D’ici quelques semaines, je donnerai naissance à mon troisième garçon. Tu comprendras que même si j’ai acquis de l’expérience, avec la venue de bébé qui approche, je réfléchis à l’accouchement de plus en plus intensément. Qu’est-ce que je veux vivre cette fois-ci ? Est-ce que c’était clair pour toi, Fille ? Il y a autant de désirs et de manières d’accoucher qu’il y a de mamans. Mais ici, c’est mon point de vue que je vais te partager. Je n’essaierai pas de te convaincre de quoi que ce soit. C’est ton corps et ton accouchement t’appartient. Mais je vais t’expliquer ma vision des choses car j’ai l’impression d’être à contre-courant de la nouvelle mode en matière de naissance.
Je vais être honnête, je ne comprends pas du tout cette nouvelle tendance à vouloir accoucher naturellement. Ce n’est tellement pas un défi que je souhaite relever. Pourquoi voudrais-je traverser une douleur intense pendant des heures alors qu’il existe des moyens de me soulager entièrement ? Cette souffrance n’est pas un passage obligatoire sous prétexte que c’est naturel. D’ailleurs, si le naturel faisait loi, il y en a pas mal qui auraient une méchante repousse de cheveux et des jambes poilues. Pourquoi est-il acceptable de s’infliger le supplice de l’épilation des poils naturels esthétiquement indésirables, mais qu’il ne serait pas éthique de se soulager de la douleur naturelle de l’accouchement ? Quand est-ce que le fait que ce soit naturel prend le dessus sur toutes autres considérations ?
On dit aussi que l’accouchement n’est pas une maladie ou une blessure… Mais c’est une expérience de vie qui fait mal en chien ! Et je te dirais que la fille qui a déchiré au quatrième degré ne doit pas tout à fait être en accord avec ce fait quand elle doit aller faire son premier caca post-accouchement avec l’anus fraîchement recousu. L’accouchement peut être très difficile pour le corps et je ne parle même pas de la césarienne ! Alors moi, je ne dis pas non à un anti-douleur.
Qu’on ne me serve pas non plus l’argument que je serai davantage en symbiose avec mon bébé. Je l’ai construit et porté pendant plus ou moins quarante semaines. Il passera à travers mon vagin avec ou sans médication. Je l’aurai en peau à peau encore gluant de mes substances corporelles dans ses premiers instants de vie. Lui et moi, nous serons en symbiose tout autant que la fille qui a ressenti toute la douleur de ses contractions.
Non, je ne choisis pas l’épidurale par manque d’informations et de préparation. J’ai suivi des cours de yoga prénatal, j’ai appris et pratiqué la poussée physiologique, j’ai lu pendant des heures sur le sujet, j’ai posé une tonne de questions à mon médecin, j’ai apporté un p’tit cd de musique de détente le jour J et j’avais même une accompagnatrice à la naissance à mon premier ! J’ai également eu la chance d’avoir une rencontre d’une heure en privé avec l’anesthésiste quelques semaines avant l’accouchement. Nous avons discuté des problématiques possibles et des recherches actuelles sur l’épidurale. Nous avons parlé de ce qui est prouvé et des mythes également. J’ai choisi de la croire et de me fier sur ses années d’études et de perfectionnement. Je me suis dit qu’elle n’était pas diabolique et qu’elle n’avait pas d’intérêt à me mentir. Alors svp, ne mets pas mon choix sur le dos de l’ignorance…
J’ai choisi l’épidurale car je voulais profiter du moment. Je ne voulais pas survivre à la douleur enfermée dans ma bulle de concentration en tentative d’autohypnose. Je voulais être MOI et avoir toute ma tête. Je voulais être capable de jaser avec mon conjoint joyeusement et d’appeler ma mère pour l’informer des avancements si j’en avais envie. Mais surtout, j’ai choisi l’épidurale car je voulais vivre un accouchement zen et libérée de cette souffrance que je ne supportais plus. Je t’avoue que ma tolérance à la douleur est assez faible. Le petit point de pression exercé entre le pouce et l’index est bien loin de suffire à me soulager. Les massages maladroits de mon conjoint faisaient passer la douleur de 8 à 7,5 sur une échelle de 10. Je ne savais plus comment placer mon corps pour obtenir l’ombre d’un confort malgré tous les trucs et conseils reçus.
L’anesthésiste est arrivée… elle a mis quelques minutes à installer l’aiguille que je n’ai pas regardée. Le soulagement est arrivé en moins de cinq minutes. Une délivrance totale ! Mon humeur est revenue. Mes larmes ont séché. J’ai reconnecté avec mon amoureux que je voulais abattre quelques minutes avant. Je me suis reposée et j’ai dormi ! Mon bébé est né en douze heures. Peut-être qu’il serait né en dix heures sans l’épidurale… Mais je m’en fous… Si j’ai le choix entre souffrir pour sauver deux heures ou attendre son arrivée calme et confortable deux heures de plus, le choix est clair pour moi.
Ceci dit, la manière dont tu décides de vivre ton accouchement t’appartient totalement. Tu as envie de tester les limites de ton corps ? Fais-le ! Tu as envie de sentir le moins possible de douleur ? Soulage-toi ! Tu veux accoucher à domicile ? Sors ta pompe et gonfle ta piscine. Personne n’est meilleur qu’une autre pour ça. Aucun accouchement n’est plus réussi pour autant. Ce n’est pas une compétition et le seul critère pour qu’un accouchement soit réussi est que le bébé sorte.
J’ai vécu la césarienne d’urgence sous anesthésie générale à mon premier. Pour nous sauver la vie à tous les deux. J’ai vécu l’avac sous épidurale pour mon second. Pour le troisième qui arrivera sous peu, j’essaie l’avac et je choisis de faire confiance au personnel médical qui m’accompagne. Je peux faire tous ces choix mais au final, on a peu de contrôle sur le déroulement. S’il y a une chose que j’ai comprise, c’est de m’adapter à la situation, de connaître MES limites et de lâcher prise. Advienne que pourra. Peu importe la manière, bébé sortira un point c’est tout et je n’en serai pas moins maman qu’une autre pour autant.
QU’ON M’APPORTE LES DROGUES !
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CATHERINE DE MONTIGNY |
33 thoughts on “Un accouchement naturel, non merci !”