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À toi, ma collègue qui multiplie les fausses couches

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Je ne te connais pas beaucoup. Pourtant, je te côtoie tous les jours. On se salue. On a même déjà échangé quelques recettes. Mais rien vraiment qui ne dépasse le simple statut de collègues. Pourtant, ton histoire ressemble à la mienne.

Par trois fois, tu as cru que ça y était. Que ton rêve de devenir maman allait se concrétiser. Par trois fois, j’ai donc vu tes yeux briller et ce petit air béat apparaître sur ton visage. J’ai vu tes vêtements devenir de plus en plus amples et les collations santé s’accumuler sur ton bureau. J’ai deviné. Je n’ai rien dit, attendant ton annonce officielle. Je me serais alors fièrement exclamée : « Ah, je le savais! » Ça me faisait sourire de te voir tenter de cacher ce qui m’apparaissait si évident. Et j’avoue que ça me rappelait de beaux souvenirs : l’excitation de la découverte. La peur joyeuse d’être démasquée. Se savoir enceinte, pleine de vie, c’est magique! Il y a vraiment quelque chose de fascinant et même d’un peu irréel dans la transformation de notre corps qui est perceptible dès le tout début d’une grossesse. J’ai croisé les doigts pour que cette fois-ci soit la bonne pour toi.

Un peu plus de deux mois ont passé. Tu approchais donc du trois mois fatidique où tu aurais pu nous informer de cette grande nouvelle. Mais ce n’est pas arrivé. À la place, un matin, ton amoureux a laissé un message au bureau pour dire que tu étais malade. Et ton absence s’est poursuivie pendant une semaine.

J’ai compris. Encore.

Mon cœur s’est serré. Mon ventre aussi.

Retour en arrière douloureux. Je me suis souvenue de cette peine sourde. Et surtout de cette sensation de vide. Ce sentiment d’injustice aussi. Et la culpabilité : « Qu’est-ce que j’ai fait de pas correct? » L’incompréhension : « Pourquoi ça m’arrive à moi? » « Pourquoi encore?! » et la crainte : « Est-ce qu’un jour, je serai maman? »  Bien sûr, tu sais qu’on peut être heureuse sans être maman. Et tant mieux pour celles qui n’en veulent pas, d’enfants, mais c’est pas ton cas. Toi, tu essaies. Tu fais tout ce qui est recommandé pour que ton bébé se développe bien. Alors pourquoi ça ne fonctionne pas? Pourquoi il ne s’accroche pas? Tu le désires pourtant de tout ton être, ce petit coeur! Tu l’aimais déjà, n’est-ce pas? Je comprends ton désarroi. Ta rage. Cette envie de hurler. De te rouler en boule et de pleurer jusqu’à te noyer. Puis, tu essaies de te convaincre que tes fausses couches sont survenues parce que tes bébés n’étaient pas viables. Ou parce que tu n’étais pas prête. Il faut bien qu’il y ait une raison, n’est-ce pas? Parce que c’est rassurant de rationaliser de tels événements. Oui, il faut qu’il y ait une raison. Même si elle t’échappe, il y a forcément une raison!

Tranquillement, tu ravales ta peine et tu continues à essayer. À espérer.

Tu es revenue au boulot avec un sourire triste. Tu n’as rien dit. Personne n’a rien dit. On t’a gratifiée d’un timide « Bonjour » sans plus. On a tous fait comme si de rien n’était. Comme si on ne savait pas. J’ai, comme tous les autres, respecté ton silence. Pourtant, j’aurais aimé te prendre dans mes bras. Te dire doucement : « Je comprends ».  Pour que tu saches que tu n’es pas seule. Oui, j’aurais aimé avoir le courage de te serrer fort contre mon cœur. Mais je n’ai pas osé.

Alors, si un jour tu ressens le besoin d’en parler, sache que je suis là.

Crédit : Taimit/Shutterstock.com

Isabelle Millaire

Maman pieuvre de deux enfants, toutes mes dents, mais probablement pas toujours toute ma tête (!), je carbure aux câlins et au café noir. OK, mettons tout de suite les choses au clair : les câlins, je ne les veux pas de n’importe qui. Ceux de mes enfants me sont indispensables au quotidien et me redonnent le sourire (presque) instantanément. Ceux de mon homme sont tendres et me rappellent que je ne suis pas seulement une maman. Ceux de mes parents sont rassurants et bienveillants. J’ai aussi deux chats fous… mais tellement doux! Mes petites bestioles ont le don de me rendre folle… ou de m’émerveiller, c’est selon! Je suis donc tantôt triste, tantôt euphorique, mais toujours un peu fatiguée! J’écris comme on respire : pour vivre. Ou survivre. Outre l’écriture, mon équilibre vient aussi de la chasse effrénée que je fais aux mauvaises herbes; défoulement facile, à portée de main et sans cesse renouvelable!

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