pregnant woman worry

Et si le bébé que je porte n’était pas normal ?

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Première grossesse. Je traîne quelques certitudes depuis quelque temps, tout droit sorties de cette peur d’avoir à trop m’investir, de regretter. Cette peur de me perdre et de n’exister que dans la soumission devant une maternité grisaillée par la maladie mentale ou le handicap. J’ai cette conviction coupable qui me colle à la peau  comme une ombre dans laquelle se dissimule une part d’égoïsme : je suis trop faible pour faire face à la potentielle maladie de mon enfant.  L’hypothèse me ronge.

Je ne peux pas laisser mes rêves de petite famille parfaite s’éteindre dans le brasier qui me consume sournoisement. Je ne veux pas. Est-ce que la honte laisserait des cicatrices si elle faisait fondre d’un coup la rondeur de mon ventre? Quel est le prix pour vouloir un bébé en santé? Tout le monde a un prix. Je tire sur les ficelles. Je choisirais ce qui ne se présente pas comme un choix, mais comme la seule issue possible pour moi. Pour moi. Ces mots tanguent dans ma tête comme un navire sans ancrage. Je te laisserais partir. Et toi dans tout ça? Je n’avais rien compris…

Accouchement du premier bébé. Vivant. Dit « normal ». Tous les jours, je m’imprègne de cette chance. Je me réjouis silencieusement, un peu honteuse, aux dépens de ceux sur qui le Destin s’est acharné.

Il y a ce sentiment encore inconnu et d’une intensité imprévue qu’est l’amour maternel qui s’immisce en moi et qui fait vaciller mes convictions sur l’interruption de grossesse volontaire en cas de maladie. Je regarde les mamans de bébés différents, malades, ces enfants de qui on ne parle pas dans le Mieux-Vivre. Elles aussi emmagasinent les bisous baveux et les éclats de rire contagieux.  Elles aussi reniflent la nuque douce de leur enfant et chatouillent de petites cuisses potelées. Elles aussi ont le même regard fier et fatigué que les autres mamans.

Future grossesse. Mes certitudes ne sont plus que poussières qui ensevelissent ce Moi qui prenait trop de place. Maintenant que l’amour maternel m’emplit, la vie est différente. Il consolide les faiblesses. Je sais maintenant que l’issue envisagée auparavant enflammerait l’enfer de mes cauchemars. Je sais qu’au cas où une différence accablerait ta vie, je serais là, à tes côtés.

Merci à toi, mon bébé, de me rendre plus humaine et de m’aider à accepter les hypothétiques épreuves, ou du moins, à apaiser mes craintes au sujet de la différence ou de la maladie lors de ma prochaine grossesse.

Crédit : Pressmaster/Shutterstock.com

Julie Pelletier

Bachelière ès arts et gourmande du verbe fin et de tartare, je consomme avidement les livres, le théâtre et la danse. Entre une coupe de vin blanc et une bière blanche, je m’abreuve de frissons et d’émoi. Du terrain de volley au tapis de mousse verte en forêt, je voyage souvent sur les territoires convoités de l’émerveillement. Certifiée maman d’un petit bonhomme et de deux belles jumelles identiques (quelques empreintes de la maternité à l’appui), je suis constamment ébranlée par des rafales d’émotions contradictoires. Ne mettez pas tout sur la faute des hormones, elles ont le dos large, mais j’ai le cœur encore plus grand!

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