woman with dirty diaper

Ma cacaphobie

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Mon garçon,

On m’avait dit qu’un bébé ça faisait caca souvent. On me l’avait dit, mais on ne m’avait pas avertie que ça faisait autant caca que ça, un petit humain. Je parle en termes de fréquence, mais surtout en termes de quantité.

Des fois, mon p’tit gars, tu fais caca comme un homme de 350 livres. J’en viens même à me demander comment ton si petit corps peut contenir autant de caca que ça sans que ça explose de partout. Mais en fait oui… quand vient le temps que ça explose, ça explose.

Tellement que c’est devenu un stress dans ma vie. Je ne te niaise même pas. Tu as fait se développer en moi une cacaphobie. Définition : n.f désignant la peur que tu lâches le tas du siècle chaque fois qu’on sort quelque part.

Je la vois ta petite face devenir rouge et toute crispée. Et là je me dis: ÇA Y EST! Alerte au désastre. On rassemble l’équipe d’urgence puis on appelle Qualinet. Parce laisse-moi te raconter quelques désastres créés par ton transit intestinal ultra fonctionnel… Des cas où du Purell, c’était loin de faire la job.

La première fois c’était au Mexique. J’avais mangé quelque chose comme 56 ananas et on était sur notre chemin du retour, dans le taxi, en route vers l’aéroport. Je ne sais pas si c’est parce que mon lait contenait des traces des 56 ananas que j’avais mangés, mais j’ai à peine eu le temps de dire à ma mère « me semble que ça pue » que j’ai entendu le fameux PRRRRRTTTTTTT. Suivi de LA coulisse de la mort. Non pas une coulisse. Une flaque. Une marée. Une marée de marde, on va se dire les vraies affaires, qui a coulé sur mon bras, ma cuisse, ton bas de corps en entier ainsi que le banc en tissu du taxi. Ça adonnait que c’était le chauffeur qui avait le contrôle des fenêtres et que le p’tit monsieur mexicain avait choisi l’option « air clim ». Ça puait. C’était horrible. Mais c’était pas juste l’odeur le problème… C’était surtout qu’on baignait dans ton caca de lait d’ananas et il fallait encore faire quinze minutes d’auto avant d’avoir accès aux couches et au linge propre dans la valise. Par chance on avait des lingettes, mais je te garantis que des lingettes, ça ne fait pas la job contre une marée de caca mou de bébé. Oh non. Puis veux-tu savoir si j’ai lavé ton cache-couche en sortant du taxi? Oh que non. Je l’ai foutu directement dans la poubelle.

Bref. À partir de ce moment-là, j’ai comme eu une p’tite crainte. Chaque fois que je voyais ta face devenir rouge, je me mettais en mode « urgence ». Au moindre p’tit bruit de pet, je capotais et je regardais en dessous de tes fesses au cas où! Puis je me suis dit: une bombe explosive après avoir mangé trop d’ananas mexicains, ça arrive à tout le monde, « get over it » la mère.

Fait que c’est ça que j’ai fait. J’ai get over it, t’sais.

Jusqu’à ce que quelques semaines plus tard, j’aperçoive des filaments bruns sur ton mollet, que j’ai grattés naïvement pensant que c’était des morceaux de banane brunie que j’avais échappés dans ta coquille en te faisant manger le matin. Mais, oh! non. Ce qui a séché en croûte sous mes ongles n’était pas une p’tite banane vieillie de quelques heures. En levant ta cuisse pour enlever d’autres filaments de banane, j’ai vu un fleuve de caca de bébé dans le fond de ta coquille, partout sur ton bas de cache-couche et sur tes jambes. Oui. Le moment que j’avais tant redouté était finalement arrivé : tu avais lâché ton contenu intestinal PARTOUT sur ton siège d’auto. Et il n’est pas en cuir, non non, il est en tissus bien poreux et absorbant. Je te laisse deviner qu’un siège d’auto, c’est vraiment chiant à nettoyer. Puis torcher une marée de caca, c’est dégueulasse. Décompte : deux cache-couches aux poubelles.

Ah! oui puis pour finir, maman voulait te dire… j’ai des photos de preuves à l’appui. Quand tu vas être adolescent, je vais probablement lâcher la menace de sortir ces belles photos-là devant ta toute nouvelle blonde si tu ne vides pas le lave-vaisselle ou si tu reviens dépassé 22h30. Ça, puis la photo où je t’ai mis une bavette de fille avec de la dentelle parce que j’en avais pas d’autres.

Crédit : NEstudio/Shutterstock.com

Ariane Lepage-Hurteau

Je suis tout nouvellement maman d’un petit garçon, le premier d’une série de je ne sais pas trop combien encore ! Mon expérience plus que limitée en maternité fait que chaque jour, je découvre encore des choses sur moi que je ne savais même pas. Passionnée de voyages et sportive dans l’âme, j’essaie tant bien que mal de profiter du moment présent qui passe toujours trop vite. Écrire est pour moi une autre passion un peu plus cachée que j’exprime nouvellement.

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