newborn with mother

Mon amour, fais-moi un dernier bébé

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Mon amour,

Je sais que nous avions décidé que notre famille était faite. Qu’elle nous comblait. Qu’elle nous exaspérait aussi assez par moments pour que nous fermions la porte aux nuits écourtées par les boires et les pleurs et aux journées remplies de pyjamas à pattes et de biberons à laver.

Mais la vérité, c’est que je n’arrive pas à accepter que mon corps ne portera plus jamais la vie.

Je n’arrive pas à accepter que je ne sentirai plus jamais de petits pieds marteler mon ventre. Je n’arrive pas à accepter que je ne vivrai plus jamais en symbiose avec un petit être, celui-là même né du fruit de notre amour, nuit et jour pendant neuf mois. Neuf mois pendant lesquels je ne chanterai plus jamais de berceuses à voix basse en promettant à notre enfant qui n’est pas encore né de l’aimer plus gros que le ciel.  Je n’arrive pas à accepter que je ne me figurerai plus jamais le visage que le bébé que je ne porterai plus aura. Je n’arrive pas à accepter que je ne me rendrai plus jamais à la maternité avec toi, main dans la main, le cœur battant, avide de rencontrer notre bébé, celui qui ne naîtra pas.

La vérité c’est que je n’arrive pas à accepter que je ne bercerai plus jamais un tout petit être, le nôtre, en tentant tant bien que mal d’empêcher mon cœur d’éclater d’amour.

Je n’arrive pas à accepter que je ne veillerai plus jamais sur notre bébé endormi à poings fermés, que je ne percevrai plus jamais le sourire qu’il ne fera pas en rêvant de nos câlins et de notre voix. Je n’arrive pas à accepter que je ne m’émerveillerai plus de toutes ces petites choses plus banales les unes que les autres que les poupons apprennent doucement à accomplir. Et je n’arrive pas à accepter que je ne l’entendrai jamais rire aux éclats pour la première fois. Ni toutes les autres.

La vérité, c’est ce que je n’arrive pas à accepter que je ne verrai jamais grandir cet enfant, ce petit dernier que mon cœur et mon corps réclament comme un besoin viscéral.

Je n’arrive pas à accepter que je ne m’extasierai pas devant ses premiers pas. Je n’arrive pas à accepter que je ne pleurerai pas lorsqu’il ne me dira pas maman pour la première fois puis toutes celles où il ne me surprendra pas avec un nouveau mot. Je n’arrive pas à accepter que je ne danserai jamais devant son premier pipi dans le pot. Je n’arrive pas à accepter que je ne découvrirai jamais toutes les couleurs de sa personnalité. Je n’arrive pas à accepter qu’il ne tendra jamais les bras vers moi pour que je le cale sur ma hanche et que je plonge mon nez pour sentir son odeur dans son cou.

Mon amour, je sais que nous avions fermé la porte. Mais ce n’est que toi et ma tête qui l’avez fait. Parce que mon cœur, lui, attend toujours ce petit dernier que nous n’aurons pas.

Mon amour, fais-moi un dernier bébé.

Crédit : KieferPix/Shutterstock.com

Maude Michaud

Fondatrice de la plateforme La Parfaite Maman Cinglante et auteure, j’adore informer, divertir et partager mes réflexions sur la parentalité mais aussi une multitude de sujets qui touchent les femmes de près et de loin.

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6 Comments

  • C’est tellement vrai. Je pleure en lisant ce texte qui dit tout ce que je ressens au fond de moi. Merci pour ces belles paroles.
    Je ne pourrai malheureusement plus ressentir tout ça la maladie génétique de mon mari peut risquer de rendre très malade ce bébé que je n’aurai plus, mais j’ai la chance d’avoir un garçon, malade, mais plein d’amour. Je ne peux pas risquer plus que ca. Merci vous avez mis des mots où j’avais des images .
    Je t’aime mon bébé que je n’aurai jamais…

  • Je pleure en te lisant je me revois quand mon mari ma dit qu’il était tant que je me fasse opérer pour ne plus avoir d’enfant ma tête disait oui mon coeur disait non nom et renon…. Après 15 ans de deuil que je ne pourrai plus jamais sentir un petit être dans mon bedon jai toujours mal tellement mal à un point t’el que jen rêve la nuit de se petit être que j’aurai jamais ? pas facile de renoncer à la maternité vraiment pas merci à toi de partager ton histoire avec nous

  • Je pleure… Parce que je l’espère au fond de moi…. Je n’ai pas envie de regretter une absence….
    Je n’arrive pas accepter…..

  • Merci pour ce joli texte. Je m’y retrouve tant… Après 2 beaux enfants (fille et garçon ados maintenant), je suis en manque de ce petit dernier et j’ai beaucoup de mal à accepter de ne plus jamais donner la vie… J’ai 42 ans et je sais que la deadline approche. Mais mon mari n’en souhaite plus du tout et j’ai fait 2 fausses couches qui m’ont totalement déprimé. C’est dur de ne plus avoir à porter la vie…

  • Tout ce que je ressens et que j’ai exprimé à mon mari et j’ai une énorme chance car il a dit oui et nous en somme en essai de ce dernier bébé je prie le ciel pour que cette dernière chance vienne ce niché au creux de moi. Et je jure que je profiterai de chaque seconde de cette troisième et dernière grossesse et de chaque micro seconde de ma grande et belle famille. Merci pour ce merveilleux texte

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