mother and daughter hands

Ma fille, tu es née femme et voici ce que tu dois savoir

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Ma fille,

Petite, ma petite dame, fillette, jeune fille, poupée, princesse, ma jolie, ma belle. Ces mots, ma fille, sont emplis d’amour venant de tes proches, ta famille. J’aimerais tant qu’ils demeurent ainsi, qu’ils t’emplissent de joie et qu’ils fassent éternellement briller tes yeux encore innocents lorsque tu les entendras. Tu vois, comme toute mère, je souhaiterais que tu sois épargnée de toute forme de souffrances et que tu demeures loin de cette violence tacite qui fera, à mon grand regret, partie de l’entièreté de ton existence.

Oui, ma fille, un jour, tu comprendras, que ces mots qui ont bercé ton enfance peuvent parfois cacher une toute autre signification. Ils seront emplis de mépris, ils auront comme but non pas de te montrer de l’affection, mais de t’abaisser et parfois ils seront employés non pas avec amour, mais avec haine. Tu n’auras rien fait pour mériter cela, je te l’assure. Ces comportements se manifestent sous diverses formes, mais ils ont tous la même racine, la haine gratuite. Cette haine porte un nom; la misogynie. Je me dois, en tant que mère de te la nommer pour ainsi mieux t’en protéger. Ce n’est pas en la gardant sous silence que j’y arriverai.

Loin de moi l’idée de vouloir te montrer un monde dont tu dois avoir peur, mais je me dois de te le présenter tel qu’il est et malheureusement, il est parfois très laid. Tu es née femme, ma fille, et en ce monde tu seras confrontée à des comportements insupportables et ignobles seulement parce que tu as vu le jour ainsi. J’y pense chaque jour et cette vérité me fait mal, car tu vois, ma fille, c’est ça l’odieux de la misogynie, c’est insidieux et ça s’immisce partout.  Elle prendra diverses formes et elle sera peut-être même invisible à tes yeux, car elle se réinvente, se modifie pour paraître encore plus discrète. J’aurai beau te la décrire, te la raconter, te la pointer, mais elle est tellement répandue qu’il est pratiquement impossible de t’en brosser un tableau avec toutes ses nuances. Je ne peux que t’ouvrir les yeux qu’il y a ça comme possible. C’est bien vaste comme possibilité, mais je veillerai à ne jamais te la cacher, car tu comprends ma fille, ce n’est pas ainsi que je t’en épargnerai les effets.

Briser le silence, ma fille, voilà comment j’ai décidé d’éclairer ton existence sur cette obscure violence. Mettre un mot sur ces choses, ces horreurs quotidiennes qui semblent bien ordinaires, car tu vois, c’est en les nommant pour ce qu’elles sont et non en les banalisant que l’on commence à les combattre.  Tes oreilles seront familières avec ces mots, car je ne veux pas que tu deviennes sourde à cette violence qui se cache parfois trop bien derrière certaines paroles. Je t’apprendrai à nommer cette violence afin que tu ne deviennes pas muette en sa présence. Devant elle, je t’ouvrirai les yeux afin que tu la vois telle qu’elle est et ainsi tu ne deviendras pas aveugle quand elle se tiendra face à toi.

Ma fille, ma petite dame, fillette, jeune femme, poupée, princesse, ma jolie, ma belle,  c’est avec tout l’amour que je te porte que je me dois de te dire que ces mots ont aussi une double vérité et ça, jamais je ne te le cacherai.

Crédit : A3pfamily/Shutterstock.com

Gevie

Gevie, c’est le diminutif de Geneviève. Et oui, je me présente, Gevie, maman toute neuve de trente-cinq ans de deux jeunes enfants. Ce joli sobriquet que ma maman m’a donné quand j’étais à peine plus haute que trois pommes allait définir à merveille qui je suis. Malgré mes malheureux 5 pieds 3 pouces, je prends de la place. Je parle, je ris, je m’obstine, je ronfle et je fais le tout très fort. Bref, tout pour dire que je suis un petit brin de madame qui est pleine de vie, d’où provient le fameux Gevie. J’adore critiquer l’absurde à mes yeux et de le faire de manière cinglante et souvent sarcastique, car malgré qu’on me surnomme Gevie souvent je mords.

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