father waving mother leaving

Ben oui, mon chum va prendre 12 semaines de congé parental, pis ?

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« Quoi ? Tu vas lui laisser la balance de ton congé ? T’es malade ??? »

C’est ce que tu m’as dit hier, mon amie, quand je t’ai annoncé que je retournais travailler et que papa passerait un gros douze semaines avec bébé à la maison. Ta face et le ton avec lequel tu me parlais m’ont fait comprendre que clairement, nos philosophies de vie étaient différentes.

Ma belle amie, on va rectifier le tir toi et moi si tu veux bien. Officiellement, le RQAP me donne dix-huit semaines de congé maternité et donne cinq semaines de congé paternité au papa. Les trente-deux autres semaines, ce sont des semaines de congé parental. Parental comme dans parents. T’sais comme dans « personne qui s’occupe des enfants ». Ça fait que non, c’est pas mon congé. C’est un congé pour les parents.

La précision étant apportée, rentrons dans le vif du sujet. Non, je ne suis pas malade. Mais non, je ne suis pas totalement ( du tout) heureuse à la maison. Vois-tu, je sais que toi, ça te valorise à l’extrême de passer tes journées à t’occuper de tes enfants, à faire le ménage et à pinterester ta maison, mais pas moi. C’est vrai que j’en suis à mon deuxième congé en peu de temps, mais on va être honnêtes : même au premier, j’avais hâte de retourner travailler, de jaser avec des adultes, d’être stimulée intellectuellement et d’arrêter de terminer de chanter systématiquement toutes les tounes des bonhommes de Télémagino.

« Ben là, qu’est-ce qu’il va faire avec sa job ??? »

La même chose que moi. Il va mettre sa carrière sur pause pour trois petits mois. Il travaille avec des filles qui partent en congé de maternité pour un an. Pourquoi lui ne pourrait pas partir trois mois ? D’ailleurs, pourquoi tu t’inquiètes plus de sa carrière à lui que de la mienne ? Parce que je ne devrais plus en avoir une depuis que j’ai des enfants ?

« Mais il fera pas les affaires comme il faut !!! »

Bon. Il ne fera pas les affaires comme moi. Ça ne veut pas dire que ça ne sera pas comme il le faut. Ça va juste être différent. Pis t’sais, je te dis ça de même, mais si tu lâchais prise des fois un peu aussi ma belle, peut-être que ton chum t’aiderait plus dans la maison pis que t’arrêterais de lui reprocher son manque d’initiative.

« Tes enfants ont besoin de toi! »

Oui. Je sais. Et je serai là pour eux. Probablement plus qu’en ce moment. Parce que oui, je t’avoue que par bouts, je suis rendue au stade où j’aime mieux niaiser sur mon téléphone que de stimuler mes enfants. Pis que j’ai hâte qu’ils soient couchés pour pouvoir écouter la télé. Je pense surtout que mes enfants ont besoin de moi heureuse. Pis là, j’ai la mèche plus courte avec eux parce que je manque de valorisation et de stimulation (t’sais, sans aucune arrière-pensée, personnellement, j’ai pas ta capacité à m’extasier devant un dessin laid ou un gros rot).

« Pis lui, il veut vraiment rester à maison ? »

Oui. Il compte même les jours avant son congé en ce moment (pis moi ceux avant mon retour au travail). On est en 2018 ma belle. C’est pas juste à maman de rester à la maison. Et tu sais qui envie le plus mon chum en ce moment ? Ses amis. Oui, ses amis qui disent qu’ils auraient aimé ça pouvoir profiter un peu de leurs enfants eux aussi. Y’en a pas un dans le lot qui l’a jugé. Pas un. En fait, les seuls commentaires négatifs qu’on a sont ceux de filles qui, comme toi, comprennent pas « comment je peux faire pour abandonner mes enfants à leur père ».

Peut-être que si nous étions plus nombreuses à laisser une partie du congé parental aux papas, on se comprendrait plus. On est ben bonnes pour chialer qu’ils ne comprennent pas c’est quoi, rester à la maison, mais si on leur en donne pas l’occasion, ils ne sauront jamais.

C’est aussi ça l’égalité ma belle amie.

Crédit : wavebreakmedia/Shutterstock.com

Édith Deschambault

Vieille jeune maman de trente-huit ans, j'ai un charmant garçon de treize mois et j'en attends un deuxième qui devrait arriver sous peu. Pas en couple avec le papa, nous avons décidé de faire des bébés (ça devait être un, ce sera deux). Ayant été longtemps une maman parfaite (oui, je jugeais les repas, les activités et le ménage pas fait chez mes amies), la réalité me frappe en plein fouet et j'essaie tant bien que mal d'accepter que je suis, bien malgré moi, ordinaire.

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5 Comments

  • Je suis entièrement d’accord avec ça! Mais mon dieu j’aurais aimer que mon chum fasse la même chose, vouloir passer du temps et s’occuper de notre fille. Malheureusement il y a des hommes qui se fichent de leurs enfants.

  • Beau texte!! Très d’accord!! Mon chum a également pris un 12 semaines et a ADORÉ passer du temps avec sa fille!!!

  • C’est souvent malheureusement une question d’argent aussi…
    Je n’aurais rien contre le fait que papa reste à la maison et moi de travailler… Mais la RQAP c’est pas payant (et c’est pas fait pour l’être non plus..) alors s’il fallait qu’on perdent le plus gros de nos 2 salaires, ça ne marcherais tout simplement pas.

    Cela dit, ceux et celles qui sont capable de se le permettent, je trouve ça génial que papa puisse aussi profiter de ses enfants.. le/les voir grandir etc.
    J’adore etre à la maison cependant. Mais si mon chum me le demandait, je n’aurais aucune raison de refuser. Oui les enfants ont besoin de maman, mais ils ont besoin aussi de papa. Alors que ce soit moi ou lui à la maison ne devrait rien changer!

  • tellement ! Mon chum a pris 5 semaines de plus (il n’en voulait pas plus au départ) que son congé de paternité pour en profiter avec notre petit garçon. Il a bien aimer ça! Et je crois qu’il aurait rester plus longtemps à la maison. Ça va être à recommencer avec le prochain bébé !

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