pregnant woman with drug

Grossesse + médicaments = culpabilité

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Assise dans le bureau de ton médecin, en attendant de faire ajuster ta médication parce que ton petit doigt te dit que le mini humain qui pousse depuis quelques jours en toi ne devrait pas consommer les médicaments qui t’aident à gérer quotidiennement ta maladie chronique, ledit médecin se lance dans LA grande discussion. Celle de la cigogne, des choux, du bonheur de la maternité pis des petits désagréments qui se dresseront sur ton chemin un tantinet particulier pour les neuf prochains mois.

Tu te doutais bien que pour fonder une famille, tu devrais passer par là. Mais on s’entend qu’en essayant d’avoir un enfant, on focalise sur l’aspect magique de créer la vie et on garde le moins glamour pour plus tard. Comme arrêter de prendre un remède qui te fait du bien, voire qui est vital.

Alors en sortant de la clinique, tu peux difficilement arrêter de fixer les deux listes de médicaments qu’on t’a remises : ceux que tu devras arrêter de prendre et les autres qu’il ne faudrait pas te procurer.

Beaucoup d’informations à digérer. Beaucoup de questionnements, de choix à faire et d’anxiété face à ce qui s’en vient. Au-dessus de ta tête plane le nuage gris de la douleur et du congé forcé pour cause de tu-t’endureras-pu-et-sortir-pourrait-être-dangereux. Mais aussi une lueur d’espoir, une faible probabilité d’une possibilité que peut-être, tes super hormones de grossesse vont jouer en ta faveur et ça ira pas pire le temps que ton petit oiseau quitte son nid douillet.

Think positive que tu te dis. Tu mets tes pilules de côté et tu y vas à grands coups de thé vert et de bains chauds quand ton grand mal revient. Bien sûr, ça dure un temps, mais la magie ça existe juste dans les contes de fées…

Alors de retour dans le bureau du médecin, vous évaluez les options. Il existe des solutions qui pourraient t’aider, un peu, peut-être. Des médicaments dont les risques pour ton bébé sont plus faibles que les effets à long terme de ta condition non traitée sur votre système à tous les deux.

Ok, mais plus faibles, ça veut dire quoi ça ? Oui ? Non ? Peut-être ? Arggggg ! Tu te sens coupable. Et tes inquiétudes sont tout à fait normales.

D’un côté, tu as peur que ton bébé naisse avec une malformation, un organe non fonctionnel, une maladie incurable, ou même ne naisse pas du tout. D’un autre, tu es à boutte et tu as l’impression que chaque fois que tu souffres, bébé souffre aussi. Tu rêves d’une grossesse plus joyeuse, tu veux te concentrer pleinement sur ce petit être en formation, garder le moral et être un brin en forme jusqu’à ton accouchement.

Autour de toi, on parle peu de maladies et de médicaments pris durant la grossesse, mais en creusant un peu, tu réalises que c’est moins rare que ça a l’air. Une de tes amies y est allée All in  et a pris tout ce qui était possible de prendre, parce que le ciel lui est tombé sur la tête et dès qu’une grippe, une gastro ou infection quelconque passaient au coin de sa rue, elle l’attrapait.

Une autre a vécu des mois hauts en couleur et s’est sentie comme une p’tite vieille devant son pilulier bien rempli pour combattre le mal de cœur, l’anémie, le diabète, les hémorroïdes, l’acné, le reflux, l’anxiété, et j’en passe.

Quant à ta collègue, sa maladie complexe a dégénéré et elle s’est vue confinée chez elle jusqu’à la fin de son terme, la tête lourde, le cœur gros et le moral à plat.

Loin de moi l’idée de vanter la prise de médicaments durant la grossesse. Je laisse le travail de diagnostic et de médication aux professionnels de la santé. Mais je suis d’avis que tu as fait ce qu’il fallait. Tu as pesé les pour et les contre avec ton médecin et tu as fait le choix de soulager ton esprit, ton corps et le petit être qu’il contient. Tu as fait ce qui était le mieux pour vous deux.

C’est sûr, y’a des journées où tu vas te sentir comme d’la chnoute, où tu vas prier le bon Dieu que ton p’tit soit correct pis tu vas sacrer pour qu’il se dépêche de sortir.

Mais le reste du temps, arrête de te sentir comme une mère indigne, ne pense plus à ton pot de pilules et flatte ta bedaine avec zénitude.

Ces quarante semaines vont ben finir par finir un jour.

Amen.

 

Crédit : Evgeny Atamanenko/Shutterstock.com

Mlle. B

En entrevue, je dis que mon plus grand défaut est d’être perfectionniste. Mais entre toi et moi, à part ma mise en plis, j’aime bien que les choses soient en désordre. Du café sur mon chandail; ben oui, je suis maladroite et je marche trop vite. Du linge et des jouets qui traînent; ça met de la vie dans ma maison. Des dossiers éparpillés sur mon bureau; la preuve que je travaille fort ! Bébé porte des vêtements dépareillés; ça le rend encore plus mignon. La perfection est subjective. Et pour moi, mes imperfections sont presque parfaites.

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