) plein de trois merveilleux enfants plein de vie (et d’énergie!), et travailleuse sociale auprès des jeunes en difficulté, je tente de concilier travail-famille du mieux que je peux! Mon but : trouver un semblant d’équilibre dans cette vie que je qualifie de ‘’folle’’, mais que j’adore quand même. J’ai aussi un BACC en littérature, qui traduit ma passion pour les mots et l’écriture. Anciennement malade mentale de l’organisation et de la planification, je travaille très fort sur moi-même pour vivre et profiter de l’instant présent. Mon nouveau dicton préféré : ‘’un jour à la fois!’’

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3 Comments

  • J’ai eu l’impression de m’entendre parler de ma puce à moi. Tout le monde la connais dans son école et tout le monde me demande sj je suis sa maman. Malgré son impulsivité, son opposition, ses crises et l’air qu’elle déplace, on ne me parle que de sa beauté intérieure, de sa générosité, sa créativité et de combien elle est attachante. Elle est ma PLUS extraordinaire. Ma raison de travailler PLUS fort et de persévérer. Ma TDAH +impulsivité + opposition, est ma PLUS belle réussite dans la vie parce qu’elle ne se définit pas que par son diagnostique.
    Merci pour le merveilleux texte.

  • Votre texte est magnifique et résonne tellement en moi… j’ai deux « plus » à la maison, je suis un peu « plus » aussi, tout comme leur papa… tellement de « plus », et chacun avec ses spécificités, ça donne de sacrées étincelles au quotidien, notre maison déborde de tellement d’émotions souvent qu’elle doit être drôlement solide pour réussir à les contenir toutes (vives les maisons à l’ancienne qui ont l’âme pour cela)… mais comme nous grandissons tous ensemble, comme nous apprenons les uns des autres, comme nous nous aimons fort… pas une journée ne se passe sans un moment d’émerveillement pur, sans un moment de connexion profonde, sans un débordement d’amour qui submerge tout le reste… la communication reste pour nous la clé pour apaiser toutes les tensions et dénouer tous les conflits… on y travaille chaque jour, à une communication non violente et apaisée, c’est un sacré challenge quand on n’a pas baigné dedans dans nos vie avant… mais je trouve personnellement que c’est l’outil le plus puissant pour nous reconnecter, nous mettre au diapason les uns des autres et nous reconnecter après les tempêtes…

  • J’ai également eu l’impression de parler de mon fils de 5 ans, qui a fait son « entrée » à la maternelle en septembre.

    L’intervenante en moi connaissait les difficulté du réseau vs le manque de ressources, temps, ratio etc…. mais quel choc de le vivre personnellement. « « Le step » est grand entre la garderie et l’école. Un choc pour les parent et les enfant « plus ». Moins de proximité, d’encadrement/rappels/soutien….. moins de temps pour connaitre chaque enfant et s’y attacher, découvrir et nommer ses forces

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