toilet seat up

La revanche de papa : le débat éternel du siège de toilette

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C’est à toi que je m’adresse, femme moderne et émancipée. Toi, ma chasseuse d’équité qui n’hésite pas à se faire entendre quand le sexisme et le machisme mettent leur veste de cuir et t’intimident. Oh! je sais que ta condition planétaire laisse à désirer sur plusieurs continents et à bien des égards. Je suis de ceux qui décrient et déplorent toute forme d’injustice et je ne comprendrai jamais pourquoi le fait que notre sexe soit concave ou convexe crée des inégalités.  Je dirai même que chez moi, dans ma famille, dans mon entourage, on fait attention aux femmes que l’on côtoie, nos femmes qu’on aime. Mais aujourd’hui, femme forte, autonome et indépendante, je ne peux plus me taire.

Tu es la plus grande gestionnaire que je connaisse, à un point tel que tu fais passer les requins à cravate qui tripotent les portefeuilles de Wall Street pour de ronronnants lionceaux. Rien n’est à ton épreuve, tu es capable de tout faire. Tu es l’entité la plus résistante du monde. Tu as le don unique de transformer une de mes gouttes de semence en petit être parfait, l’abritant quarante longues et interminables semaines en ton sein. Ne te contentant pas de ce miracle, tu survis même à l’ultime souffrance de lui faire voir le jour, douleur que nous, hommes de la situation, ne sommes même pas proches de pouvoir penser concevoir. En fait, tu fais ce que certains fervents attribuent à Dieu! Tu es au-dessus de Dieu!!

Alors, explique-moi pourquoi, je te prie. POURQUOI!? Pourquoi n’es-tu pas capable de poser tes deux vaillantes mains sur le siège de toilette levé et le baisser quand le besoin t’appelle!? Comment se fait-il qu’au travail, tu sois en mesure d’encaisser les commentaires désobligeants et les regards déplacés sur ces étoffes qui t’embellissent, mais qu’à la maison, tu m’accuses de te manquer de respect quand je laisse la lunette du cabinet soulevée suite à un soulageant déversement!? Dis-moi pourquoi j’ai l’impression que l’ONU serait plus clémente à mon endroit si je commettais un génocide sur des petits chiots hémophiles et bègues quand ta foudre s’abat sur moi lorsque, par infamie, je n’ai pas redescendu le « donut » à dépôt!? Que s’est-il passé dans ton enfance, te traumatisant et créant ce blocage viscéral lorsque tes mains surmenées par toutes les tâches qui t’envahissent doivent entrer en contact avec cet anneau de feu, réceptacle à fesses!!?

Je sais que tes grands frères l’ont probablement souillé à de multiples reprises en se challengeant à savoir qui serait celui qui le beurrerait le plus généreusement. Du haut de ta jeune innocence et insouciance, tu as possiblement déposé ton petit postérieur sur cette mare jaunâtre, t’imbibant de ce disgracieux et humiliant liquide, mais c’est du passé tout ça. Fais-moi confiance, c’est moi qui le lave et je t’assure que je le fais avec rigueur et passion car je connais l’inspectrice générale et laisse-moi te dire (en chuchotant et en parlant de derrière ma main) qu’elle n’est pas de tout repos.

C’est comme si la frustration que tu accumules parfois à mon endroit attendait impatiemment que je commette cet affront et que ce siège non descendu devenait le symbole de tous les irritants que je te procure. S’ensuit l’inévitable diarrhée verbale que tu m’exploses en plein visage d’une intensité si inouïe que j’en ressens les effluves encore après plusieurs lavements faciaux.

Femme aux capacités illimitées, je sens que je te fais souffrir quand j’omets de placer ton trône comme tu l’exiges et cela me mine profondément. Le valet que je suis a trouvé la solution pour ne plus jamais que ta peau soit en contact avec cette repoussante matière. Sur le dessus de la toilette, à côté de la boîte de mouchoirs, j’y ai mis une paire de gants à vaisselle. Tu pourras donc faire ce que doit de façon hygiénique et retourner directement à la cuisine pour y récurer les chaudrons qui crient ton nom gentiment. Ainsi, tes doigts ne toucheront plus jamais mes gouttes, cette goutte qui fait trop souvent déborder la cuvette…

Crédit : Thanaphat Somwangsakul/Shutterstock.com

Michael Melvin

Fier père de deux enfants. Amant des mots, manipulateur de la langue et tripoteux de notes. Je nous observe, je nous analyse et je couche sur papier nos agissements d'une encre pas toujours délicate.

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