happy family in bed

J’aimerais revenir en arrière

happy family in bed

Quand la nostalgie s’empare de moi, je me perds dans des rêveries où je vois la peau de mon ventre s’étirer démesurément encore une fois. Je vois naître mon dernier, dernier petit dernier. Et puis je me réveille dans une bouffée de chaleur, gentil rappel que mon corps n’a plus l’âge de mon âme et mon mari, mon complice, mon meilleur ami, l’amour de ma vie me rappelle qu’il est complet, que notre famille est terminée.

Comme j’aimerais faire un bond en arrière, ranimer ce moment où, pour la première fois, j’ai senti bouger mes rondeurs. Pour pouvoir sentir cette délicate odeur, l’odeur de la naissance. J’aimerais applaudir des premiers pas, des premiers mots. Savourer des matins fous, notre lit devenu trop petit par trop de monde dedans. Je le porte dans mon coeur, le souvenir des sons d’une maison remplie d’enfants, de mes enfants.

Je vois, j’entends, parfois même quand je ne peux plus résister, je touche. Mais je ne goûte plus.

J’ai essayé de m’accrocher, et malgré mes yeux qui regardent sans cesse vers le passé, le temps a fait ce qu’il fait. Il m’a jetée en avant.

Je peux enfin dormir jusqu’à pas d’heure, mais je ne serai plus jamais réveillée par l’odeur de p’tits cheveux doux qui chatouillent mes narines.

Je peux enfin faire une sauce à spaghetti digne de ce nom avec plein de piments forts et tout le tralala. Mais je ne verrai plus jamais, en première loge, un spectacle de p’tites binettes crottées s’endormant la face dedans.

Je vais peut-être enfin visiter l’Italie, mais je ne décollerai plus jamais vers la lune dans ma fusée en carton.

À celle qui vit dans la hâte de voir son petit marcher, parler, manger proprement. À celle qui rêve d’en avoir fini avec les couches et qui n’en peut plus de se lever la nuit. À celle qui danse dans les allées du Bureau en Gros, heureuse de voir son enfant partir pour l’école. À celle qui manque de temps pour soi; j’ai un secret à te dire.

Demain, au petit jour, tu vas te retrouver dans le désert de ta cuisine, avec, pour seule compagnie, tes chaleurs, le mirage des joyeux matins fous et bruyants et de temps, beaucoup de temps pour toi.

Profite de chaque instant.

Crédit : Liderina/Shutterstock.com

Geneviève Ricard

Maman. Un nom répandu, certes, que je porte néanmoins avec la plus grande fierté. Pour moi, cette appellation vient par la voix merveilleusement chantante de quatre beaux enfants, qui, devenus grands, laissent un peu trop de temps à mon coeur hyperactif. Gege. Mon autre nom. Un p'tit nom doux pour le reste du monde. Ce nom là, il veut dire l'épouse, l'amie, la gardienne, la musicienne, l'artiste. Il passe le temps quand l'autre nom s'en va.

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