woman in car depressed

Ton envie de tout recommencer

woman in car depressed

Ce soir, tu as pensé tout quitter. Tu t’es vue partir pour ne jamais revenir. Les yeux fermés, les mains sur le volant de ta voiture arrêtée, tu n’avais pas envie d’en sortir. Rentrer à la maison te pesait lourd. Tu aimes les gens qui se trouvent à l’intérieur. Ceux qui t’attendent parfois les bras grands ouverts, et d’autres fois en chialant. Mais ce soir, tu n’avais pas envie de rentrer. C’est partir qui t’appelait.

Tu t’es vue refaire ta vie ailleurs. Repartir à zéro dans d’autres lieux, avec d’autres gens, un autre travail, une toute autre vie. Tu t’es vue souriante et les cheveux au vent à profiter de temps pour toi, juste toi. À vivre seule selon tes envies, tes désirs et tes passions. À avoir accès à une multitude de découvertes enrichissantes. À vibrer au rythme de la nouveauté, respirer sans penser à ce qui s’en vient demain. À habiter un endroit juste à toi, décoré comme il te plaît, un milieu d’adulte, sans jouets bruyants, sans trois paniers de linge à laver. Un endroit où le calme règne en roi et maître. Tu t’es imaginé des matins et soirs lents. Du temps. Le temps que tu verrais passer au gré de ce que tu choisirais de faire. Parce que tant qu’à refaire ta vie, tu la voudrais avec moins d’obligations.

Tu t’es projetée dans une rêverie de vie sans enfant. Tu t’es demandé à quoi ressemblerait ta vie. Où tu investirais ton temps, comment tu te réaliserais. Une multitude de rêves profondément enfouis ont explosé en geyser dans ton esprit.

Jamais tu n’abandonnerais tes enfants, mais les oublier un peu, le temps d’un court instant, t’apaise. Ces moments te permettent de te rappeler qui tu es, d’entendre ton prénom résonner tout autour. Ce prénom qui a pratiquement disparu depuis que tu te fais appeler maman.

Les « maman » doux, les « maman » stridents, les « maman » en colère, les « maman » désemparés, les « »maman » impatients, ce soir tu avais envie de les laisser à quelqu’un d’autre. Tu voulais t’en sauver, fuir ce mot qui te procure autant de bonheur que de pression, autant de bien-être que de restrictions.

Quand tu penses à partir, tu penses aussi à ça. À libérer ton esprit, faire le vide de tout ce qui lui pèse. Parce que dans tes fantasmes de fuite réside la légèreté. Tu ne te souviens plus ce que signifie se sentir libre, légère, déchargée. Mais tu crains de ne plus pouvoir te passer de cette sensation si tu y goûtais à nouveau. Tu résistes, tu combats, tu pleures. Non, tu ne partiras pas. Aimer c’est beau, mais ce n’est pas toujours facile. C’est confrontant. Surtout les jours où on voudrait tout quitter. On se sent coupable à cette simple pensée.

Tu as sorti la clé du contact, ramassé ton sac et ouvert la portière de la voiture pour te diriger vers ta vie. Cette vie qui reflète une série de choix, un parcours, le tien. Tu as créé ta vie de toutes pièces, ce n’est pas rien et tu trouves ça beau même si parfois tu te demandes à quoi ressemblerait ta vie si tu n’avais pas fait ces choix.

Ce soir, malgré ton envie de tout recommencer, tu as retroussé tes manches et tu as décidé de continuer.

Crédit : Antonio Guillem/Shutterstock.com

Marie-Ève Baillargeon

Mère monoparentale, célibataire, travailleuse sociale, et amie de mon ex-mari, voici ce que je fais pour occuper mes temps libres : -J’élève à temps partiel mon frisé brun de 10 ans et mon frisé blond de 7 ans. -Je m’auto-proclame la « best hockey mom » de ma progéniture. -Je lis une tonne de livres et je suis une passionnée d’écriture. -Je sacre des fois mon rôle de mère au dernier rang sans me sentir coupable. Avant d’être une mère parfaitement cinglante, je suis une femme parfaitement cinglante. Toi qui est devenue mère, la femme, tu l’as mis où ?

Plus d'articles

Post navigation

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *